Carrie N Résistance Humiliation

Humiliation

Collé l’un à l’autre, je m’abandonne à la douceur de cette étreinte. Mon nez dans son cou, je reprends ma respiration, respire son odeur. Elle me lâche progressivement, se détend, ses bras s’étalent le long de son corps magnifique, et je suis le mouvement.


Je pose une main sur sa joue et l’embrasse, la goûte encore, me délecte de chaque baiser, chaque contact, encore, encore. Je ne m’en lasse pas. C’est stupéfiant. Jamais je n’ai autant eu envie d’une femme. Jamais plaisir et orgasme n’ont été aussi dévastateurs.


Je me retire doucement d’elle. Elle gémit, tourne la tête à mon opposé en fermant les yeux. Une fois le préservatif jeté à terre, je passe un bras sous sa nuque et l’attire contre moi. Elle se tourne, blottie sa tête au creux de mon épaule, nos mains s’enroulent autour de nos tailles, s’enlacent, nos jambes s’emmêlent. Je la serre contre moi, l’enserre. J’ai besoin de sentir sa poitrine contre mon torse, de la sentir respirer sur ma peau, partout sur moi. La position s’y prête merveilleusement bien.


Je lui caresse la joue du pouce et la vois sombrer rapidement. Je me délecte de cette vision, de ce visage reposé, satisfait et parfait, aux joues rosies par le désir et le plaisir récents, au détachement propre à la détente retrouvée. Je sombre, à mon tour.


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Je me réveille heureux. Un bien-être incommensurable m’envahit en réalisant ce qu’il s’est passé la veille. J’ai vraiment bien dormi. Je me frotte les yeux, m’étire, tends un bras pour trouver son corps, et je me fige. Une douleur inédite et fulgurante me transperce la poitrine. Mon bras, étendu au travers du lit, vient de rencontrer les draps, une place vide, la froideur de l’absence.


J’ouvre les yeux et me redresse sur le lit d’un coup. Je fixe désespérément cette place abandonnée. Je suis seul.


Je me lève en quatrième vitesse, ne prends même pas le temps d'enfiler ne serait-ce qu’un boxer pour foncer au salon. Elle n’y est pas. Aucun bruit dans la salle de bain mais j’ouvre tout de même la porte rapidement. Elle est vide. J’ai un dernier espoir : mon jardin secret. Elle a tellement aimé. Peut-être s’y est-elle réfugiée pour « découvrir un peu plus mes trésors » comme elle dit. Je m’apaise à cette idée et souris légèrement. J’avance doucement vers la porte, tourne la poignée lentement et l’ouvre.


Il y fait froid, comme le frisson qui parcourt tout mon être. Il y fait froid comme l’absence de mouvement qui l’habite. Tout est à sa place. La brève image d’une fenêtre ouverte où le vent s’engouffre, les feuilles s’envolent, virevoltent, envahit ma rétine. Il fait sombre. C’est l’hiver. Pas dehors pourtant.


Je m’approche de la fenêtre. Le soleil brille et ses rayons transpercent les arbres qui longent l’avenue. Les passants se mêlent les uns aux autres. Aucun regard, aucun sourire échangé, seuls au monde, comme moi.


Lorsque je reviens vers le salon je cherche un indice, un mot laissé, quelque chose. Peut-être est-elle allée acheter des croissants ? Je part en quête de mon mobile, en vainc, avant de me rappeler que je l’ai oublié dans ma voiture garée au Petrivo.


Alors j’attends qu’elle revienne.


Mais elle ne revient pas. Elle ne reviendra jamais. Pourquoi ?


Merde ! Quand est-ce arrivé ? Quand une femme a ainsi pris le pouvoir sur moi, s’est comportée comme je me comporte habituellement avec les femmes ?

Les images de nos ébats me reviennent en tête. Elle n’a pas voulu que je la goûte. Elle a guidé, contrôlé l’étreinte, repris les rennes quand elle en avait assez de l’excellence, et elle est partie. Comme je quitte les femmes que je ne veux surtout pas revoir, au milieu de la nuit.


Je ne peux appeler personne. Je suis seul. Définitivement seul avec un milliard de questions qui m’assaillent. Qu’est-ce que j’ai loupé ? Qu’est-ce que je n’ai pas vu ? Rien dans son attitude ne laissait présager son départ, lâche, vil, cruel, au milieu de la nuit.


Un dégoût s’immisce en moi un bref instant. Cassy me fait prendre conscience d’une chose essentielle. Voilà donc ce que peuvent ressentir les femmes que j’abandonne au petit matin. Ce vide, ce silence, cette absence qui te serre la gorge comme deux mains qui t’étranglent doucement. La brûlure, l’étau qui enserre ton torse, l’abattement. La fierté démantelée, foulée du pied. Cette impression d’avoir été utilisé. Mais bien évidemment qu’elle m’a utilisé ! N’est-ce pas comme ça que ça marche ? S’utiliser l’un l’autre pour le plaisir ? N'est-ce pas finalement ce que j'attends d'un plan d'un soir ? Disparaître pour passer au suivant ?

Mais ce n'est pas ce que je voulais. Pas avec elle. Pas avec Cassy.


Par je ne sais quel miracle, je sors de ma torpeur. C’est quoi ça bordel ! Putain Baptiste tu fous quoi là ? Ce n’est pas toi ça !


Je n’en ai rien à faire de ces femmes qui entrent et sortent de ma vie. Elles ne sont là que pour le plaisir, oui. Cassy comme les autres bordel !


Je ne sais pas qui j’essaie de convaincre. Moi apparemment et ça marche, puisque je décide de filer sous la douche. Je savoure la chaleur de l’eau chaude sur ma peau. Je réussis à me convaincre que je viens de passer la meilleure soirée de mon existence et qu’il est préférable d’en rester là. Cassy a eu raison de partir. Elle est ma boss quelque part et en dehors de notre lieu de travail nous n’avons rien en commun. Enfin, je n’en sais rien puisque je ne la connais pas vraiment. Mais je suis sûr que c’est le cas. Ca sonne faux, mais y croire m’aide.


Je m’habille et quitte l’appartement pour rejoindre ma voiture par le bus. Le trajet est court et je ne pense à rien, secoué par la disparition de Cassy, perplexe face à ma propre attitude. Lorsque je monte dans ma voiture, je saisis mon mobile de toute urgence. Je fulmine en constatant qu’il n’a plus de batterie et que je n’ai pas de quoi le recharger. Je n’ai pas le temps de rentrer sous peine de me mettre en retard au boulot.


L’appréhension et l’excitation à l’idée de croiser Cassy à l’agence se bousculent en moi, et me donnent des frissons de plus en plus intenses au fur et à mesure que je m’en rapproche. Lorsque je gare ma caisse dans le parking, je jette un regard furtif afin d’aviser si sa voiture est présente. Comme aimanté, mon regard se pose instantanément dessus. Mon cœur s’emballe. Punaise, vais-je survivre à cette journée !

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