Fyctia
Confidences
Lorsque je rejoins le bureau, Gustave s’apprête à quitter les lieux.
— Ça te dit qu’on aille boire un coup ?
J’ai besoin de me détendre et peut-être d’en savoir un peu plus sur… ce bordel ? Gustave valide ma proposition et nous prenons la direction du Petrivo. Nous commandons deux pressions que le serveur nous apporte très rapidement.
— Tu as déjà bossé sur un projet de cette envergure ?
— Une fois oui. C’est une super opportunité et je suis ravi de bosser avec toi.
— Merci Gustave. Et tu en sais un peu plus ? Je veux dire, c’est si important que ça ?
Gustave sourit et je baisse les yeux, penaud.
— Comme ils l’ont dit lors de la réunion, si nous réussissons ce projet, de nombreuses portes s’ouvriront à la boîte. Et peut-être même à nous Baptiste. Prépare-toi à être chassé et à avoir des opportunités toutes plus aguicheuses les unes que les autres.
— Ah ouais ? C’est ce qui se passe avec Francky ?
— Pas tout à fait. Francky a bossé seul sur un projet plutôt barbant à vrai dire. Il n’est pas un grand créatif mais est très perfectionniste, ce qui correspondait exactement à ce qu’attendait le client. Les boîtes qui l’ont sollicité étaient dans ce milieu là et, même s’il a pris son pied à réaliser ce travail, il aime la diversité.
— Je vois.
— Sur notre projet, ils attendent de nous une vraie créativité, une véritable originalité, quelque chose de fondamentalement innovant. Ça ne va pas être de la tarte mais c’est hyper excitant tu ne trouves pas ?
— Tu m’étonnes.
Je ressens son engouement et je me nourris presque de son excitation.
— Au fait, je saute un peu du coq à l'âne, mais je peux te demander quelque chose concernant Paulo ?
— Ouais, vas-y je t’écoute.
Je suis un peu gêné d’évoquer ça avec Gustave mais en même temps, je lui fais confiance et j’ai besoin de clarifier les choses.
— Tu as déjà eu à refuser ses avances ?
— Non pas vraiment. Une fois peut-être mais je présume que je ne suis pas autant à son goût que toi.
Gustave me fait un immense sourire plein de sous entendu avant de reprendre.
— Il n’est pas habitué à faire face à un si beau spécimen je présume.
J’ai un mouvement de recul et j’écarquille les yeux. Gustave rit franchement.
— Panique pas Baptiste ! Tu te doutes bien que ça jacasse dur te concernant.
— Pardon ?
Cette fois, c’est lui qui a un mouvement de recul.
— Baptiste. Tu sembles te délecter chaque jour de l’effet que tu fais aux filles. Nous n’avons jamais été autant entourés de nos collègues féminines avec Francky !
— C’est pas faux. Mais ce sont des filles et elles ne sont pas mon boss !
— J’ai maintenant la preuve qu’être un apollon n’a pas que des avantages.
Gustave boit une gorgée de sa bière en me regardant par au-dessus, amusé.
— Putain…
Il rit une nouvelle fois.
— Cassy m’a dit de ne pas hésiter à le remettre à sa place mais je n’ai aucune idée de comment m’y prendre.
— Cassy ?!
Gustave est perplexe et ça me dérange.
— Euh… oui. Je crois bien qu’elle m’a évité une main aux fesses à la machine à café tout à l’heure.
Gustave éclate de rire.
— Sans déconner ! Et t’en a profité pour l’inviter à boire un verre pour la remercier je suppose.
Mon regard ne doit laisser aucun doute sur ma réponse. Putain ! Pourquoi n’y ai-je pas pensé ?
— Euh… non…
— Sérieux ? Ou est passé le Baptiste séducteur ?
— Dans ses chaussettes sûrement.
Je me sens con et Gustave rit toujours.
— Fous toi de ma gueule.
— Tu plaisantes Baptiste. Elle t’intimide tant que ça ?
Le nez plongé dans ma bière, je tourne nerveusement mon verre entre mes mains.
— Salut Baptiste ! Tu ne nous présentes pas ?
Cette voix aiguë et désagréable m’extrait de mon malaise. Elle appartient à la jolie bouille qui m’a fait une pipe l’autre soir. Je me rappelle juste de son popotin qui se dandinait à outrance tandis qu’elle partait furax en me traitant de connard.
— Pourquoi ferais-je une chose pareille ?
— Parce que tu me dois bien ça, espèce de mufle.
— Toujours aussi charmante.
— Je suis beaucoup plus sympa quand le type sait faire preuve de savoir vivre.
Elle se tourne vers Gustave, visiblement convaincue, à juste titre, que je ne procèderai pas aux présentations. Même si je le voulais je ne pourrais pas, je ne me rappelle pas de son prénom.
— Bonjour, je m’appelle Clémentine.
Tiens, ça ne me dit rien. Peut-être ne nous étions nous pas présentés avant de passer aux choses sérieuses finalement. Elle lui tend une main que Gustave serre maladroitement, dubitatif.
— Salut. Gustave.
— Enchantée Gustave.
Elle s’invite à notre table en s’installant, pose sa tête dans ses mains et fixe Gustave langoureusement.
— Tu es nouveau par ici ?
— On peut dire ça oui.
Je souris face à un Gustave toujours aussi concis dans ses réponses.
— Ravie de voir une nouvelle tête. Vous êtes potes ?
— Non, on fait connaissance avant de s’envoyer en l’air.
Gustave recrache la gorgée de bière qu’il vient d’avaler et s’essuie du revers de la main, en me regardant d’un air presque effrayé. J’éclate de rire. Clémentine a un mouvement de recul mais en vient à scruter Gustave bizarrement.
— C’est vrai ?
— Ca va pas non ! T’es dérangé dans ta tête toi !
Gustave me fixe, énervé et Clémentine le regarde, rassurée. Je souris toujours.
— Alors si tu ne t’envoies pas en l’air avec lui peut-être aurais-tu envie de le faire avec moi.
J’écarquille les yeux autant que Gustave, médusé, et j’attends sa réponse qui met du temps à venir.
— C’est pas mon genre.
— Comment ça ? Je ne te plais pas ?
Gustave hausse les épaules, contrit, et baisse les yeux dans son verre vide.
— Ce n’est pas ce que je veux dire.
— OK. Tu veux boire une autre bière ?
— Euh… pourquoi pas.
Clémentine commande une nouvelle bière pour Gustave et un martini pour elle, en m’oubliant ouvertement. Elle me provoque du regard en me faisant comprendre que je suis de trop. Non pas que j’ai envie de lui obéir mais je ne souhaite pas assister à la suite de cet échange, et j’imagine que ça décoincera un peu Gustave si elle arrive à le convaincre.
— Bon ben je vais vous laisser.
Gustave lève un regard suppliant sur moi.
— Tu t’en vas déjà ?!
Il a l’air presque effrayé.
— T’inquiète pas. Je vais bien m’occuper de toi.
Le regard perdu de Gustave va de la main que Clémentine a posée sur son avant bras, à ses yeux aguicheurs puis aux miens. Je lui fais un clin d’œil.
— Amusez-vous bien ! A demain grand !
— Euh… salut.
Gustave me fait l’effet d’un petit garçon très intimidé, qui sait qu’il va se faire dévorer. Je serais presque touché par sa détresse.
2 commentaires
Carrie N
-
Il y a 7 ans
Myjanyy
-
Il y a 7 ans