Fyctia

Après un long discours mêlant anecdotes poignantes et réflexions sur le métier, la conférence s’acheva finalement sur des mots d’encouragement inspirants prononcés par l’Amiral ; il termina, fidèle à lui-même et à sa stature patriotique et politique, par un sonore "God Bless America!," qui résonna avec force dans la petite salle. Un tonnerre d’applaudissements vint conclure son récit ; chaque claque de mains semblait faire écho avec une intensité chargée d’admiration et de respect.

Les invités se levèrent et se précipitèrent vers la table où Edmund Clark s’apprêtait à signer son livre, ou plutôt ses mémoires. Pendant ce temps, je remettais les chaises en place, puis rejoignis Hélène, qui arborait un énorme sourire.

— Cela s’est bien passé, je suis soulagée ! Encore merci pour tout le travail que tu as accompli depuis ce matin, dit-elle en posant une main sur mon épaule en signe de reconnaissance. Tu peux partir quand tu veux, et demain, prends ton après-midi !

— Oh, Hélène merci beaucoup mais ...

Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase qu’une personne nous interrompit pour demander des informations à ma collègue. Les laissant discuter, je remarquai que l’Amiral me cherchait des yeux. Oups, j’étais censée l’aider avec les livres !

Je marchai rapidement vers son stand, m’excusant auprès des personnes que je bousculais, avant de me rendre à ses côtés.

— Amiral, le saluai-je. Veuillez pardonner mon retard, j’étais avec Hélène. Dis-je simplement.

— Ah, dit-il simplement. Ce n’est rien, et, appelez-moi Edmund. Je voulais vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour moi. La conférence fut incroyable.

Je lui souris, puis me mis à l’aider. Mon travail consistait simplement à prendre les livres dédicacés, les glisser dans un tote-bag accompagné de quelques goodies, et les remettre aux lecteurs.

Il y avait beaucoup de monde, mais ce n’était rien d’insurmontable. De nombreux hommes, âgés d’une cinquantaine d’années, restaient longtemps avec lui, partageant leurs propres expériences. C’était très touchant d’entendre tous ces récits. Finalement, je me sentais bien auprès d’eux. C’était comme si j’étais connectée à mon oncle, comme s’il était présent dans la pièce. Qui sait, peut-être que tout le monde ici le connaissait. Je préférai ne rien dire et continuai à leur donner les sacs en tissu tout en leur disant au revoir.

Puis vint le tour de Glenn et Milo. Les deux jeunes hommes me lancèrent un clin d’œil en guise de bonjour avant d’adopter une posture très sérieuse face à l’Amiral. Ils lui parlèrent de leur travail et des difficultés qu’ils rencontraient, en particulier sur le plan moral, souvent en dents de scie. Mon oreille traîna, et je ressentis de la peine pour eux. Ils étaient jeunes et devaient partir longtemps, laissant derrière eux des proches. Milo, en particulier, semblait trouver cela extrêmement difficile. Quitter sa famille, et surtout sa mère malade, était un véritable crève-cœur. Mais il n’avait pas le choix : il devait partir pour pouvoir payer les rendez-vous médicaux et les médicaments de sa maman. Il craignait que tout tourne mal, qu’il se blesse ou que sa mère ne s’en sorte pas alors qu’il serait en mer.

Edmund l’écouta attentivement et lui prodigua des conseils. Il fit preuve de bienveillance dans tout ce qu’il proposait, cherchant à le rassurer. Un léger sourire apparut sur mes lèvres ; j’aurais aimé que mon oncle reçoive ce genre de conseils...

Quant à Glenn, il parla de sa détermination, de sa motivation et de son patriotisme. Il ne mâcha pas ses mots sur certains sujets et exprimait un désir ardent que les États-Unis soient fiers de lui. S’engager avait toujours été son rêve. Ses parents n’y croyaient pas vraiment, mais lui, si. Encore une fois, Edmund lui donna de nombreux conseils, notamment celui de ne pas se prendre trop vite pour un héros de guerre, car, je cite : « Tu n’as encore rien vécu, petit. »

J’avoue que j’étais assez satisfaite qu’il le remette un peu à sa place, car Glenn avait tendance à être prétentieux.