Fyctia
Chapitre 1 - Caelia
Je fixais le plafond de ma chambre. Un vide m’enveloppait et je me sentais proche d’un précipice. Les réminiscences martelaient mon cerveau et je mordis ma lèvre inférieure. Je détestais ces misérables faés. Ils étaient si...si répugnants. Je frappai mon oreiller avec un râle de colère. J’étais moi aussi une faé... Mais je haïssais le fait que les humains puissent nous regrouper tous dans le même terme. Il y avait de multiples clans, querelles et alliances entre les faés.
Je posai mes pieds au sol et la pulpe de mes doigts palpa ma gorge. Grâce à mon frère, j’avais frôlé la mort et elle ne l’avait pas manqué.
Il était mort.
Une goutte de sang s’écrasa sur ma jambe nue. Mes canines supérieures s’étaient enfoncées dans ma lèvre. Ma rancœur bouillonnait dans mes veines.
— Caelia ?
La voix de mon petit frère ricocha derrière la porte. Son rythme cardiaque filait à toute allure et des larmes picotaient mes yeux. Je tendis la main vers la porte et il l’ouvrit à la volée se jetant dans mes bras. Son visage poupin et baigné de pleurs s’enfonça dans ma poitrine et je l’étreignis de toutes mes forces. Je voulais qu’il sente ma présence, même si notre grand frère avait laissé un gouffre.
— Luell... Tout va bien... Même si Silas n’est plus. Je suis là, d’accord ?
Le garçonnet opina et resserra sa prise. Après de longues minutes, il finit par s’endormir. Je déposai un baiser sur sa tête blonde et lui glissai entre les mains une peluche. Je passai devant le miroir et mon regard arpenta mes bandages. J’allais les tuer, le tuer.
Avec une certaine agressivité, j’arrachai mes vêtements et déboulai sous ma douche. Le jet brûlant augmentait ma hargne. Mon poing s’abattit sur le mur faisant dégringoler des objets. Je sursautai et épiai la porte, avais-je réveillé mon petit frère ? Je tendis l’oreille dans l’espoir que ce ne soit pas le cas. Luell dormait à poings fermés.
Je sortis de ma douche et m’habillai d’un débardeur et d’un short, une fois ma lingerie et mes bandages enfilés. Mes pieds foulaient le sol à grandes enjambées, je savais que le conseil avait lieu. Il devait avoir lieu. L’un des nôtres était mort. Vilement attaqué par le Clan des San Emie, un clan de faé qui buvait du sang. Les humains les nommaient “vampire”. Un terme dénigrant qui leur allait parfaitement.
Les différents clans étaient sous la coupe de la Reine faé, Anaxarete. Une femme à la chevelure argentée et au teint de bronze. Ses iris perçaient les ténèbres d’une lueur rose, presque écarlate. Elle régnait en maitre sur les six clans et maintenait l’équilibre avec les humains.
Mon clan, Alpha Nemi, était l'un des plus importants et des plus puissants. Nous étions en constante rivalité avec les San Emie. La Reine nous avait ordonné de cesser nos disputes, mais les San Emie transgressaient les règles et nos territoires. Ils volaient nos proies et notre sang, car “plus comestibles”.
Je les abhorrais déjà, le meurtre de mon frère fut la goutte de trop. Le débordement du vase. Je me souvenais de son regard orgueilleux, de son sourire arrogant, de son visage maquillé du sang de Silas.
Altaïr. Tu allais le payer.
J’enfonçai la porte du conseil ignorant les remontrances des gardes postés à l’entrée. Les visages pivotèrent vers moi et un soupir résonna au bout de la table. Mon oncle enfouit son visage dans ses mains. Et je pris le temps de renifler l’odeur du vieux bois de la pièce. Celle-ci était fraiche et contrastait avec l’atmosphère poisseuse de la forêt tropicale où nous demeurions.
— Caelia ? Que veux-tu ?
— La mort des San Emie ? Mais si je dis ça, ce serait trop, n’est-ce pas ? (Des crocs apparurent sur le visage de certains.) Je dirai seulement, la tête d’Altaïr. Le fils du chef de ce clan maudit.
— Non. La Reine Anaxarete a raison. Nous devons cesser-
— Il a tué mon frère et je devrais lui sourire en retour ? Quelle blague. Je veux sa tête et je l’aurais, avec ou sans votre aide.
— Ça suffit ! Pesta une femme. Caelia, je comprends ta peine, mais-
— Ta famille possède toutes ses têtes. Les miennes ont été décapitées et ils ont pissé sur leurs tombes. Tu ne comprends donc pas ma colère.
Ma réponse apporta un silence de mort. Certains détournaient le regard. Mon père et ma mère avaient succombé face aux buveurs de sang. Mon père était le chef des Alpha Nemi et mon oncle avait repris le commandement suite à la mort de son frère. Contre toute attente, je ne cherchais pas la couronne de mon oncle. Non, je me fichais de diriger ce clan. Je voulais juste la mort des sangsues.
— Nous pouvons demander de l’aide à la Reine-
— La Reine Anaxarete a été claire, elle veut que nous déposions les armes, mais elle a aussi dit que c’était notre problème. Je réglerai le problème en butant l’héritier.
Mon sourire carnassier fit rire certains hommes de la salle. Ils connaissaient mon potentiel et la folie qui pouvait m’habiter. Il suffisait de me donner une chance, juste une, et je mettrai en charpie cet insolent. Mon oncle, Axion, poussa un nouveau soupir.
— Écoute, la Reine nous convie à une réunion stratégique car des menaces bordent nos frontières. (Je penchai la tête au mot menaces.) Accompagne-moi, si tu as la chance de l’abattre, prends-la. Dans le cas contraire, je ne t’aiderai pas.
Je me retins de sauter de joie alors qu’un mécontentement émergea du reste du conseil. N’ayant plus aucun intérêt, je quittai la pièce avec une révérence.
10 commentaires
Marion_B
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Il y a un an
Yappae
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Il y a un an
cedemro
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Il y a un an
E.N. Scuro
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Il y a un an