Fyctia
4.2 CALYPSO
– HAN ! Néréos !
– Calyyy ! Tu sais quoi ! Adriel m’a présenté Poéma ! Notre cousine ! Même qu’elle va jouer pour l’Institut Vandin ! Je l’avais jamais vue !
– Oh m...
Il s’empresse de nous rejoindre, ainsi nous profitons tous les trois d’un câlin familial qui me mets les larmes aux yeux. Ma relation avec Adriel et Néréos est particulièrement forte, c’est avec eux que je vis la majeure partie de l’année. Mon coeur se serre. Maintenant j’ai envie de pleurer et que nous restions juste tous les quatre pour le reste de la journée. Sans toute cette fête autour.
Gideon se réinstalle dans ma tête. Pardon de t’avoir oublié.
– Tu peux te joindre à nous si tu veux, Lyra, l’invite mon frère. Je n’ai pas été assez présent pour toi non plus.
Alors là, c’est le moment où notre fée polaire préférée, complètement désarmée, fait mine de refuser mais finit par céder. Sont-ce les yeux turquoise de mon aîné ou la petite bouille adorable de Néréos et ses yeux couleur soleil qui l’ont fait flancher ? J’ai ma théorie.
Un peu avant midi, les autres participants et moi-même sommes réunis dans une tente, pour nous expliquer l’épreuve à l'écart du public. Les directeurs de toutes les écoles sont présents. L’un d’eux, inconnu au bataillon, commence son discours.
– Bien, maintenant que j’ai votre attention, damoiselles, damoiseaux. Vous vous “affronterez” pour cette première épreuve, dans le cadre d’un relais d’orientation. Chut tcht. S’il vous plaît !
Toutes les écoles ne sont pas aussi disciplinées apparemment. Une élève de l’Académie Iza Agathe papote avec une autre de l’école Beau Desair. Ça, c’est drôle. J’avoue, je ricane toute seule l’espace d’une seconde. Parce que les fondateurs de ces établissements étaient époux. Même si on retiendra surtout Dame Iza Agathe. L’académie qu’elle a fondée est la plus grande jamais construite, c’est une ville au cœur même de la capitale des mages et tout y est enseigné. Le directeur inconnu tousse deux fois.
– Douze équipes de cinq seront réparties dans ce bois. Les premiers commenceront dans cette clairière, les derniers devront boucler la boucle en arrivant ici. Certains d’entre vous se croiseront, ce qui est tout à fait normal. La forêt sera coupée en douze zones, une par équipe, et vous aurez trois points de recharge à trouver par participant. Dans la mesure où vous ne vous perdez pas, vous resterez dans vos zones pour les deux premiers et le dernier point de recharge sera situé entre deux zones.
– Des questions ? demande la directrice de l’école Élémentaire.
Une petite voix timide s’élève dans le silence.
– C'est-à-dire, point de recharge ? demande une jeune fille de l'école Nova.
Des soupirs exaspérés retentissent, les élèves, certains directeurs même, s'agitent.
– Du calme ! Vous vous verrez confier un bâton de relais enchanté, mademoiselle. Lorsqu’il sera posé sur les lieux indiqués comme vos points de recharge sur votre carte, alors il absorbera un peu d’énergie magique. La charge sera complète si vous et votre équipe parvenez à trouver vos quinze lieux.
L’épreuve se met en place. Tout le monde se fait bander les yeux et diriger jusqu’à son point de départ. Pour atteindre mon poste de quatrième du relais, je marche un bon moment et manque de tomber tous les cinq mètres à cause des indications pourries de mon accompagnant. Heureusement que je suis quelqu’un de patient. Puis, bandeau retiré, je suis laissée là avec une carte. Il me faudra suivre les marquages bleus sur les arbres.
