Fyctia
Chapitre 2.2 - Elion
La mère de Marcus est devant nous, hilare, elle s’accroche au bras de Jacob pour ne pas vaciller. Notre coach nous regarde d’un œil sévère, mais avance sans faire aucune remarque bien que nous sachions tous les deux que ce n’est parti remise. Il n’est pas du genre à laisser passer le fait qu’on aille en soirée la veille d’un entraînement et encore moins que l’un d’entre nous finisse blessé. S’il apprend pour la bagarre, on est mort. La personne qui est arrivée avec eux les suit de près et c’est bien elle qui me pose le plus problème.
Une fois qu’il est hors du viseur de Jacob, Seth se met à rire lui aussi.
- La mère de Marcus est vraiment la copine de Jacob ? C’est mignon.
- La ferme Seth. T’as quel âge exactement ?
Je ne comptais même pas venir à cette soirée alors pourquoi il a fallu que Jacob vienne avec Alessia. Cette fille me rend malade, elle passe chacun de mes entraînements à m’observer avec un regard méprisant depuis son retour il y a une semaine alors qu’on ne s’est jamais adressé la parole. Comme si les choses n’étaient pas assez compliquées comme ça en ce moment.
Seth décide finalement qu’il n’est pas prudent de fumer devant la porte et monte se réfugier dans l’une des chambres. La fenêtre grande ouverte laisse l’air frais s’engouffrer dans la pièce et permet à l’odeur terreuse du cannabis de se faire plus discrète. Seth se penche vers l’extérieur alors que je reste un peu plus en retrait.
– C’est quoi ton problème avec Baby Al ? J’ai vu comment tu as paniqué en la voyant.
Baby Al ? Il ne se souvenait même pas de son prénom jusqu’à maintenant.
– Tu lui donnes des petits surnoms maintenant ? Pitié dis-moi que tu ne comptes pas la mettre dans ton lit elle aussi.
Quoi que je préfère encore que ça soit lui plutôt que Marcus.
– T’es malade ? C’est la fille de Jacob, je tiens à la vie. Et le surnom c’est pas le mien, c’est Joe qui l’appelle comme ça.
Le fils de Jacob a quelques années de plus que nous, il vient rarement au club depuis le départ de sa sœur, mais quand c’est le cas, il est plutôt sympathique.Je sais que Jacob regrette qu’aucun de ses enfants ne s’entraîne avec nous, pendant des années Alessia venait, mais un tout petit ko a suffi à ce qu’elle décide d’arrêter la boxe. Heureusement qu’on n’est pas tous comme elle, sinon ça serait la fin de ce sport.
Marcus nous rejoint dans la chambre, il se met assis sur le lit à côté de moi. Le sourire enchanté sur ses lèvres ne semble pas vouloir s’effacer, il plane sur un nuage qui est très loin de celui sur lequel nous avons l’habitude d’être : l’amour contre la frénésie de la victoire et l’adrénaline. Je sens qu’il a envie de nous en parler, mais j’ai déjà croisé Eva et je ne sais pas quoi demander de plus sur elle. Je tente donc de faire des signes à Seth pour qu’il pose des questions à ma place. Il passe un court instant à me dévisager, mais au bout de quelques secondes, je vois une étincelle de compréhension dans son regard et son sourire me confirme qu’il a compris.
– Alors Marcus, il paraît que tu as réussi à conclure ce soir ?
– Attends, il faut l’appeler Marcucus maintenant. C’est son nouveau surnom.
Même nos moqueries ne peuvent rien contre sa bonne humeur, au moins on est certains qu’il a vraiment passé un bon moment.
– En fait, Eva et moi ça fait quelques semaines qu’on se voit, mais pour l’instant,on préfère ne pas trop ébruiter notre relation. Pour profiter du début tranquillement.
C’est un peu trop tard pour ça, mais j’imagine qu’il ne veut surtout pas en parler à sa mère pour l’instant, elle est hyper-protectrice avec lui, elle en ferait sûrement toute une histoire.
