Fyctia
Chapitre 2
Il semblait grand, avec des cheveux bruns foncés coiffés en arrière, à la Elvis Presley. Il avait des tatouages sur les bras et jouait de la guitare. On voyait des photos de lui sur scène, dans un bar, ou entouré d’amis qui, eux aussi, étaient plutôt mignons. Je remontai pour lire sa biographie.
J’étais sceptique face à sa biographie. Elle ne m’inspirait pas vraiment. Je n’avais pas envie d’être la muse de quelqu’un, encore moins l’héroïne de son histoire... Cependant, ma curiosité l’emporta : je voulais savoir ce qu’il m’avait écrit. Alors, je cliquai rapidement sur le message et commençai à lire.
Je levai les yeux au ciel en soupirant. Il aurait pu faire un effort. Je n’aimais pas particulièrement les pick-up lines aussi... démodées. Cela ne me donnait même pas envie de répondre. Pourtant, je le fis quand même.
Je souris en coin, puis baissai les yeux sur mon téléphone. Il était connecté et venait de lire mon message. Une sensation étrange parcourut mon corps à cet instant précis, encore plus lorsque je vis apparaître les trois petits points… preuve qu’il était en train d’écrire. Que pourrait-il bien me dire ? Allait-il mal prendre le fait que je l’aie traité de lycéen ? Ce qui, bien sûr, était faux. Il avait vingt-quatre ans et jouait dans un groupe de musique. Il était loin d’être un lycéen.
Honnêtement, je m’amusais plutôt bien. Mes yeux balayèrent l’écran et se fixèrent sur le message qui venait d’arriver.
Je n’avais même pas remarqué que je l’avais matché… Son profil m’intéressait, ou plutôt… son physique, et j’ai un peu honte de l’avouer. Mais oui, il m’attirait. Il ne correspondait totalement pas à mon style. Je préférais les personnes aux cheveux clairs et aux yeux lumineux, des personnalités solaires. Lui était tout l’opposé. Il avait des allures de bad boy, et je n’étais pas fan des bad boys. Ni dans les livres, ni dans la réalité. Je détestais l’intrigue bad boy x good girl, où le mystérieux voyou à l’allure de motard tombe amoureux de l’innocente jeune fille, qui ne connaît rien à la vie mais en apprend soudain beaucoup grâce à lui, et non par sa propre évolution.
Je faisais tout pour les éviter, car je savais pertinemment comment cela finirait : par une dispute, avec deux cœurs brisés, et adieu le rêve du prince charmant. Rien qu’à cette pensée, un frisson me parcourut.
Freddie m’envoya un autre message.
Et il me raconta – presque – toute sa vie. Il avait toujours vécu à Hembrooke et détestait l'école. Il était tombé fou amoureux de la guitare à l'âge de dix ans et, depuis, il jouait, composait des musiques pour son groupe, se produisait dans des bars et recherchait une relation sans prise de tête mais néanmoins sérieuse. Il espérait trouver quelqu'un qui l'accompagnerait lors de ses futures tournées, qui soutiendrait sa passion et partagerait sa compagnie. Ah, et il avait été nommé d’après Freddie Mercury, car ses parents étaient de grands fans du groupe Queen. Cela me fit sourire et même rire un peu, car mes propres parents m'avaient nommé d’après la chanson Hey Jude des Beatles, ma mère étant une immense admiratrice.
Au fil de notre discussion, nous découvrîmes de nombreux points communs. Il était presque vingt-deux heures lorsque mon ventre gronda. Surprise, je réalisai que nous avions parlé tout ce temps ! Je me levai alors du canapé pour me préparer des nouilles aux crevettes : rapide, simple et efficace. Une fois prêtes, je retournai m’installer confortablement sur le canapé.
Le Anchor's Pub était le bar le plus réputé de la ville. Situé sur le port, il était décoré de guirlandes lumineuses qui scintillaient de partout. Les tables extérieures étaient des fûts entourés de tabourets, offrant une ambiance décontractée. À l’intérieur, l’espace était un peu plus grand : le bar se trouvait à droite, les toilettes au fond à gauche, et, au centre, trônait la fameuse piste de danse. Juste en face, une scène accueillait de nombreux artistes. J’aimais beaucoup cet endroit, et c’était ici que je venais souvent avec Molly et James. D’ailleurs, je devrais probablement les appeler avant de dormir ou demain matin... tant de choses s’étaient déroulées en une seule soirée.
Quant à ma réponse... je ne savais pas trop quoi dire. D’un côté, j’avais envie d’être honnête et de lui dire que je serais là. D’un autre, je préférais entretenir un certain mystère pour qu’il soit agréablement surpris lorsqu’il me verrait.
Finalement, je choisis la deuxième option.
Après cela, nous nous souhaitâmes une bonne nuit avant de partir nous coucher.
— PARDON ?! cria Molly au téléphone. Ok, comment il s'appelle ? Il est comment ? Beau ? Moche ? Ce soir, on y va, c’est sûr !
Je savais que Molly réagirait de façon... exagérée. Mais c’était son caractère, elle était comme ça. Pour éviter qu’elle ne me hurle une nouvelle fois dans les oreilles, je mis le téléphone sur haut-parleur et le posai sur le plan de travail. Il était neuf heures du matin, et je ne travaillais que l’après-midi. Je me préparai mon petit-déjeuner : des œufs et une tartine à l’avocat. D’habitude, je mangeais des céréales et un fruit, mais depuis peu, j’avais appris à apprécier le salé le matin. Et puis, ça me tenait plus longtemps au ventre.
— Il s’appelle Freddie, il a vingt-cinq ans, il est musicien et il est plutôt… beau. Il a les cheveux foncés et des tatouages sur les bras, dis-je simplement.
— Il faut que tu m’envoies des photos ! s’exclama-t-elle, enthousiaste. Il joue de la musique ? Oh, le rêve ! Et en plus, il fait partie d’un groupe... hâte de voir ses collègues. Elle rit.
— On verra déjà si on y va ce soir, répondis-je en tartinant mon pain de mie d’avocat écrasé.
— Jude. On y va. Ce n’est pas négociable. Il faut que je le rencontre… enfin, que TU le rencontres.
— Si tu le dis…
Nous nous mîmes d’accord sur l’organisation de la soirée.
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