Fyctia
Succès
La présentation a été une telle réussite que le big boss a décidé d’organiser une soirée pour fêter ça. Lors de la réunion, nous avons appris que le frère du client en question possède également une entreprise, et qu’il attendait de voir de quoi Maruka était capable avant de nous demander de bosser sur son plan de communication. J’avais compris cette notion d’ouverture de marché, mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit si spontané.
Je me sens fier et Gustave encore plus que moi, quand le big boss lève son verre de champagne et nous remercie pour notre « excellent travail » devant l’ensemble des collaborateurs. Nous sommes une bonne cinquantaine et je me sens bizarre. Je suis l’un des derniers arrivés et être ainsi porté aux nues est grisant.
C’est l’occasion pour moi de faire connaissance avec quelques têtes que j’ai peu croisés depuis mon arrivée. Nous sommes félicités de toute part. La spontanéité de mes collègues féminines à me proposer d’aller boire un verre « pour continuer de fêter ça », ou à me laisser leur numéro de téléphone sur une excuse bateau, me fait réaliser à quel point j’ai perdu la mienne depuis que j’ai intégrer l’entreprise, et que je suis confronté à mes émotions face à Cassy. Je réalise surtout que j’ai rarement besoin de faire le premier pas puisque, à l’image de ce soir, elles tombent souvent spontanément à mes pieds. Même quand ce n’est pas le cas et que la nana me plaît, il me suffit souvent d’engager la conversation, comme viennent de le faire ses collègues, pour l’emballer.
L’horizon s’ouvre devant moi. Je dois me ressaisir. Baptiste le tombeur doit reprendre ses quartiers. Je demande un nouveau verre de champagne quand j’arrive au buffet, en plein montage de mon plan d’attaque pour obtenir un rendez-vous avec Cassy, quand je la retrouve à mes côtés.
Je la regarde, main en suspend, et je m’interroge sur ma clarté d’esprit. Serais-je devenu fou ? Pourquoi toutes mes bonnes résolutions la concernant tombent à l’eau systématiquement, quand je suis en position de me placer ?
Cassy prend une coupe de champagne et la tend dans ma direction. Machinalement, je fais le même geste qu’elle.
— A la tienne Baptiste. Félicitations ! Je savais que ça leur plairait.
Elle me fait un clin d’œil et son plus beau sourire. Et le Baptiste que je connais bien se décide enfin à frapper à la porte et à reconnecter mes neurones.
— Merci Cassy. Mais c’est un travail d’équipe et si le comité de direction n’avait pas été derrière nous, je ne suis pas sûr que le résultat aurait été aussi bon.
— Certes, mais ça reste votre travail de création. Et le comité n’était là que pour quelques aiguillages tellement vous avez saisi l’esprit dans lequel le client veut travailler. Quand je vois les ouvertures qui se profilent, je suis vraiment ravie du choix que nous avons fait de vous confier ce projet, à toi et à Gustave.
— Arrive-t-il que certains graphistes t’accompagnent lors des rencontres clients, pour capter cet esprit en live ?
— Ça ne m’est jamais arrivé. En général, nous y allons avec le chef de projet qui chapeaute l’ensemble du process et le responsable des ventes. Le big boss se déplace pour les gros dossiers.
— C’est bien dommage. Je t’aurais bien accompagné une prochaine fois.
Je me pare de mon plus beau sourire et lui lance un regard charmeur. Elle se mort la lèvre inférieure en souriant.
— Ça serait avec plaisir Baptiste, mais ça ne marche pas comme ça.
Je tente une grimace sexy en fronçant le nez et me penche vers elle, aussi près que la décence le permet dans un tel contexte.
— C’est bien ce que je disais. C’est dommage.
Elle plonge son regard dans son verre vide et ses joues rosissent.
— Tu en souhaites un autre ?
Elle lève à nouveau ses yeux sur moi, apparemment troublée.
— Euh… Oui avec plaisir.
Je la déstabilise et j’aime ça. Enfin, j'avance, même si je marche sur des œufs. Je commande un autre verre de champagne pour elle. Je sens son regard posé sur moi lorsque je récupère la coupe que me tend le serveur, et que je lui donne.
— Merci.
Elle boit une gorgée en regardant ailleurs et je scrute son beau visage, hume son parfum sucré. Ses yeux se lèvent vers les miens puis repartent puis reviennent. Elle finit par rire sous cape.
— Qu’est-ce qui est drôle ?
— Ta discrétion Baptiste.
— Désolé (non ce n’est pas vrai), mais j’ai tellement peu l’occasion de te voir en tête à tête et dans un contexte décontracté, que j’en profite.
— Je vois ça. Et tu comptes en profiter jusqu’où ?
— Jusqu’où tu me le permettras.
Je me rapproche encore plus d’elle. Je sais que je dépasse les bornes. Je sais que si quelqu’un nous regarde, les rumeurs risquent de fuser. Mais j’ai la sensation que, si je ne fais pas cela, je ne garderai pas son attention. Et surtout, Cassy ne recule pas.
Elle me fixe tout autant que moi, en terminant sa coupe d’un trait.
— Tu as soif on dirait.
Sourire charmeur toujours ancré sur mes lèvres, je la regarde probablement dégoulinant d’envie. Ses joues prennent la couleur de l’amour et elle baisse la tête en pouffant de rire, se cachant la bouche du dos de la main. Elle est vraiment charmante.
Je lui commande une nouvelle coupe et lui demande de m’accorder un peu de temps, seul à seul. D’abord hésitante, elle accepte et nous sortons de la salle où se déroule la fête, pour partir en direction des bureaux. Cassy s’arrête dans le couloir mais le lieu ne me convient pas. Je lui attrape la main qu'elle ne la retire pas. Le contact de sa peau contre la mienne m’électrise. Je l’entraîne, d’un pas décidé, dans le premier bureau venu qui se trouve être totalement clos. Seule la lumière de la lampe de secours éclaire très faiblement l‘espace. Tandis que Cassy ferme la porte derrière elle, je sais que cette occasion ne se représentera pas. C’est maintenant que ça se passe.
3 commentaires
Myjanyy
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Il y a 7 ans
Carrie N
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Il y a 7 ans
Carrie N
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Il y a 7 ans