Fyctia
Chapitre 1: La proposition 1/2
— Mademoiselle White, venez dans mon bureau immédiatement !
Cette voix froide et nasillarde appartient à ma très douce patronne... je plaisante, vous l’avez sûrement deviné.
— Vous m’avez appelé madame ? Demandé-je en essayant de garder mon calme.
-Qu’est-ce que c’est ce torchon ? Dit-elle en agitant le brouillon de mon prochain article.
— Je…
— Non, vous savez quoi ? Je m’en fiche de vos explications, la prochaine fois que vous me sortez un tel article, vous prenez la porte. Est-ce bien clair ?!
Sans pouvoir dire la moindre parole, je ne fais qu’acquiescer. Que je sois d’accord ou non avec ses propos, il vaut mieux s'aplatir. Être journaliste a toujours été mon rêve, mon cursus n’est pas le même que les autres employés. Mes parents n’ont jamais eu les moyens de me payer l’université, alors je suis passée par tous les petits jobs ingrats. La seule chose qui me permettait de tenir ce rythme effréné, c’était mon blog. Depuis toute petite, la lecture est ma passion. En grandissant, je me suis décidée à écrire mes avis sur un blog. Au fil des mois, ceux-ci se sont améliorés, mes arguments étaient plus pertinents, plus développés. De jour en jour, le nombre d’abonnés ne cessait d’augmenter jusqu’à me faire remarquer par un grand journal. C’est ainsi que j’ai pu devenir journaliste débutante, une chance extraordinaire que je ne dois pas gâcher.
— Bien ! Dans ce cas, je veux votre nouvel article sur mon bureau à quatorze heures, dans le cas contraire, vous êtes virée.
— D’ac..ccord madame, Murmuré-je sur un ton angoissé.
Je n’attends pas une seconde de plus pour déguerpir en direction de mon bureau. Je travaille dans un grand open office, nous sommes une trentaine à collaborer pour différentes rubriques du journal. Mes pas se font plus rapides, la peur de me faire licencier est bien présente. Une fois assise, je laisse échapper un grand soupir avant de me mettre au boulot. Mon voisin de bureau et accessoirement mon meilleur ami, Dean, me regarde tristement. Il est plus ancien que moi au sein de l’entreprise, pour autant, à mon arrivée, c’est l’un des seuls à m’avoir ouvert les bras. Lui est journaliste pour la rubrique sport, quant à moi, je m’occupe de tout ce qui concerne les célébrités, bien loin des livres que je lisais autrefois.
Une heure plus tard, je pense avoir terminé la rédaction de mon article. Les mains tremblantes en prenant le papier, je le relis une dernière fois. Il doit être parfait, sans cela, ma vie est fichue.
— Ma belle, tu as besoin d’aide ? M’interroge Dean en souriant devant mon désespoir.
— Tu voudrais bien relire ce que je viens d’écrire en étant totalement honnête avec moi ?
— Avec plaisir, tu me connais, je ne me retiens jamais de dire ce que je pense.
Pendant quelques minutes, le regard de Dean parcourt mon papier, l’appréhension me noue l’estomac. Je me ronge les ongles en attendant son retour, si seulement je pouvais obtenir un vrai sujet. Un article qui me prendrait du temps, me passionnerait pendant plusieurs jours, au lieu d’écrire sur les déboires des stars hollywoodiennes.
— Flora, sincèrement ton article est parfait, tu accentues bien tes arguments, tu ne donnes pas ton avis, ton texte est fluide et très agréable à lire.
Dans un élan de joie, je lui saute dessus, il mérite bien un gros câlin. Dean est extrêmement honnête, alors je sais qu’il ne ment pas. Notre amitié est présente depuis le premier jour, et oui, ça arrive une amitié fille/garçon sans sous-entendu. Nous en sommes la preuve vivante, je connais sa copine qui est une femme douce et très gentille. Ils nous arrivent parfois de faire des séances shopping ensemble. Il est vrai qu’au début de notre relation amicale, elle était un peu méfiante, mais très rapidement Rosa a su que nous ne serions rien de plus. Je mets fin rapidement à notre étreinte étant sur notre lieu de travail, il ne faut pas trop faire de démonstration d’affection publique.
— Crois en toi ma belle, tu es très talentueuse. Je suis sûr que bientôt, tu auras un vrai sujet digne de tes capacités.
****
Il est presque quatorze heures, dans quelques minutes, je vais devoir affronter ma patronne. Après l’avoir relu une dernière fois pour peaufiner le tout, je me décide à le rendre. M’approchant de son bureau, je redoute sa réaction et son avis. Je souffle un bon coup avant de frapper à la porte, un oui froid me parvient rapidement. Le stress est à son comble, dire que mon avenir se joue sur un bout de papier, c’en est presque risible.
— Mademoiselle White, quel plaisir de vous revoir, j’espère que vous avez fini ce que je vous ai demandé, Me dit-elle sournoisement.
— Oui, tenez, j’ai décidé de m’axer sur la manière dont les personnalités sont devenues célèbres ainsi que leurs déboires. Cet aspect-là n’était pas suffisamment développé auparavant et…
D’un geste de la main, elle me coupe net dans mon discours. Je n’ose plus prononcer un seul mot. Ses yeux balaient mes phrases à une vitesse déconcertante.
Défaitiste, je pense tout de suite que mon papier n’est pas bon, encore…
— C’est le jour et la nuit mademoiselle, votre talent est visible dès les premières phrases. J’ai eu raison de miser sur vous. Je pense qu’il est temps pour vous de traiter des sujets plus intéressants et importants.
C’est le feu d’artifice en moi, trois ans, mille quatre-vingt-quinze jours que je l’attends. Oui, j’ai compté les jours, depuis mon arrivée, qui me séparait de ce moment. Restant impassible devant elle, je contiens ma joie, on ne sait jamais. Ce pourrait être un mauvais tour de sa part, cette femme est aigrie et sournoise.
A suivre....
143 commentaires
haarmoni
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Il y a 4 ans
hannahloyanna
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Il y a 5 ans
Léna_Hailey
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Il y a 5 ans
Mac Leod
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Il y a 4 ans
Mac Leod
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Il y a 4 ans
Selina Valentines
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Il y a 5 ans
Alvina Auteure
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Il y a 5 ans
Selina Valentines
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Il y a 5 ans
Véronique Rivat
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Il y a 5 ans
Alvina Auteure
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Il y a 5 ans