Fyctia
Indices compromettants
Jules organise une petite fête chez lui ce week-end. J’y ai convié Gustave qui a tôt fait d’oublier Clémentine lorsqu’une minette vient lui traîner dans les pattes.
De mon côté, je flirte avec deux filles avant de me laisser embarquer avec elles pour un moment de folie. Je les laisse mener la danse avec un Jules non loin de là qui en fait autant avec une belle. Pour une raison que je ne cherche pas à éclaircir, il nous rejoint, sans la nana que je n’ai pas vue disparaître. Nous terminons à trois, l’une des filles s’étant copieusement endormie après trois galipettes (Tiens, Gustave doit déteindre sur moi).
Je me réveille à quatre heures du matin. J’abandonne mon pote avec la fille enroulée autour de lui en imaginant qu’il saura bien s’en dépatouiller sans moi. Une fois dans la pièce principale, quelques nanas semblent persévérer à se dandiner sur de la musique douteuse et je retrouve mon Gustave sur le canapé, la tête sur les jambes d’une autre fille que celle qui lui tournait autour quelques heures plus tôt. Elle lui caresse les cheveux et il ne bouge pas.
Nous sommes venus ensemble et j’ai envie de rentrer. Je décide de le réveiller.
— Mais laisse le dormir ! Il est bien là !
Oh la, mais c’est qu’il ferait des ravages le coco.
— Hein ?... Quoi ?
La gueule empâté, Gustave met un moment à réaliser où il se trouve.
— On y va mec.
— OK.
— Mais attends !
La fille s’agrippe à son bras lorsqu’il tente de se lever et lui saisit la tête entre ses mains pour lui rouler une pelle. Il ouvre de grands yeux en la fixant et la laisse faire, les bras ballants. Quand elle relâche son étreinte, il bafouille puis se lève et me suit comme si de rien n’était, sans répondre aux contestations de la fille qui, après lui avoir demandé son téléphone, râle parce qu’il ne répond pas. Il apprend vite !
Je baille et je m’étire en arrivant au boulot le lundi matin, un sourire plaqué sur les lèvres aux souvenirs de cette soirée. Je deviens livide lorsque je lève les yeux sur ce qui me fait office de bureau. Assise sur ma chaise, Cassy me lance un sourire radieux. Gustave se prend un fou rire silencieux, en posant sa bouche sur son poignet, et détourne la tête.
Sous les mains de Cassy, posées sur mon bureau, les planches que j’ai réalisé en pensant à elle ce dimanche là. Le contenu de ces images me sautent au visage : la silhouette svelte, la robe noire fendue, l’épée, le tigre soumis et... ce visage qui ne laisse aucun doute sur l'identité de celle qui me l'a inspiré.
J’en laisse choir ma main qui tenait mon sac à dos sur l’épaule, le long de mon corps, et n’arrive même pas articuler un mot.
— Bonjour Baptiste. J’aime définitivement ton coup de crayon. Tu me les dédicaceras ?
Elle se lève et, toujours hyper souriante, se dirige droit sur moi, me jetant un regard que je ne saurais définir. Je me vide définitivement de mon sang. Mon cœur n’est plus irrigué. Je vais mourir.
Elle me pose deux petites tapes sur l’épaule et sort du bureau.
— A plus tard les garçons !
Je m’attendais à quoi sans déconner ! Qu’elle me roule une pelle ? Ou me gifle ?
Je reprends bruyamment ma respiration avant d’aller m’asseoir et de prendre les planches dans mes mains. Putain ! Comment mon cahier a-t-il pu finir sur ce bureau !
Gustave continue de rire mais je ne l’entends guère, en grande réflexion pour démêler mon schmilblick. Je me souviens ! J’ai amené mon cahier vendredi pour avancer sur une idée perso et je l’ai oublié !
— Tu vas t’en remettre Baptiste ?
Je sursaute. Gustave éclate à nouveau de rire.
— Et tu trouves ça drôle !
— Très !
Il rit toujours et je finis par en sourire moi aussi. N’importe quoi !
— Elle était là quand tu es arrivé ?
— Non.
— Et mon cahier, il était là ?
— Oui.
— Putain…
Et rebelote ! Il se bidonne.
— Oh punaise, j’ai mal au ventre !
Je lui tape sur l’épaule et il termine tranquillement sa démonstration. Je l’entends rire de temps en temps, nerveusement. Au bout d’un bon quart d’heure, il reprend.
— Bon, on s’y met ?
— Pourquoi ? T’as pas commencé ?
Il lève les sourcils. Je ne sais décrypter son regard. Soit il est surpris, soit il me prend pour un bleu, soit les deux. Il étale le travail que nous avons réalisé sur quatre feuilles format A4 devant lui. Je blêmis.
— Ben dis donc. T’as pas chaumé ce week-end !
Je tire la langue en grimaçant, mais il reste fidèle à lui-même.
— Et j’en aurais fait deux fois plus si je n’avais pas été dévergondé par un type qui sème des indices compromettants.
— Tu sais ce qu’il te dit le type ! T’étais bien content de le trouver ce week-end, pour te présenter des blondes.
— Crois-tu ?
Je le fixe, une moue sur le visage, ne sachant quoi penser de sa réflexion. Une fois de plus, il se fiche royalement de ma gueule.
— Aller, on s’y met.
Nous avançons à merveille la matinée. Alors que nous revenons pour nous remettre au travail en début d’après-midi, une réunion improvisée a lieu avec quelques membres du comité de direction. Gustave et moi sommes félicités pour notre avancée et nos idées validées, mais sans l'approbation de Cassy, aux abonnés absents.
La semaine se termine sans la croiser. Je ne l’ai pas revu depuis le coup des planches. Une partie de moi en est soulagée, alors que l’autre rêverait de lui dédicacer son corps à coup de… langue ?
Avant de quitter les lieux le vendredi soir, Franck nous informe qu’il va voir un groupe de rock alternatif au Leto le lendemain. J’aime assez ce genre de musique et nous décidons, avec Gustave, de l’y rejoindre.
2 commentaires
Carrie N
-
Il y a 7 ans
Myjanyy
-
Il y a 7 ans