Fyctia
Chapitre 5 - Altaïr
Habilement, je déplaçais mes pions sur l’échiquier. Izak fronça une énième fois des sourcils et rumina en se massant le menton. Avec un dernier regard circonspect, il capitula, les mains levées.
— Décidément, mon maître est bien trop rusé...
— Je suis certain que tu gagneras la prochaine fois.
Il planta son regard dans le mien avec une tête contrite.
— Tu me bassines la même phrase à chaque fin de victoire.
Izak était mon bras droit, il me suivait telle mon ombre. Ses cheveux bruns et ses yeux émeraude lui offraient une apparence candide et celle-ci était amplifiée par ses taches de rousseur. Pourtant, il cachait bien son jeu. Il était celui qui avait pris en chasse Silas.
Il intercepta mon rictus de douleur et se leva prestement.
— Je vais aller te chercher ta médecine, m’informa-t-il en quittant la pièce.
Le calme revint dans la chambre, qui m’avait été attribuée. Avec lenteur, je me levai et me dirigeai vers l’armoire vitrée. Celle-ci m’invitait à me servir grâce à la transparence des vitraux. De nombreux alcools prônaient et je choisis le plus fort d’entre eux. Je bus d’une traite, le breuvage m’incendia la gorge. Je préférais cette douleur à celle infligée par le phénix.
Je me dévêtis et mes yeux parcouraient les cicatrices de mon torse. Trois griffures, inégales, s’étendaient de ma clavicule gauche à mon bassin droit. Les stigmates étincelaient d’une lueur dorée. Parfaitement cicatrisées, elles semblaient ouvertes et vivantes. Peut-être l’étaient-elles.
Les faés sauvages avaient la capacité de maudire leur opposant. S’ils prenaient leur forme animale, une morsure ou griffure signifiait une malédiction. Une marque, presque indélébile, qui demeurerait sur le corps. Heurtant le corps et l’esprit.
Caelia m’avait charcuté le torse lors de la Nuit sans Lune. Une nuitée caractérisée par le versement de sang, le flot de vie du Clan Alpha Nemi. Mon père était à la tête de cette bataille, quelque peu lâche. Et je le talonnais de près.
Je revoyais l’air indomptable sur le visage de Caelia, la rapidité avec laquelle elle avait fondu sur moi, et la déchirure qu’elle avait causée.
La malédiction brisait mon être, malgré les balafres closes, un liquide, couleur miellée possédant autant la texture que la senteur que cet aliment sucré, glissait sur ma peau comme un serpent. Ce fluide libérait une chaleur ardente qui rongeait ma chair à chaque éruption.
Il n’y avait que trois façons de m’affranchir de cet anathème. Je pouvais faire le choix de me lier d'amitié avec le dit faé sauvage. Le calvaire que j’endurais était directement attaché au sentiment haineux du phénix. Lui dérober une plume était la seconde option. Un système bien plus ardu que le premier. Et pour finir, j’avais la possibilité de lui ôter la vie. Sauf que... je voulais qu’elle souffre autant que moi.
Comme me répétait ma mère : “Quelle est la chose la plus difficile pour un animal sauvage ? D’être en cage.”
J’allais reprendre ce principe et l’accentuer. La mettre en cage ne suffirait pas.
Caelia... Tes ailes...
Mon regard dévia de mon reflet et je discernai cette vile créature piquer vers le sol.
Une flèche ? Il était vrai que la Reine avait émis une présence malsaine dans le Royaume. Elle suspectait les démons d’être libres...
— Izak ?
La porte s’ouvrit et il s’inclina avec le médicament entre les doigts. Un petit pot noirâtre.
—Trouve l’archer (il hocha la tête) et tue-le. Je serai le seul à capturer la vie du dernier phénix femelle.
--------
Qu'est-ce que vous pensez d'Altaïr ?
11 commentaires
Marion_B
-
Il y a un an
Yappae
-
Il y a un an
Tanichat
-
Il y a un an
Ria Victory
-
Il y a un an
Suelnna
-
Il y a un an
Yappae
-
Il y a un an
Manon.prn
-
Il y a un an
Yappae
-
Il y a un an