Fyctia
Luxure
Dans l’entrebâillement de la porte qui mène à ma pièce d’expression artistique, la main sur la poignée, je scrute chacune de ses composantes. La lampe sur pied située dans le coin à gauche, celle qui orne mon bureau et que j’allume quand je travaille la nuit à m’en exploser les yeux d’une si faible lueur, la fenêtre où le soleil ne passe plus, la nuit étant tombée, les dessins empilés sur ce bureau, mes crayons, le cahier de feuilles vierges, les chevalets. Tout, tout y passe.
Comme si tout ceci ne m’appartenait plus, parce que de secret il n’y a plus, que j’ai bêtement divulgué à la mauvaise personne. Je referme la porte derrière moi. Je n’arrive même pas à être en colère après Cassy, ni même après moi. J’aurais essayé. Mais à quel prix ! Me sentir aussi dépossédé de ce qui est vraiment moi, me perturbe.
Je retourne au salon, me sers un whisky glace et rejoins le canapé où je m’assois et m’adosse. Je réfléchis à ce que Gustave et le big boss m’ont conseillé. Ma colère est retombée. Il est temps que je passe à l’action.
J’attrape mon mobile qui se trouve dans la poche arrière de mon jean, trouve le dernier appel de Cassy. Je sélectionne le numéro correspondant pour envoyer un message et tape un simple « Merci ». Pourquoi faire plus ? Que faire de plus d’ailleurs ? Peut-être serait-ce l’occasion de lui proposer d’aller boire un verre ? Obtenir une explication ? Comprendre ? Sauf que je suis sensé la remercier pour m’avoir sorti de la merde au boulot, pas pour son étrange disparition.
Je complète donc mon message « Merci d’avoir plaidé ma cause auprès du big boss ». J’appuie sur la touche « envoyer ». Ca ira très bien comme ça. C’est impersonnel. C’est froid. Comme moi, à l’intérieur. Je passe mes deux mains sur mon visage. Putain, il faut que je me ressaisisse. Ce n’est pas la fin du monde bordel ! Je dois oublier cette gonzesse !
Mon mobile sonne, mon cœur manque un inspire. Je le récupère d’un geste frénétique. Le soufflet retombe aussi sec.
— Salut Ju’
— Hey mon poto comment ça va ?
— Ca va, ça va.
— C’était comment hier soir ?
— Chouette.
— Chouette ? Ca veut dire quoi ça ?
Jules est habitué à ce que je lui donne plus de détails sur mes soirées baise.
— Y’a pas grand-chose à raconter.
Jules me rirait au nez s’il savait qu’elle m’a planté en plein milieu de la nuit. Pourtant, je l’en informe. Je me sens humilié, comme une coquille vide, alors autant me descendre jusqu’au bout. Contre toute attente, Ju’ ne me juge pas et rebondit instantanément.
— Rejoins moi au Petrivo. La petite nénette d’hier soir est aux abois et t’attend mon grand ! Amène ton cul !
J’hésite. Elle avait l’air si innocente.
— Et si tu veux savoir, elle suce comme une déesse.
Il rit. Pas si innocente que ça apparemment. Je songe qu’encore une fois, Jules jette son dévolu sur des nanas qui me tapent dans l’œil ou qui s’intéressent à moi. Ca ne m'a dérangé qu'une fois.
Peu importe, pour l’heure, une bonne nuit de baise m’aidera à oublier Cassy.
Arrivé sur place, je remarque immédiatement Jules, adossé au bar, tenant la jolie blonde par la taille, un verre dans l’autre main. Ils sont en grande conversation. Quelque chose me dit qu’il ne cracherait pas contre un renouvellement de l’expérience. Je scrute l’espace à la recherche de têtes connues, avant de revenir sur Jules qui vient de lâcher la fille et me fait signe.
Je m’approche d’eux.
— Hey, salut mon grand !
Une accolade, une bise qui claque sur la joue, un sourire avide, un regard lubrique. J'ai vu juste.
— Je te présente Alexia.
Je baisse les yeux sur la fille. Des yeux bleu lagon dégoulinants d’envie me scrute. Elle me sourit comme si j’étais le messie. J’avais oublié l’espace d’une journée ce que ça fait que d’être admiré. Putain ça fait du bien !
Je lui rends son sourire, lui fait la bise, la salue. Jules me glisse quelque chose l’oreille et je le regarde, médusé. J’avais compris que la demoiselle aimait le sexe mais d’ici là à valider un plan à trois, j’en reste abasourdi. Mais ça m’excite et je suis ravi de cette proposition.
Je me commande un verre, en paie un autre à Alexia avec qui je fais plus ou moins connaissance. Sa façon de me dévorer du regard me rend dur. Ses joues sont roses. Jules trépigne d’impatience. Je leur propose donc de nous éclipser.
Le Petrivo possède deux salles privées. Le proprio a décidé de proposer les pièces vacantes qui ne lui sont d’aucune utilité, pour l’intimité de ses clients. Seuls les habitués sont au courant, ou ceux qui le lui demande. Etant donné qu’il n’est pas classé en club libertin, il ne fait rien payé pour ne pas avoir d’ennui et fait attention à ce qui se passe malgré tout. Un scandale salirait l’établissement.
La pièce est sombre. Une lampe peu lumineuse permet de conserver une ambiance tamisée. Sait-on jamais, si ça devait virer au romantisme. Sitôt entrés, Jules se jette sur Alexia, lui retire son t-shirt, sa jupe, avant même que j’ai eu le temps de fermer la porte à clé. Je ris, ce qui ne le dérange pas le moins du monde, déjà perdu en elle. Il dévore sa bouche, la saisit par la taille pour lui faire enserrer la sienne de ses jambes et avale son sein qu’il a sorti de son soutien-gorge. Elle penche la tête en arrière en gémissant.
Le spectacle n’est pas désagréable, bien que je ne sois pas vraiment voyeur dans mon genre. Je préfère agir que regarder. Sur ce coup là, je me sentirais presque con.
0 commentaire