Fyctia

Une servante fit glisser la brosse dans mes cheveux, leur donnant l’effet désiré. Elle y plaça une épingle rehaussée d’un rubis. Une autre choisissait les boucles d’oreilles qui se fondaient le plus avec ma tenue. J’espérais la fin de cette bataille. Cela faisait plusieurs heures qu’elles me pomponnaient. La lune brillait au milieu dû ballet d'étoiles. La réception avait du débuter.

Quand la domestique se décida sur des bijoux blancs, fins et scintillants similaires à mon collier et mes bracelets, je les mis dehors avec un chaleureux remerciement. Elles le méritaient, de vaillantes dames.

Je réajustai l’un des bracelets. Il s’enroulait autour de mon bras pour se jeter sur ma main, telles les branches d’un majestueux arbre.

La tenue qu’Axion m’avait concocté laisser voir de la chair. Énormément de peau. Elle devait reposer sur le principe du drapé Grec féminin : attiser le désir dans une fausse tentative de masquer les endroits les plus érogènes.

Elle était échancrée dans le dos et un léger décolleté permettait au plus curieux d’y loger leurs yeux. Et ce n’était pas tout. La robe dorée était fendue de chaque côté de mes hanches.

Heureusement pour moi, les servantes avaient décidé de relâcher une bonne partie de ma crinière écarlate. Ma chevelure m’enveloppait tel un voile.

Un mouvement dans ma périphérie m’interpella, l’oiseau avait repris conscience et me fixait de son œil sombre. Mon index plana au-dessus de son front, lui octroyant le choix d’interagir ou non. Il y frotta sa calotte, ses parotiques et sa gorge. Contre toute attente, une espèce de ronronnement s’échappa de l’oiseau au pelage ténébreux.

— C’est pour ça que j’ai toujours apprécié les corbeaux, murmurai-je alors que mon doigt chatouillait sa tête, vous êtes si intelligents.

Pour réponse, il croassa en battant des ailes.

— Tu devrais y aller, mon ami. Il est temps pour toi de récupérer ta liberté. J’ai soigné tes blessures.

Il décolla et se posa sur mon épaule. Son œil vif me transmettait de nombreuses informations.

— …. Bien, faisons cela ! Tu peux t’en aller à tout moment, mais si tu veux rester, aucun souci !

Trois ricochets sur la porte et mon oncle l’ouvrit sans mon autorisation. Il se figea et s’exclama :

— Tu es magnifique, ma puce !

Ses bras me plaquèrent à son torse.

— Tu vas gâcher le maquillage...

— Avec ou sans, tu es époustouflante... D’où vient ce corbeau ?

— Un nouvel ami. Je l’emmène avec moi au bal.

— Caelia, non.

***

Les gardes du palais s’échangèrent un regard et marmonnèrent. Mon oncle se retourna vers moi d’une face suppliante.

— Tu portes une cape en fourrure de wendigo et tu oses me parler de provocation ? Juste pour un simple corbeau ? Il mérite le respect, et bien plus que tous ces porcs derrière cette porte.

Le visage des gardes était ancré au sol. L’un d’eux jouait avec ses doigts.

— Ce n’est pas une provocation, je l’ai obtenu lors de la chasse annuelle. Ce n’est pas ma faute si les wendigo ressemble à ses animaux des forêts. Souffla Axion avec une lueur folle dans le regard. Par contre, ton corbeau sera perçu comme une déclaration de mort imminente. Vises-tu quelqu’un en particulier ? S’amusa-t-il à ajouter.

— Moi ? Grand jamais ! Ce n’est pas comme si mon frère avait été assassiné sur le territoire des Dark Night.

Le gardien, nerveux, frémit et mon oncle anéantit le sourire qui se dévoilait sur ses lèvres.

— Dites-moi ? Oui, vous ? Qu’en pensez-vous ?

Les sentinelles blanchirent et le corbeau secoua la tête, l’air d’en rire. Je portai l’éventail à mon visage pour ne révéler que mes yeux aux gardes, j’attrapai le bras de mon oncle et leur fis un signe. La porte s’ouvrit lentement et le héraut s’écrit d’une voix cristalline :

— Chef Axion, et héritière Caelia, tous deux du Clan Alpha Nemi.

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J'imagine même pas la réaction des autres invités....