Mary_L Sailing into Forever. Chapitre. 4.2

Chapitre. 4.2

- Tu as terminé les allées ? Demanda l’intéressée.


- Oui, si tu veux je peux...


- Viens ! Me coupa-t-elle en prenant mon bras.


Elle m’emmena dans la pièce où la conférence devait se dérouler. C’était une petite salle située au fond du magasin, pouvant accueillir une trentaine de personnes tout au plus. Un pupitre était installé devant les rangées de chaises, et, à l’arrière, un espace était prévu pour la séance de dédicaces.


- Il faut que tu m’aides pour les affiches. Dit-elle.


Sur la table étaient disposés les cartons de livres destinés à l’auteur ainsi qu’une gigantesque affiche à fixer derrière la table pour les photos. Nous nous mîmes alors au travail. Hélène et moi formions une bonne équipe, nous étions efficaces et collaborions bien ensemble. L’affiche fut installée du premier coup, et je pris du recul pour voir qui allait venir ce soir. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je reconnus l’Amiral Edmund Clark.


Je l’avais vu plusieurs fois à la télévision, et mon oncle ne cessait de parler de lui. En effet, il avait participé à de nombreuses cérémonies, où il se faisait décorer et côtoyait le gratin.


D’ailleurs, son rêve était de faire partie de ce gratin... Mais ce n’était pas celui de ma tante, Josie. John avait tout fait pour elle et pour mes cousins, Alexander et Bradley. Il avait gravi les échelons très rapidement, mais n’avait jamais reçu de reconnaissance concrète de la part de la Navy, malgré ses nombreux services et les OPEX où il partait pour des missions de six mois à un an dans des endroits très dangereux. Cela l’avait beaucoup affecté, et il était tombé dans l’alcool. Malheureusement, personne n’avait réussi à le sauver. Depuis son enterrement, je n’ai plus revu ma tante, Alex et Brad, ce que je trouve dommage. D’un côté, je les comprends. Mes parents avaient été profondément choqués d’apprendre son décès, surtout mon père, qui avait perdu son seul frère. Cependant, il n’avait rien laissé transparaître. Encore aujourd’hui, il a du mal à en parler, ou même à prononcer son prénom. Une sorte d’omerta semblait entourer cette tragédie.


Revoir le visage de l’Amiral me fit hérisser les poils et raviva des souvenirs passés avec mon oncle et ma tante. Un léger soupir s’échappa de mes lèvres tandis que je terminais les dernières retouches pour son arrivée. Au fond de moi, je savais que beaucoup de monde serait présent, et pas seulement des civils.


Soudain, mon rythme cardiaque s’accéléra à l’idée de le revoir. Non, c’était impossible...



⚓︎⚓︎⚓︎

Il était dix-neuf heures, et la conférence allait commencer dans quelques secondes. Je savais que je ne finirais certainement pas à l’heure, mais tant pis : je voulais que tout se passe bien et qu’Hélène réussisse avec cet événement un peu... original. Les chaises commencèrent à se remplir. Il y avait des personnes de tous âges, ce qui était surprenant. Les voir ainsi, assis et impatients, me donna une impression étrange. D’un autre côté, le peuple américain est très patriote et adore écouter les récits de ses vétérans.


Hélène me fit signe de m’installer tandis que l’Amiral raclait sa gorge. Il avait une allure à la fois stricte et élégante. Grand, mince, les cheveux coupés courts et blancs, et imberbe, il portait une tenue de cérémonie. Sur sa poitrine gauche étaient épinglées plusieurs médailles. Son regard parcourut la salle avec une expression dure, sans qu’un sourire ne vienne adoucir ses traits. Dans ses mains, il tenait quelques fiches, et, bien sûr, son roman trônait sur le pupitre devant lui.


Je m’installai sur une chaise à gauche de la salle, tandis qu’Hélène prenait place de l’autre côté. Les lumières se tamisèrent, et l’Amiral prit la parole.


— Bonsoir à toutes et à tous, dit-il d’une voix ferme. Je me présente : je suis l’Amiral Clark. J’ai servi pendant plus de trente ans dans la Navy, et je n’en suis pas sorti indemne !


Son ton était autoritaire, témoignant d’une vie passée à diriger des hommes et des femmes. Pourtant, il affichait une posture humble. Je me souvenais de mon oncle qui parlait de lui en des termes très élogieux, affirmant qu’il était le seul à garder les pieds sur terre, sans ambition démesurée pour l’argent ou la notoriété.


Je n’y avais pas vraiment cru. Après tout, qui n’aime pas l’argent ou gravir les échelons ? Mais en le voyant ici, dans une librairie indépendante, parler de son parcours devant une vingtaine de personnes, il était évident qu’il se moquait d’être le centre de l’attention. Sinon, il aurait accepté une interview chez Jimmy Fallon ou ailleurs.


Edmund Clark commença à raconter son enfance près du fleuve Mississippi. Issu d’une famille modeste, il était destiné à reprendre la ferme familiale auprès de ses parents. Mais il rêvait de voyager, de découvrir d’autres cultures. La ferme et la campagne lui pesaient, il ne les supportait que très peu. Un jour, en feuilletant le journal, il tomba sur une annonce pour s’engager dans la Navy. Le salaire proposé le séduisit immédiatement, et il s’engagea sans hésiter. L’argent serait pour sa famille. Il avait commencé au bas de l’échelle, en tant que matelot. Puis, au fil des années, il s’était formé, avait navigué, travaillé sans relâche, gravi les échelons, jusqu’à devenir Amiral.


— Une chose est sûre... continua-t-il. Sans détermination et sang-froid, vous n’y arriverez pas. À un moment donné, dans votre carrière, il faudra vous cloisonner. Dites adieu aux escales arrosées, aux excursions, et aux bars à filles.


Les personnes présentes éclatèrent de rire.


— Votre seul objectif doit être de travailler et d’atteindre l’excellence.


Beaucoup de personnes hochèrent la tête, tandis que d’autres prenaient des notes. Mon regard parcourut la pièce avec curiosité. Certains semblaient être militaires, à en juger par leurs coupes de cheveux et leur style identique.


Soudain, mes yeux s’écarquillèrent lorsqu’ils se posèrent sur un groupe familier. Évidemment, il fallait s’en douter. Un blond, sourire aux lèvres, se tenait aux côtés de ses collègues, qui murmuraient je-ne-sais-quoi. Plus près de ma chaise se trouvait Aidan. Il secoua la tête et donna une petite tape sur la cuisse de Milo, qui s’arrêta immédiatement de rire.


Mon regard resta fixé sur lui, et un frisson me parcourut. Que faisait-il ici ? Ce fut ma première pensée, bien que, rétrospectivement, elle était stupide : il y avait un Amiral de la Navy en face de lui, donc sa présence était tout à fait légitime. Cela dit, quelle coïncidence ! Il ne savait même pas où je travaillais.


Cependant, je sentis plusieurs paires d’yeux braquées sur moi ; c’était une sensation que je ne pouvais ignorer, comme si l’on me fixait. Je n’osai pas tourner la tête pour vérifier, évitant de croiser le regard de ceux assis sur le rang voisin ; néanmoins, je savais pertinemment qui se trouvait là, sans avoir besoin de le confirmer de mes propres yeux.



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5 commentaires

Ally P

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Il y a 2 mois

🫶🥰

Sharleen V.

-

Il y a 2 mois

😊

Anaïs Tehci

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Il y a 2 mois

🥰

Renée Vignal

-

Il y a 2 mois

Petit échange de like ✨️🥰

Alexandra ROCH

-

Il y a 2 mois

💕
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