Le temps est long, voilà, qu’on se le dise, le temps est long… Je me balance d’une jambe sur l’autre entre deux arbres. Les deux premiers relayeurs n’ont pas l’air de réaliser un record de vitesse. Ça me laisse le loisir d’observer les alentours ou même de regarder dans le blanc des yeux l’automate, en forme d’insecte volant, censé me suivre durant la course… Ai-je déjà dit que la magie runique était fantastique ? Bref ! Je vois enfin arriver mon coéquipier, Matias, un élève de 14 ans. L’uniforme du mage de l’air est déchiré au niveau des genoux, et n’a plus rien de blanc. Pas le temps de se poser plus de questions, je lui prends le relais des mains et fonce droit devant moi !
Cette fois, aucune chance de tomber. Je mets à profit ma magie de la terre pour écarter les branches et les racines qui bloqueraient ma route. Le vent siffle dans mes oreilles, endoloris mes joues alors que le reste de mon corps se réchauffe. La course risque malgré tout d’être compliquée sur la longueur car la pluie n’a pas cessé. C’est même l’inverse. Passées les dix premières minutes de course environ, un premier coup de tonnerre retentit. Fichtre ! Heureusement que mes bottes en caoutchouc sont prêtes à tout. Les deux premiers points de recharge sont bien cachés, mais je pense être dans les temps. En dehors du tonnerre qui gronde de plus en plus fort, je n’ai pas rencontré de difficultés majeures. Un cri résonne au loin. Probablement quelqu’un qui a peur de l’orage. Alors que moi, ça ne me gène pas, j’adore les odeurs qui se mélangent: l’ozone, la terre mouillée, la mousse et la sève. Focus Calypso.
Splotch ! Splotch ! Splotch !
Ma carte et la dernière marque bleue m'indiquaient d’aller par ici. Sauf que je me retrouve nez à nez avec un mur naturel de plus de deux mètres et demi. Ma main s’avance en direction du mur pour le remodeler. Beurk, ce n’est que de la boue froide, ça n’arrange pas mes affaires.
Splotch ! Splotch ! Splotch !
– Eh ! EH !
Décidément, c’est une manie dans cette famille d’arriver dans mon dos ? Sans retirer ma main de l’escarpement, je tourne la tête en direction de ma cousine. Nous avons le même âge mais j’ai toujours trouvé qu’elle avait cet air plus adulte, il y a quelque chose chez cette fille aux yeux de jais, sous sa peau brune, quelque chose d'impressionnant. C’est assez surprenant que l’on se retrouve au même point. Je ne réponds rien. Silence. Une forme de méfiance s’installe, je suis incapable de prédire ce qu’elle me veut car nous ne nous connaissons pas si bien. Il faut dire qu’elle fait partie de la branche pourrie de notre famille que ma Mana, ma grand-mère, a décidé de couper. Enfin pas elle directement, mais son père, donc elle aussi par extension. Je ne connais pas la nature de ses trafics, mais je sais que ce qu’il fait est assez grave pour que mon propre père ait été… disons, très marqué par la période où il y a participé. C’est assez cruel mais je crois que Mana a préféré renier deux de ses fils pour protéger le dernier lorsqu’il a décidé de revenir dans le droit chemin. Malheureusement, mes quatre cousins ont été outils de punition. Privés d’entrer à l’Académie Druidique, privés de l'appui de Malicia Du Lac – ma Mana. Je n’ai donc jamais vu mes cousins en dehors des événements mondains auxquels nous sommes invités et la plupart du temps, les discussions entre nos deux clans sont brèves.
– Bon Poéma, tout va bien ? Tu es blessée ? demandé-je, mi-inquiète mi-suspicieuse.
– Je… Je ne vais pas pouvoir grimper toute seule.
44 commentaires
Caroline Reynaluna
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Il y a 4 mois
WildFlower
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Il y a 4 mois
LiliJane
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Il y a 4 mois
Gottesmann Pascal
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LiliJane
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cedemro
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LiliJane
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Emmy Jolly
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LiliJane
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Il y a 5 mois
oriaé la pluie
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Il y a 5 mois