Mary_L Sailing into Forever. Chapitre 3

Chapitre 3

On passerait une belle soirée, je rencontrerais Freddie, et voilà. J’avais hâte, mais en même temps, j’étais anxieuse. Et si Freddie était, en réalité, un vieux Don de cinquante ans avec de mauvaises intentions ? Il fallait que j’en sois sûre.


Après avoir raccroché avec Molly, je me connectai sur Instagram, tapai le nom de son groupe dans la barre de recherche, et mon cœur battit la chamade lorsque je tombai sur leur profil. The Dead Poets, s’appelaient-ils. Ils semblaient actifs, avec de nombreuses publications et une story à la une. Ils avaient plus de 20 000 abonnés. Wouah !


Je cliquai sur leur story, et une photo d’eux s’afficha. Ils étaient au studio, en train de chanter et de jouer. Ils étaient quatre : le batteur, qui avait des allures de métalleux avec un casque sur les oreilles et des baguettes virevoltantes, le guitariste aux cheveux longs, le bassiste aux cheveux très courts, et, tout devant, Freddie, tenant le micro à deux mains.


Je ne connaissais ni leur style de musique, ni leur univers, mais je comptais bien le découvrir...


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Après avoir passé la journée à répondre à des mails et à bouquiner, il était déjà l’heure de dîner. Il était dix-neuf heures, et j’avais passé la journée à réfléchir à comment m’habiller ce soir. Oui, je m’étais finalement décidée à y aller, évidemment accompagnée de mes acolytes de toujours.


Je me dirigeai vers mon frigo et l’ouvris : il n’y avait plus grand-chose. Je soupirai. Il faudrait vraiment que je pense à faire des courses un jour, sinon je finirais par mourir de faim.


Soudain, l’interphone se mit à sonner. Évidemment, ça ne pouvait être qu’eux. Je les laissai entrer et les attendis sur le canapé. J’avais déjà préparé, sur la petite table basse, des verres de vin et une bouteille. Avec Molly et James, nous avions cette tradition : nous accueillir avec notre vin préféré. Parfois, je me demande si ce n’est pas cette habitude qui nous rend un peu trop extravertis… et légèrement zinzins.


Je finis par leur ouvrir, et ils se jetèrent sur moi en me couvrant de câlins et de baisers sur la joue. Ils avaient toujours été aussi tactiles et affectueux. Je les avais rencontrés il y a quelques années, et nous avions immédiatement "matché". Notre énergie, notre vision des choses, notre conception de l’amitié… tout s’était parfaitement emboîté. En un rien de temps, nous étions devenus les meilleurs amis du monde.


Molly faisait des études de mode, avec le rêve de devenir styliste pour les grandes célébrités. Sa passion pour la mode transparaissait dans tout ce qu’elle portait. Elle économisait pour s’offrir les dernières pièces tendance de telle ou telle marque, et elle savait parfaitement accorder les couleurs, superposer les couches de vêtements ou jongler avec les coupes. Elle était, en quelque sorte, un mélange de Miranda Priestly du Diable s’habille en Prada pour son exigence, et d’Andrea Sachs pour son sens du style. Heureusement qu’elle était là pour me conseiller ou, encore mieux, me prêter ses vêtements — surtout ses robes !


Quant à James, il étudiait l’urbanisme pour devenir architecte. Il avait toujours rêvé de construire de magnifiques immeubles, des maisons élégantes et des quartiers attrayants. Ayant grandi avec son père dans un quartier pauvre et mal entretenu, il s’était fixé pour mission d’améliorer l’urbanisme. James était le plus calme de nous trois. Moins excentrique que Molly et moi, il avait un tempérament posé, réservé, et un esprit terre-à-terre. Il savait toujours m’apaiser ou, quand il le fallait, me confronter à la vérité, même si elle était dure à entendre. C’était un observateur et un analyste exceptionnel, et j’aimais cette facette de lui.


En réalité, je les aimais tous les deux, chacun pour ce qu’il était, malgré nos différences. Ils avaient toujours été là pour moi, et j’espérais qu’ils le seraient encore pour longtemps…


— Comment vas-tu t’habiller ce soir ? Tu as une idée ? Moi, je pense qu’une robe près du corps ferait l’affaire ! lança Molly, souriante comme jamais.


— Molly… elle a le droit de porter ce qu’elle veut, répondit James en levant les yeux au ciel.


— Non, mais James, tu ne comprends pas. C’est son premier rencard, elle doit être canon !


— Oui, je suis d’accord, mais il faut qu’elle mette quelque chose de confortable et qui lui plaise !


Je les observai se chamailler encore quelques minutes avant de toussoter pour leur rappeler ma présence. Ils adoraient se taquiner, mais, au fond, ils s’appréciaient profondément. Leur amitié était unique, presque fraternelle. Enfin, presque… Molly ne le voyait pas tout à fait comme ça. Elle espérait secrètement qu’un jour leur relation devienne plus qu’amicale, bien que James, lui, n’en ait pas la moindre idée.


— Bon, asseyons-nous et arrêtez de vous disputer, dis-je en m’installant sur mon canapé. Et pour répondre à ta question, non, je ne sais pas encore comment m’habiller. J’aimerais quelque chose de confortable qui ne fasse pas trop… trop, ajoutai-je finalement.


— Ok, ok, j’ai compris. De toute façon, tu me montreras ta garde-robe ! répondit Molly avec un sourire.


— Bien sûr… dis-je en ouvrant la bouteille de vin. Je les servis chacun à leur tour.


— Ça avance bien, ton projet ? me demanda James, l’air intéressé.


Étonnée par sa question, je le regardai furtivement avant de reposer la bouteille de vin. Oui, c’est vrai, j’avais ce projet qui trottait dans ma tête depuis un certain temps. J’aimerais ouvrir ma propre librairie, avec un coin café-pâtisserie où les clients pourraient prendre un livre, s’asseoir, lire, manger et boire en même temps. Un coin cocooning, un lieu d’évasion, un espace calme où l’imagination pourrait flâner tranquillement.


Je leur en avais déjà parlé plusieurs fois, et ils étaient toujours enthousiastes et me soutenaient à fond. James s’était proposé de dessiner les plans, tandis que Molly m’aiderait avec la décoration. C’était un rêve. Un rêve que je n’étais pas sûre de réaliser un jour. Pour l’instant, je me contentais de recueillir des idées et des inspirations sur Pinterest.


À mon avis, la banque ne prêterait jamais d’argent à une jeune femme de vingt-quatre ans, employée dans une bibliothèque. Mon projet restait donc en stand-by.


J’haussai les épaules, ne sachant quoi répondre.


— Il faut que tu changes de filière si tu veux vraiment le faire, continua James. Parce que si tu veux devenir auto-entrepreneuse, il te faudra un diplôme de commerce et puis…


— Je ne veux pas changer de filière, et je ne pense pas que je pourrai un jour le faire. Je suis une… mauviette qui a peur de tout, le coupai-je, en prenant mon verre entre les mains avant d’en boire une gorgée.


— Mais non, Jude… protesta Molly en passant un bras autour de mes épaules. Il faut que tu y croies, mais vraiment. Je ne te laisserai pas dépérir à la bibliothèque de l’université, ça, c’est certain. Tu veux avoir ton propre commerce ? Ta propre librairie ? Tu y arriveras, conclut-elle avec assurance.

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3 commentaires

maddyyds

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Il y a 2 mois

Des p'tits likes de soutien 🫶🏻✨

Clara Mazurier

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Il y a 2 mois

J'aime bien ses amis, ils ont l'air très Green flags et motivants 💜
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