– Et vous les gars, c’est quand que vous vous posez ?
Même pas encore vraiment en couple et voilà qu’il veut déjà jouer les cupidons pour ses amis, ça lui ressemble bien.
– J’épouserai Elion, c’est l’homme de ma vie. Les filles, c’est juste pour m’amuser en attendant qu’il remarque enfin tout mon potentiel.
– Et moi, je le remarque déjà, c’est pour ça que je ne vois personne.
En réalité, ça m’arrive de voir des filles en dehors des périodes où l’entraînement est très intensif, mais je n’ai jamais vraiment eu de coup de cœur pour l’une d’entre elle. Elles finissent toutes par me paraître fades au bout de quelques semaines alors je préfère m’abstenir de m’engager dans une nouvelle relation plutôt que de faire souffrir quelqu’un à nouveau.
On continue en discutant de ce à quoi ressemblerait nos enfants, les babys Setion, quand Alessia apparaît devant la porte. Tout à l’heure, absorbé par le choc que m’avait provoqué sa présence, je n’avais pas pris le temps de l’observer correctement, mais je le peux maintenant. Elle porte un jean et un t-shirt blanc, très basique en comparaison de toutes les filles de la soirée qui ont sorti leurs meilleures tenues pour l’occasion. Ses cheveux blonds descendent en cascade jusqu’à ses hanches alors qu’elle avait encore un carré dans le dernier souvenir que j’ai d’elle. Ses yeux verts, qui me dévisagent, sont la seule chose qui n’a pas changé chez elle en six ans, ça et son air de mademoiselle-je-sais-tout.
– On cherche qui a perdu ses…
Elle regarde mes pieds nus d’un air dépité. Merde, elle va penser que je suis débile.
– Une fille a vomi dessus tout à l’heure et j’avais besoin de voir Seth.
– J’avais remarqué oui. On les a lavés, tu veux les récupérer mouillés ?
Mes amis, qui trouvent toujours des conneries à dire, se taisent pour une fois. Elle a toujours cette même manière de me regarder, comme si un seul de mes mouvements pouvait provoquer une explosion. Je déteste ça.
– Il y a une autre option ?
Ma question a l’air idiote, car elle soupire, elle a autant envie que moi d’avoir cette conversation visiblement.
– Alice a un sèche-cheveux dont on pourrait se servir pour les sécher.
C’est comme ça que Baby Al et moi, nous retrouvons dans une salle de bain à mettre de l’air tiède sur mes chaussures. Le silence dans la pièce est étrange, nous devrions pourtant avoir assez de points communs pour savoir quoi se dire.
– Je les adore en plus.
– Tu es du genre à abandonner les choses que tu adores devant la porte ?
Je ne peux pas lui dire la vérité parce que je suis sûre qu’elle irait tout raconter à son père alors je me contente de lever les épaules.
– C’est de famille, j’imagine.
Elle ne sait pas à quel point ses paroles sont tranchantes. Elle évoque le départ de mon frère du club qui lui avait tout apporté sans savoir que la réalité derrière ça est beaucoup plus sombre. Elle se dit que je vais m’en aller moi aussi et que c’est pour ça que je ne fais plus d’effort. Et puis merde, elle aussi elle est partie.
- Ton père doit connaître ça aussi.
Je quitte la pièce, la porte se claque si fort que les gens à l’autre bout du couloir se retournent pour voir ce qu’il se passe. Au moins, les choses sont claires maintenant.
23 commentaires
Alyah C. Relautte
-
Il y a un an
Debbie Chapiro
-
Il y a un an
IrisLou
-
Il y a un an
Chaos Ipa
-
Il y a un an
Rachelle E. Brigid
-
Il y a un an
emmawritesbooks
-
Il y a un an
meline g
-
Il y a un an
Nekobook
-
Il y a un an
Sophie.Philippe
-
Il y a un an
Kate A Brennam
-
Il y a un an