Fyctia
Premye Etap
— Pour rien, juste son parfum. Il est agréable. Mais sinon, resurgis-je avec un enthousiasme bas de gamme, on peut savoir de quoi tu voulais me parler ? Je suis pressée, je dois filer. J’étais accompagnée.
— Ton amie du train ?
— Ce ne sont pas tes affaires. Maintenant je t’écoute.
Surpris par mon attitude, il se redresse et me fixe intensément, d’un regard inquisiteur, puis allonge sa lèvre inférieure, une fois les lueurs dans ses iris éteintes. C’est la même qu’à l’époque, lorsqu’il se perdait dans ses pensées le soir, les mains appuyées sur le garde-corps en fer forgé de la petite terrasse de cet appartement où nous vivions avant… son départ. Je ne savais pas l’interpréter à ce moment-là. Je me disais que comme la plupart des parents, il s’oubliait dans la planification de l’avenir de sa famille… comme j’avais tort. C’est juste la moue d’un homme blessé dans son égo. Ce capitaliste qui s’exaspère de ne pas voir les choses rouler selon ses souhaits et de perdre son temps en des lieux qui décuplent son ennui par mille.
Mais il ne perd rien pour attendre, je vais lui en donner moi, des raisons de faire sa mine de chien battu.
— Tu comptes nous éviter pendant deux mois ? Je te rappelle que tu es là pour assister à mon mariage. Y prendre part aussi. Ça ne se fera pas de ta chambre, il me semble.
Je soupire, fatiguée d’avance, de plus en plus déçue surtout. Et pour ne pas manquer à ma nouvelle mission, je roule des yeux, piaffe et claque la langue.
— J’en ai que faire de ton mariage à la con. Je suis ici, uniquement pour ces fichues réponses.
J’ai finalement décider de ne pas lui révéler ce que je sais déjà. Pas besoin de confrontation, je vais frapper à l’improviste, là où il faut, après l’avoir décelé, pour être certaine que ça fasse bien mal.
— Réponses que tu n’obtiendras qu’en tenant ta part du deal.
Pourquoi ne suis-je même pas étonnée ?
— Sympa, on fait chanter saprogéniture. Mais après tout, le suis-je vraiment ? me moqué-je fin des fins de ma propre personne.
Rien de nouveau sous le soleil, constaté-je quand offusqué ––seulement en apparence––, il requiert sans autorisation de ma part, mon attention sur son regard froncé.
— Qu’a-t-il ? Est-ce que moi ou quelqu’un d’autre de la maison a fait une chose, qui t’a mis en colère ? Pourquoi m’agresses-tu de la sorte, tout à coup ? Je ne comprends pas. Ce n’est pas ton genre de te comporter de la sorte. Je connais ta mère…
— Parle pas de ma mère ! Ni de moi d’ailleurs, tu ne sais rien de nous. Et maintenant, si tu n’as rien d’autre à dire, demande à ton chauffeur de se poser. Je veux descendre, ça commence à empester l’horreur ici.
Il brasse de l’air dans un premier temps. Ses cils en émoi suivent ce mouvement de près, puis il se repositionne contre son siège, sinistrement affublé d’une moue boudeuse aux lèvres et d’un éclat de chagrin dans l’œil. Tant mieux, comme ça il goûte un peu à sa propre cuisine. Et ça ne fait que commencer.
— Ok, psalmodie ce dernier après avoir inhalé profondément. Je veux… enfin, je souhaite que tu m’accordes une danse le jour de mon mariage. Après celle avec Tiphaine, et elle sera toute aussi officielle
J’ai peur d’être en train de rire de bon cœur sur ces paroles. Cela voudrait dire que je commence sincèrement à dérailler parce qu’une monstrueuse envie de pleurer, m’acidule les intestins et supplicie ma trachée. Il est vraiment décidé à m’humilier, c’est un fait. Autrement, il ne serait pas en train de me faire une telle demande —si tant qu’on puisse l’appeler ainsi, mais j’en doute.
