Fyctia
Concentration
Il y a deux différences de taille entre Cassy et à mes conquêtes habituelles.
Cassy est indirectement une de mes responsables dans mon premier boulot.
Et elle est aussi une femme, une vraie, avec un charisme démentiel et une assurance outrancière, pire que la mienne. Elle a la taille mannequin mais pas la corpulence. Pour autant, elle a du style, un dynamisme à revendre et semble avoir un caractère bien trempé.
Mais au-delà de tous ces traits qui feraient fuir n’importe quel homme qui ne veut pas perdre ses couilles, elle a ce côté accueillant, chaleureux, attentif, qui lui donne un charme de malade. Sa bouche, son regard, ses gestes, la naissance de son cou sous son collier, sa stature et ce qu’elle dégage… ce qu’elle dégage…
Merde ! Je bande ! Ca me rappelle mon érection à peine m’a-t-elle touché et tous mes sens en éveil à ses côtés lorsque j’étais dans son bureau.
Me ressaisir. Anticiper juste ce qu’il faut. Ne pas me prendre la tête. Surtout pas pour une femme !
Je disais donc que je n'arrive pas à me concentrer. Chaque mouvement dans la pièce me pousse à lever la tête afin de voir si ce n'est pas elle qui arrive. Ça me gonfle !
Mon voisin de bureau, Gustave, me lance un sourire en coin amusé. Je comprends que je ne suis pas très discret et ça me gonfle encore plus ! Je lui lance un regard noir.
— Tu veux aller boire un café ?
J'écarquille les yeux, surpris par sa réponse à ma provocation visuelle évidente. Il a un prénom vieillot, comme le mien, mais Gustave à l'air cool sous ses airs coincés. Il est une pointure dans son taf et probablement pourrons nous nous entendre. Je valide sa proposition. Voilà une excellente idée. Nous devons passer devant le bureau de Cassy pour aller à la machine. Je ne l'ai pas salué ce matin car elle était occupée. Peut-être que j'aurais l'occasion de remédier à cette lacune.
Je me sens à la fois excité et comme un gamin effrayé de voir le grand méchant loup. J'hallucine ! Que m'arrive-t-il bordel ! Pas trop le temps de tergiverser puisque son bureau n'est pas loin et nous voilà déjà devant.
Les vitres nous permettent une vue d'ensemble sur l'espace et je m'attarde un peu. Je dois trop insister. L'une des filles de l'équipe me fait un signe. Cassy semble absente.
Gustave me paie un café et il me pose quelques questions sur ce qui m'a amené dans cette boîte. Il semblerait que nous ayons les mêmes goûts concernant les mangas et les bandes dessinés. Parler de ma passion me fait oublier la raison pour laquelle je me retrouve devant cette machine alors que je n'ai encore rien glandé de la matinée. Bien que les horaires semblent libre, nous y restons peu de temps.
Nous rejoignons la plateforme graphique. Quand je franchis la porte du bureau, je suis percuté de plein fouet par une bombe, qui prend la forme de l'objet de mes perturbations émotionnelles depuis quelques jours.
— Oh pardon Baptiste je suis désolée ! Ca va ? Je ne t'ai pas fait mal ?
L'odeur de son parfum s'invite dans mes narines et m'enivre. Qu'est-ce qu'elle est belle avec ses grands yeux écarquillés à l'expression embarrassée.
— Bonjour Cassy. Non ne t'inquiète pas. Il m'en faut plus que ça.
— Parfait alors ! Bonne journée.
Elle repart d'un pas décidé, son sourire ravageur sur le visage.
Je reste en plan, à la regarder s'éloigner, avec cette sensation que j'ai loupé quelque chose. Chaque point d'impact de son corps sur le mien fourmille et s'insinue jusque dans mon entrejambe. Je passe la main dans mes cheveux avant de me rappeler que je suis au boulot et que, si je ne veux pas trop attirer l'attention, je dois me ressaisir.
Trop tard. Gustave m'envoie à nouveau un de ses sourires en coin qui en dit long. Merde ! Si déjà il se doute de quelque chose, ça risque d'être compliqué pour moi, ou pas. Peut-être sait-il des choses sur elle et pourra-t-il m'aiguiller.
J'arrive enfin à me concentrer sur mon boulot. Un projet de faible ampleur m'a été confié par le responsable de la création graphique, Paulo, un homosexuel avéré. Il me tourne un peu trop autour depuis vendredi mais je laisse faire. Tant qu'il ne me met pas une main et qu'il me soutient, je m'en branle.
Gustave me propose de me joindre à lui et à Franck, un autre collègue hyper réservé, pour le repas de midi. J'apprends à les connaître et je découvre à quel point, sous nos airs si différents, nous nous retrouvons dans notre passion pour le dessin. Là où ils pourront m'accompagner sur les ficelles du métier, Franck étant également une pointure du service (il a été chassé deux fois en un an et a refusé de partir moyennant un retour sur investissement), il semblerait que quelques soirées à le décoincer puissent lui faire du bien.
Je n'ai pas vraiment de potes qui soient artistes dans l'âme. Les moments que je consacre à mon art sont des moments livrés à moi-même. J'aime cet isolement et laisser libre cours à mes idées. Ici, l'apparence physique n'a plus d'importance, elle ne compte plus. C'est une autre forme de beauté que celle de créer en dessinant. Souvent, après une soirée bien arrosée et les nuits passées à emballer les filles, une forme d'apaisement m'envahit devant le papier blanc où tout reste à construire. Plus besoin de plaire, plus besoin de faire le beau, juste coucher en vrac mes émotions sous le crayon.
7 commentaires
Alex et Maxence D
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Il y a 7 ans
Carrie N
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Il y a 7 ans
Mélodie Rose
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Myjanyy
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Carrie N
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paul geister
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Il y a 7 ans