Fyctia
Chapitre 4: Vers l'inconnu 2/2
Les trois derniers jours sont passés si lentement, j’ai l’impression que plusieurs semaines se sont écoulées. Je pris pour que le jeu soit plus intéressant, sinon je risque d’abandonner. Ce soir, nous entrons officiellement dans l'aventure. Je vais découvrir à quoi ressemblent mes rivales et quelque chose me dit qu’elles ne seront pas toutes comme Lydia. L’équipe technique nous a informés que nous porterons toutes un nom de code pour la première étape du jeu. C’est une mesure de sécurité au cas où une de nos identités aurait fuité avant le début de l’émission. Bien évidemment, pour coller au titre de celle-ci, nous aurons le droit à un pseudo de dieux et déesses. Génial ! Pourvu que je ne sois pas celle du cul, ça y est, je commence à m’exprimer comme la vraie Flora. Dans ma vie privée, les injures me sont familières, notamment avec mes amis. Je dois absolument me tenir devant les caméras.
Nous séjournerons entre filles jusqu’à la fin de la première étape, puisque la deuxième consiste à faire connaissance en chair et en os avec les “dieux”. Il faut que je parvienne à rester dans la compétition jusque-là, quitte à enjoliver un peu la réalité. Pour la soirée de lancement, j’ai choisi une robe qui fera sensation. Échancrée dans le dos et si courte le moindre mouvement risque de dévoiler une partie de mon anatomie. Le show est en direct, ce qui m’effraie. Il faut absolument que je fasse attention avec les perches que je porte aux pieds, car un accident est si vite arrivé. Lydia m’aide pour le maquillage, il faut selon elle faire bonne impression. Nous n’avons pas la chance d’avoir des maquilleurs ou des coiffeurs, il faut se débrouiller avec nos propres moyens ! Nous y passons encore une demi-heure, mais le résultat est sublime. Je n’ai jamais été aussi canon, eh oui, mesdames, quand on se trouve jolie, il faut le dire ! Des coups à la porte nous font sursauter, ce n’est que le garde du corps qui vient nous chercher. Mes mains moites reflètent le stress qui s’est emparé de moi. Ma colocataire n’est pas en reste non plus, elle se triture les doigts, un signe flagrant d’anxiété.
Nous avons été photographiés à la sortie du bâtiment, une première pour moi et je peux vous assurer que mes yeux s’en souviennent encore. Comme des criminels, on nous a mis une veste sur la tête pour être méconnaissables et les vitres teintées ont permis de nous dissimuler. Pendant quelques instants, j’ai eu l’impression d’être une star et franchement cette vie-là n’est pas pour moi. Durant le voyage, Lydia est en proie à la préoccupation, ne sachant pas la manière dont nous allons être accueillis. De mon côté, je suis déconcertée par mes réactions, le stress et la peur ont laissé place à la sérénité. Le trajet se finit rapidement et nous sommes reçus de la même façon qu’à la sortie de l’hôtel : les paparazzis, les flashs et les hurlements des journalistes. Nous entrons dans un bâtiment moins reluisant que là où nous avons séjourné. Les couloirs sombres s’enchaînent à une vitesse folle et le garde du corps nous presse pour atteindre une première scène vide.
— Mesdames, dépêchez-vous un peu, vous devez être sur le plateau dans moins de cinq minutes ! hurle-t-elle d’une voix nasillarde.
Le retour de la vieille, il ne manquait plus que ça. Sans avoir le temps de répondre, deux personnes de l’équipe arrivent pour nous équiper avec les micros, et les boîtiers. Je suis épuisée, comme si une tornade venait de me passer dessus.
— L’émission a déjà commencé, la moitié des prétendantes sont dans la maison, vous allez, grâce à ce mécanisme, accéder au plateau en direct, nous indique-t-elle en montrant une sorte de monte-charge.
Je jette un regard vers Lydia qui semble plus détendue qu’auparavant. Elle me fait un clin d'œil pour me rassurer. D’un seul coup, je sens la plateforme sous mes pieds bouger, l’ascension est lente, petit à petit, la lumière m'éblouit. J’aperçois des dizaines de projecteurs qui illuminent le plateau, le calme est remplacé par un brouhaha incessant. Plongée dans cet univers si particulier, j'exécute mes gestes sans m’en rendre compte, tel un robot. Lorsque l’animateur nous invite à rejoindre la maison où nous séjournerons dans un premier temps, j’obéis sans montrer la moindre émotion. Encore une fois, tout se déroule très vite et nous nous retrouvons dans un sas, à l’entrée de ce fameux lieu. La voix du présentateur se fait entendre dans des enceintes et nous invite à rentrer. Une immense demeure se présente à nous, six femmes sont déjà là et nous lancent des regards étranges. Une sensation d’inconfort s’empare de moi, ma place n’est pas ici. Je n’ai qu’une seule envie : rentrer chez moi, loin de ces caméras, de ces séductrices, de tout ce qui est étranger à ma vie. Mais je dois rester forte, ne rien laisser paraître et faire ce pour quoi je suis là. En observant Lydia, je la trouve plus confiante, une femme avec de l’assurance ! Contrairement à moi. Elle m’indique d’un coup de tête, les prétendantes qu’il faut aller saluer. Nous partons alors dans leur direction. Avant même d’avoir le temps d’ouvrir la bouche, une femme aux cheveux noir de jais, habillée de manière très sexy, voire vulgaire nous interpelle :
— Comment vous appelez-vous ? nous agresse-t-elle.
Je commence déjà à être ennuyée par ce type de comportement. On sent qu’elle est là pour mettre le grappin sur un des hommes.
— Elle s’est Flora et moi Lydia, enchantée.
— Encore ces nanas, qui parce qu'elles ont du charme pensent avoir gagné. Tu parles elles n'ont aucune chance, elles vont se faire bouffer toutes cru, continue-t-elle.
Elle ignore complètement ce qu’on vient de lui dire, et parle comme si nous étions transparentes. Je n’ai qu’une seule envie : lui botter les fesses. La violence et moi, ça fait deux normalement, mais là, j’ai la sensation que c’est l’unique moyen pour la faire taire.
— Je ne suis peut-être que “potable”, et ne séduirais personne, mais je préfère largement ça, à une bimbo sans cervelle qui vient ici juste pour se taper le premier venu et passer à la télévision, répondis-je avec fermeté.
Je ne la supporterai pas pendant toute l’aventure. Sa tête m’exaspère déjà. Son corps majoritairement composé de plastique aussi, encore une qui a trop maté les Kardashians. Au moindre mouvement, toute sa poitrine se balance d’un côté et de l’autre, ça me donne envie de vomir. Madame la refaite ne semble pas avoir apprécié mes remarques et me lance son verre dans la tête. Aspergée d’un cocktail dont le nom m’est inconnu, qui vient de me ruiner mon maquillage, je sens la colère me submerger. Au-delà de la honte, de l’étonnement, c’est la haine qui prime. Je me retiens de lui sauter dessus et ce n’est pas l’envie qui manque. Mon souhait le plus cher, lui péter son faux nez ! Seulement, dès le premier jour de tournage, je ne pense pas que ce soit la meilleure option. J’espère une chose, qu’elle ne soit pas retenue pour la prochaine étape, sinon, je risque de craquer.
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Jane Moody
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Il y a 4 ans
Caro Handon
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Il y a 4 ans
haarmoni
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Dylan.Read.59
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Véronique Rivat
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Alvina Auteure
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Malika Schmitt
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Alvina Auteure
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Camille Jobert
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Alvina Auteure
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Il y a 5 ans