izoubooks Rose Chapitre 1.1 - Charly

Chapitre 1.1 - Charly

25 ans


Il ne me faut que quelques secondes pour repérer le bar à cocktails et les serveurs qui défilent entre les différents groupes d’invités avec des plateaux recouverts de coupes de champagne fraîches. À la vue de l’alcool doré, ma gorge s’assèche et mon coeur palpite. Je sors mes mains tremblantes de mes poches et humidifie discrètement mes lèvres avant d’avancer vers les tables joliment décorées.


Je feins de porter un intérêt quelconque aux petits fours disposés dans de grands plats et secoue la tête distraitement dans la direction d’une amie de mes parents qui m’interpelle lorsqu’elle m’aperçoit puis saisis la coupe qu’on me tend.


Il ne m’en faut pas plus pour oublier la raison de ma présence. Je ne remarque plus la silhouette de mon père quelques mètres plus loin, faisant des poignées de mains et offrant ses sourires hypocrites à tous les hommes d’affaires qui le saluent.


Je porte la coupe à mes lèvres et laisse l’alcool frais pétiller contre ma langue. Il descend le long de mon œsophage et donne à mon corps la force dont il a besoin pour survivre à cette maudite soirée.


Je déteste devoir faire semblant de m’intéresser aux conversations des associés de mon père et encore plus de devoir leur lécher les pompes pour lui faire plaisir. Je me fiche de leurs sociétés à deux francs six sous, des investissements qu’ils prévoient de faire et de la montagne de frics qu’ils récolteront par la suite. Mais je crois que le pire c’est lorsque le père de l’année raconte à qui veut l’entendre que nous sommes si proches que je ne tarderai pas à prendre un poste dans l’entreprise familiale.


Le rictus qu’il arbore quand il prononce ces mots me fout la gerbe. Il le sait très bien. C’est pourquoi il continue à m’infliger ces foutues réceptions. Il veut que je craque et que je lui obéisse.


Comme avant.


Comme quand j’étais trop petit pour lui faire comprendre que je n’étais pas son jouet.


Je serre la mâchoire et baisse les yeux vers ma coupe presque vide. Une gorgée plus tard, il n’y reste plus aucune goutte de champagne. Je la repose sur un coin de table et en attrape une autre, en maudissant mon géniteur et ses punitions.


Mon esprit divague ensuite vers Cooper dont la compagnie aurait rendue cette soirée plus supportable. S’il avait été là, il se serait déjà faufilé pour piquer quelques bouteilles de ce délicieux champagne pour les ajouter à notre collection. Il se justifierait en disant que si on ne peut pas profiter des rares avantages que nous procurent le mode de vie de nos parents, on s’ennuierait à mourir. Je le laisserai faire. Peut-être même que j’en ouvrirais une pour la boire au goulot. Uniquement pour que l’ivresse me fasse oublier ces mondanités et la prison dorée dans laquelle je suis enfermé.


Je sors mon téléphone pour lui envoyer un selfie de mon costume de pingouin et de mon second verre lorsque la désagréable voix de mon père fait vibrer mes oreilles et me glace le sang. Il pose une main sur mon épaule et y exerce une légère pression, m’empêchant de me libérer de son emprise. La mimique sévère qu’il m’adresse remplace le sourire qu’il réserve à tous ceux qui ne sont pas moi.


— Je compte sur toi pour tenir en place, dit-il froidement. Je t’interdis de siffler le champagne comme si c’était un soda bas de gamme et de mater les culs de toutes les filles qui passent près de toi. Débrouille-toi pour qu’on ne te remarque pas. Ne me fais pas honte.


Je sens ma peau chauffer sous son contact, comme si le simple fait d’être proche de lui me faisait prendre feu.


— Tu aurais peut-être dû penser à ça avant de m’obliger à t’accompagner, papa.


Je lui réponds avec ironie, prenant sur moi pour ne pas l’insulter. Faire une scène au milieu de cette réception lui porterait préjudice mais ce serait moi qui en payerais les frais.


Il agit comme s’il ne m’avait pas entendu, estimant sans doute que je n’ai pas mon mot à dire. Après tout, il ne fait que me donner un ordre. Un parmi tant d’autres.


Il libère ensuite mon corps de son poids et recule d’un pas afin de pouvoir me dépasser. Avant de rejoindre l’un de ses associés qui l’attends quelques mètres plus loin, il me lance un dernier regard méprisant.


— Tu penseras aussi à arranger le col de ta chemise, lance-t-il avant de s’éloigner. Même lorsque j’avais cinq ans, j’étais mieux fagoté que toi.


Connard.


A peine a-t-il le dos tourné que je desserre l’abominable cravate qu’il ma forcé à enfiler pour ce soir et défais le premier bouton de ma chemise en prenant bien soin d’en froisser le tissu. Il veut voir à quoi je ressemble lorsque je suis « mal fagoté », et bien, il va être servi !


Une vieille dame vêtue d’une robe de soirée à paillettes passe près de moi au même instant et me juge silencieusement. Je la foudroie du regard et elle détourne les yeux, reprenant sa discussion sans faire le moindre commentaire.


Je jette ensuite un rapide coup d’oeil à ma montre. 20 heures. La première partie de la réception ne devrait pas tarder à se terminer pour laisser sa place au combat.



A suivre ...


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28

28 commentaires

DANYDANI

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Il y a un an

Je n’ai pas encore accroché a cette histoire. Qq pages de plus feront peut-être la différence

multimma

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Il y a un an

🥀🖤

CoralieHossen

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Il y a un an

Chacun son combat...

BStrike

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Il y a un an

Deux personnages écorchés en deux chapitres. À ce stade j’ai envie qu’il se rebelle vraiment Charly : une peau de renard sur les chaussures de son père ou la robe de la vieille dame… punk quoi😀👍

MARY POMME

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Il y a un an

👍😉

Emmy Jolly

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Il y a un an

Charly a l'air de savoir ce qu'il veut et il défie son père. J'aime bien ce perso mais je me demande bien qu'elle est sa véritable passion ?

Donà Alys

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Il y a un an

J’aime beaucoup ta plume. Pour l’instant j’aime beaucoup le caractère des deux perso 😁

Chacha83

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Il y a un an

J'aime beaucoup ... je reviendrai te lire dès que j'ai le temps belle journée

izoubooks

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Il y a un an

merci beaucoup pour vitre passage !

Pauline Priuli

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Il y a un an

J’adore déjà Charly…
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