Fyctia

Il grogne à peine ai-je effleuré sa porte. Je l’entrouvre tout doucement avant de vite la refermer derrière moi.

— Elle veut quoi la minus ? lâche-t-il en soufflant des volutes de fumée dans ma direction.

— Arrête avec ça, Wolf, tu n’as qu' un an de plus que moi, le provoqué-je.

Je me sens portée par une détermination et un aplomb que je ne me connais pas. C’est nouveau et j’aime ça.

— Oh, madame fait sa rebelle. C’est sexy. Viens là, si t’es si grande, petite bombe.

— N’importe quoi. Et c’’est quoi ce nouveau surnom, encore ?

— C’est celui que je te donne dans ma tête depuis que j’ai installé mes quartiers dans cette foutue baraque, Annie.

Il me balance ça sans ciller, sans respirer et d’une traite, et mon cœur, lui, rate un battement.

Bordel, mais qu’est ce qui se passe ce soir ?

J'avance lentement vers lui.

On dirait qu’en une soirée, il est passé du statut d’ennemi public numéro 1 à celui d’attraction la plus excitante du monde.

Putain, mais qu’est-ce que je raconte ?

— Approche, baby dynamite, je ne vais pas te manger.

Il me montre le bout de son lit et je déglutis avant de m’asseoir.

— Tu ne fais plus trop la maligne, hein ?

— Tu sais que s'ils nous trouvent là, ensemble, ils ne comprendront pas. Personne ne comprendra. Enfin, ils imagineront des trucs et…

— Et ? Alors ? me provoque-t-il.

— Je… je ne sais pas, Wolf, on n’a pas vraiment le droit, non ?

— Mais qui dit ça ? Toi ou la société ? T’es pas ma soeur baby doll. T'es rien. Enfin, t'es...

— Il se passe quoi, Wolf, exactement ?

— Il se passe que tu me rends fou, Annie. Depuis le début. T'es la fille la plus énervante de cette putain de ville, la plus rêveuse, chiante, douce, emmerdante et canon, que j’ai jamais rencontrée.

Alors, là, je suis clouée sur place.

Moi, qui ne fait que le faire chier depuis des jours et des jours. Moi, qui ne vis jamais de choses folles, qui ne vis pas vraiment d’ailleurs. Il me dit ça, à moi ?

— Mais tu me détestes ?

— Autant que je t’…

— Non, chut, tais-toi, m'écrié-je.

Il plaque sa main sur ma bouche pour me faire taire. Ma poitrine se soulève à une cadence survoltée.

— Il n’y a que dans mon imagination qu’il se passe des choses comme ça. Je dois être en train de rêver. Ça va être trop dur de se réveiller. Stop, débité-je à toute allure, à voix basse.

— Annie, dans la vraie vie, il peut aussi se passer des trucs cool, tu sais, dit-il en replaçant une boucle brune qui s’est échappée de l'élastique dans mes cheveux.

Mes yeux se remplissent de larmes.

— T’es tellement belle, bordel !

— Et toi, tellement beau.

J’en reviens pas, j’ai dit ça, moi ?

Prise d’une spontanéité et d’une envie folle, je pose ma main sur sa joue et tandis qu’il s’approche de moi, je sens gronder mon rythme cardiaque qui s’emballe.

— Wolf, je crois que moi aussi, je t’...

La fin de ma phrase est aspirée par ses lèvres qui viennent se plaquer sauvagement sur les miennes.

Je réplique aussitôt en enfonçant ma langue dans sa bouche.

L’urgence de notre désir crépite de partout.

La nécessité de vivre n’a jamais été aussi forte.

Je veux vivre putain.

Pas seulement rêver.

Nos regards plongés l’un dans l’autre, on se donne tacitement la permission pour ce qui va suivre.

Mes sens s’éveillent.

Mon corps vibre.

Je palpite.

Je vis.

Enfin.

Ses mains se faufilent partout sur moi, en moi.

Mon cœur s’empare de son âme jumelle.

Sa queue pénètre profondément et pleinement mon intimité.

Son corps prend possession du mien. Mon corps s'empare du sien.

— Annie, ma petite solitaire impitoyable, tu as volé mon cœur.

— Oh Wolf, ma bête féroce et tendre, il est à toi pour toujours.

Je sais à ce moment-là que ma vie n’a jamais été aussi dingue que cette nuit, tandis qu’un orgasme violent et puissant nous propulse haut dans le ciel.