Lys Cendre A quatre mains Grand départ !

Grand départ !

Dimanche 1er Décembre, 6h00


Le réveil sonne. Ça y est, c'est le jour du grand départ. Excitée comme une puce, j'avais été bien incapable de fermer l'œil. Ma valise déjà prête, m'attends près de la porte. Sans perdre une seconde, j'attrape les vêtements sélectionnés avec la soin la veille pour me précipiter dans la douche. Propre, maquillée et habillée, thermos de café dans une main, je prends quelques instants pour m'observer dans le miroir qui trône sur le mur du salon. Sweat à l'effigie d'un groupe de métal oublié, jean noir troué par endroit, boots et bijoux en nombre. Bagues, colliers, boucles pendantes et piercing. Est-ce trop ? Ou au contraire pas assez ? Vais-je coller à l'image qu'elle se fait de moi ? Tant de questions auxquelles je ne peux m'empêcher de penser. Peut-être devrai-je me changer ? Il me reste du temps avant le train.


— Tiens, tu as délaissé le look vampire girl pour celui de métalleuse ?


La voix encore endormie de Camille, mon coloc/meilleur ami interrompt le flot de questions qui me traverse. Un sourire crispé collé aux lèvres, je me tourne vers lui.


— Ça ira tu crois ?

— Fiona, tout est parfait, comme je te l'ai dis mille fois ces quatre dernières semaines. De quoi tu as peur ? Si elle avait dû fuir elle l'aurait fait à la lecture de ta première histoire.


Son ton rieur me détend à peine. Mais il n'a pas tord sur ce point, si elle a survécu à la lecture de cette sombre histoire de guerre, de magie maudite et d'elfes fous, elle ne se formalisera pas de mon look. Je décide d'enfouir mes craintes dans un coin de ma tête. Il sera toujours temps de paniquer dans six heures lorsque mon train arrivera à destination !


Une grande respiration plus tard, je suis enfin prête à partir pour un mois fou.


Gimli sous le bras, mon gros chat roux à poils long, la valise à mes pieds, sac à dos sur l'épaule, je quitte enfin l'appartement. Camille s'étant gentiment proposé pour me conduire jusqu'à la gare malgré l'heure plus que matinale, je m'installe côté passager dans la voiture que nous partageons. Le trajet jusqu'à la gare me semble interminable, pourtant nous y sommes en quinze minutes à peine.


Il fait encore nuit, et seuls quelques courageux, comme moi, profitent des dernières minutes de chaleur d'une voiture encore chaude avant d'affronter le froid mordant du début d'hiver. Le regard rivé sur l'arche d'entrée du grand hall, j'essaie de rassembler mon courage.


— C'est la première fois que je te vois aussi angoissée à l'idée de rencontrer quelqu'un, remarque Camille. Qu'est-ce qu'elle a de différent ?

— Je sais pas, soufflé-je. C'est la première fois que je rencontre quelqu'un lié à l'écriture. C'est tellement important pour moi que ça doit jouer. Ça fait tellement longtemps que je cherche quelqu'un avec la même passion, pour échanger, discuter et s'encourager. Maintenant que je l'ai, j'ai si peur de tout gâcher.


Il me sourit.


— Si ça se passe mal tu m'appelles, j'arriverai avec une pelle.

— Pourquoi une pelle ? M'étonné-je.


Il hausse un sourcils plus qu'équivoque qui fait rire. Je lui tape sans force dans l'épaule avant d'ouvrir la portière.


— On n'aura pas besoin d'en arriver à la pelle je pense. J'y vais avant de rater mon train.

— Tout va bien se passer, me devance-t-il. Vas-y et donne-moi des nouvelles.

— Promis !


Après un dernier sourire peu rassuré, j'attrape mes affaires, la caisse du chat et me dirige vers le quai où m'attends déjà le train. Une fois assise à l'intérieur, plus de retour possible. La tête contre la vitre, je contemple la nuit qui s'éclaircie un peu plus à chaque instant. Je me lance enfin dans ce projet un peu à plusieurs centaines de kilomètres de chez moi sans filet de sécurité. On va se rencontrer pour la première fois IRL et cohabiter pendant un mois complet avec l'objectif d'écrire une histoire mêlant nos deux styles.


J'ai beau connaître Ambre depuis plusieurs semaines, ce n'est pas forcément suffisant pour savoir si nous allons pouvoir nous entendre assez pour ça. On se parle quasi quotidiennement, nous échangeons nos manuscrits, on s'appelle au moins une fois par semaine pour écrire ensemble. Mais tout ça, c'est très différent d'habiter ensemble.


Avec Camille, il nous a fallu plusieurs mois d'adaptations avant de s'habituer aux petites manies de l'autre, et pourtant nous nous connaissons depuis toujours ! Alors renouveler l'expérience avec une presque inconnue ? Il y a de quoi s'inquiéter !


Je soupire sous l'œil interrogatif de Gimli. Au moins, je ne suis pas complètement seule. Mon vieux chat borgne, fidèle compagnon d'écriture, m'accompagne. A peine cinq ans et pourtant déjà aussi pépère qu'un ancien.


Je décide de convertir mon temps en mots, tapant avec vitesse sur mon clavier. Portée par l'histoire, j'en oublie mes angoisses. Aux côtés de mes personnages, je vis mille et une vies. Chevaleresse, sorcière, reine. Elfe, démon ou simple humaine. Du métal à fond dans les oreilles, j'écris de sombre histoire d'amour, de guerre et de trahison. D'une prophétie sombre et maudite au destin d'une reine bannie. Je n'ai jamais de quoi m'ennuyer. Il y a toujours une nouvelle histoire à raconter.



Ainsi plongée dans ces mondes, je ne vois pas le temps passer. La voix grésillant de la SNCF me fais sursauter. Mon train arrive enfin à destination. J'ai à peine le temps de rassembler mes affaires qu'on commence déjà à apercevoir les quais. Une notification me confirme qu'Ambre m'y attend déjà. Son message, bien qu'énigmatique, fait grimper l'excitation.


Tu me reconnaîtras sans mal 😉


— Allez on va, soit courageux surtout, murmuré-je au chat endormi plus pour me donner de la force qu'autre chose.


Les portes s'ouvrent lentement, la foule se presse pour descendre, respirer le bon air de la montagne. Je fais partie des dernières à descendre du wagon, et déjà sur le bord se presse un tas de gens pressés. Je balaye les lieux du regard à la recherche d'Ambre.


Je ne mets pas longtemps à comprendre ce qu'elle a voulu dire. A quelques mètres de moi, debout sur un banc pour mieux dominer la masse humaine, une brune d'environ mon âge vêtue dans un style très cottage core, jupe, gros pull en laine, bottines marrons et béret sur la tête, avec dans les bras un immense dragon en peluche et une moue concentrée sur le visage.


Et là, toute mon angoisse disparaît. Elle est exactement ce à quoi je m'attendais. Je ne peux m'empêcher de sourire en la voyant.


Pour la première fois j'allais passer un Noël parfait.

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4 commentaires

AyleEme

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Il y a 6 jours

Bon début de concours à toi 😊🎄 Si un échange de lecture pour se soutenir t’intéresse n’hésite pas à me le faire savoir 🥰

Elisa Daven

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Il y a 7 jours

Bienvenue dans le concours ! Un petit like de soutien 😊

Vana Aim

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Il y a 7 jours

Petit like de soutien, pour te souhaiter la bienvenue 😉

loup pourpre

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Il y a 7 jours

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