— Plus la peine de jouer les diplomates avec moi Billy. Tu peux le dire, c’est un ordre, et il n’est valable que si je veux te soutirer le moindre mot sur les raisons qui t’ont poussé à prendre tes jambes à ton cou, comme un lâche —si ce n’est un rat.
Brûlé à vif, son buste se décolle à nouveau du dossier de notre assise, pour mieux permettre à son regard sombre de m’anéantir. C’est mal me connaître cependant. Aussi nous regardons-nous en chien de faïence pendant ce qui semble durer une éternité. Une suffocante éternité.
Qui a dit que l’enfer n’est pas sur terre ? Qu’il faut mourir pour en faire l’expérience ? Qui a dit qu’il n’est réservé qu’aux damnés ? Assurément un naïf, et il n’a pas dû connaître l’injustice de sa vie, l’enfoiré. Sinon jamais il n’aurait sorti une telle absurdité. Ce sublime mensonge ! Rêve chimérique de petits esprits à la cherche d’un brin de consolation. Ce que j’appelle une guérison en toc, car l’enfer est bien une affaire de vivants.
En tout cas, le mien se résume partiellement à être entre les parois de cet habitacle, l’iris presque collée à celle ce père indigne… cette ordure, sans foi ni loi. L’enfer est ici, à cet endroit où la pression est à couper au couteau. Tellement écrasante que pour sûr, je tournerais de l’œil si ma bouche ne prêtait pas main forte à mon nez en ce moment, pour maintenir mon rythme cardiaque dans les limites tolérées.
Je le hais, ça me déchire, ça me soulage. Mon seul regret sur le moment, est de ne pas savoir lire dans son œil fixe et attentif. Du reste, j’emmerde son satané silence, même si je me console de croire qu’il est bardé de couardise et honte à présent.
Ouais c’est ça, garde-la fermée, payes toi ma gueule tant tu peux. Parce que je compte bien foutre le bazar. Tu vas voir comment je vais faire ça.
— Je ferai tout ce que tu voudras. Mais je te préviens, j’ai deux pieds gauches. Ça n’a pas changé depuis le temps. Enfin, si tu t’en souviens encore.
Il sourit, c’est hallucinant. Non, je plaisante, c’est révoltant. À qui veut-il faire avaler son numéro de papa nostalgique ? La réponse est toute trouvée en tout cas. Il est clair que je l’aurais gobé ce mensonge si je n’étais pas allée fouiller les poubelles.
— Comment oublier ? Mais je me suis arrangé. Je t’ai enregistré à un cours de danse, à l’agence où se rend Blair. Le directeur est un de ses camarades d’école, il saura se montrer patient avec toi. Jared Washington, c’est son nom, et ce sera ton professeur.
N’ayant rien à redire à cela, je m’empresse de hocher la tête avant de d’inspirer sans réserve une dernière fois. Qui sait quand est-ce que je pourrais à nouveau avoir le plaisir de m’abreuver de ces effluves délicieusement sauvages, capable de me ramener en une seule inhalation, à ces savoureux moments de volupté, divinement enfiévrés. Capable de me ramener à lui, à tout ce que j’ai connu de plus beau dans ma courte, très courte vie…
À Dwayne…
— Une dernière chose, m’interpelle mon géniteur au moment où je m’apprête à sortir du véhicule. Ma fiancée organise une petite fête ce weekend. Elle sera en ton honneur. J’aimerais te présenter à mon petit monde. Alors, soit gentille avec Tiphaine lorsqu’elle viendra te voir pour les préparatifs, tu veux bien ? Elle est très sensible et surtout, elle n’y est pour rien.
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Premye Etap : Première étape
18 commentaires
Véronique Rivat
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Il y a 4 ans
Morello_h
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Il y a 4 ans
Azalyne Margot (miss Ninn)
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Il y a 4 ans
AlphyM
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Fanfan Dekdes
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Princilia Daci
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Oona Rose
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AlphyM
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Il y a 4 ans