Fyctia

« La beauté est dans les yeux de celui qui regarde. » (Oscar WILDE)

Je soupire de soulagement.

- Je m’attendais à pire, lui dis-je.

- Pire ? répète t'elle en me foudroyant du regard. C’est beaucoup pour moi, Jacob. Tu ne m’écoutes donc pas quand je te parle ?

- Si, pardon je…

- Je t’ai déjà dit que les petites robes que je porte sont déjà beaucoup trop découvertes pour moi. Je les accepte car elles font parties du show. Mais un maillot de bain, ce n’était pas dans le contrat ! C’est impossible…

Elle tremble, je ne l’ai jamais vu autant en colère. Je connais ce sentiment. Je m’approche et je la prends instinctivement dans mes bras. Je la serre contre mon torse nu et encore humide jusqu’à ce qu’elle arrête de trembler. Elle paraît si fragile en cet instant. J’ai envie de la protéger plus que tout au monde.

- Respire, comme tu m’as appris. On trouvera une solution, on a le temps.

Elle inspire et expire lentement. Pour l’avoir testé, cette technique fonctionne relativement bien. Quand elle semble plus apaisée, je me détache d’elle tout en gardant mes mains sur ses bras.

- Ça va mieux, me dit-elle.

- J’en suis heureux, dis-je en souriant. Maintenant, essayons de trouver une solution à ton problème. Raconte moi tout.

- Ton père a convoqué le groupe et David. Il a dit que lui et les clients aimaient notre musique mais qu’il fallait qu’on soit plus « sexy ». Après, il m’a regardé et il m’a dit : « Vous pourriez montrer un peu plus de ces jolies formes. »

- Le salopard !

- David a pris ma défense et a réussi à obtenir que ce ne soit que pendant le concert piscine. Mais cela me paraît déjà insurmontable…Et je suis tellement mal à l’aise qu’il ait parlé de mes formes…

- C’est un pervers. Ne le fais pas si tu ne le veux pas.

- Il peut mettre en péril ma carrière, Jacob.

- C’est David votre manager, pas lui. Il ne dirait rien devant ses précieux clients.

- Oui mais il a du pouvoir. Il a dit qu’il pouvait à tout moment téléphoner à des amis influents et ruiner ma carrière avant même qu’elle ne commence.

- C’est du bluff ça ! David connaît beaucoup plus de monde que lui dans le showbiz.

- Mais imagine si c’est vrai ? La chanson, c’est toute ma vie, je ne peux pas prendre le risque…et en même temps, je ne peux pas être à moitié nue devant tous ces gens…je ne sais vraiment pas quoi faire.

Elle s’éloigne pour aller s’asseoir sur un banc, près d’un arbuste aux fleurs roses. Je prends un instant pour la regarder. Je sais que ce n’est pas le moment, mais elle est tellement belle tout en rose, au milieu de ces fleurs roses. Je prends une photo pour immortaliser ce moment.

- Tu crois vraiment que c’est le moment ?

- Excuse moi, dis-je en m’asseyant près d’elle, c’est juste que tu es tellement belle.

Elle rougit et détourne le regard. Je me déplace pour me mettre du côté de son visage et retourne à ma place quand elle tourne de nouveau la tête. Elle rit et je suis heureux.

- Tu es bête.

- Je sais. Mais toi, tu es belle. Je ne cesserai de te le répéter jusqu’à ce que tu aies accepté cette idée.

- Je suis peut-être belle à tes yeux et à ceux de Bruno, mais au fond de moi je suis toujours la petite grosse que personne ne regardait au lycée. J’ai toujours des formes et je sais qu’en maillot de bain, les gens vont me regarder avec dégoût et me lanceront des tomates. J’ai déjà des commentaires sur mon physique sur les réseaux. Eux je peux les effacer mais en réel, c’est impossible.

Je tique quand elle parle de Bruno mais ce que j’aimerais surtout faire en cet instant, c’est enlever toute cette peine et cette souffrance que je lis dans ses yeux.

- J’enverrai à ces abrutis encore plus de tomates sur leurs sales gueules. Tu es plus forte que ça, Ari. Je le sais. Pour le concert piscine, répète toi que tu es belle et que ta voix envoûte tellement le public qu’ils ne penseront même pas à te regarder.

- Merci Jacob. Mais je ne sais pas si ça suffira.

- On va s’entraîner, je lui dis en me levant. Imagine que tu es en maillot de bain là dans cette serre et qu’il y a un public devant toi.

- C’est compliqué.

- Fais preuve d’imagination, Ari. Je vais mettre des bruits de foule en délire sur mon portable pour te mettre dans l’ambiance.

Elle soupire mais se lève pour me rejoindre.

- Si tu veux que ça soit encore plus réel, tu peux enlever ta robe, dis-je d’un air coquin.

- C’est beau de rêver.

- Je t’ai déjà vue avec moins que ça…

Elle me lance un regard réprobateur avant de me donner une frappe sur l’épaule. Je ris. Il faudrait une chanson qui fasse été et summer body, me dit-elle en cherchant sur son téléphone à la coque violette.

- Tu en as déjà écrit une de ce style ?

- Oui j’ai commencé à y réfléchir quand j’ai su qu’on allait animer l’été ici. Je voulais sortir des clichés.

Je vais m’installer sur le banc et lance le son « foule en folie » sur Youtube.

- Imagine que tu es sur scène devant la piscine, lui dis-je pour la mettre dans l’ambiance. La musique commence et toi tu chantes. Tu es en maillot de bain mais tu ne t’en soucies pas. Tu te concentres uniquement sur ta voix. Et si ça peut t’aider, regarde moi.

Elle fait la moue mais finit par lancer la musique. Un son entraînant se répand dans la serre. Elle commence à chanter et j’en oublie presque pourquoi je suis là. Avoir un concert privé de sa part pour moi tout seul est un honneur. Sa voix a toujours cet effet apaisant sur moi. Quand elle chante, j’oublie tout. Tout sauf elle. D’abord timide, elle se lâche au rythme très festif de la chanson. C’est une chanson ensoleillée, parfaite pour la saison. Au refrain, je l’applaudis et siffle. A ma grande surprise, elle défait sa robe et la retire complètement au refrain. Je reste bouche bée devant son corps en maillot de bain. Ça me fait de la peine de penser qu’elle pourrait avoir envie de se baigner dans la piscine, mais qu’elle n’ose pas montrer son corps. Cette peine est vite chassée par le désir que j’éprouve pour elle. C’est un maillot une pièce mais ses courbes et son corps magnifique sont parfaitement visibles. Alors qu’elle semble avoir oublié ma présence, elle me regarde et m’invite à la rejoindre. Je crois d’abord avoir mal interprété son geste mais elle vient me chercher. Notre proximité fait monter une vague de chaleur dans mon corps. Ariana est parfaite et je ne peux m’empêcher de la dévorer du regard. A la fin de la chanson, je l’attire contre moi. Sentir sa peau douce contre mon torse nu est à deux doigts de me faire basculer dans du « plus qu’amis ».

- Bravo, c’était incroyable ! Tu t’es vraiment lâchée.

- Merci, dit-elle en rougissant. Quand je chante, je me sens pousser des ailes et j’ai l’impression que plus rien n’existe autour de moi.

- A part moi, apparemment.

- A part toi, oui, dit-elle en me regardant.

Son regard est brûlant et je remarque qu’elle colle son corps un peu plus contre le mien. Je ne pourrais pas résister longtemps à ce rythme là.

- Ari…si tu veux qu’on reste amis, il va falloir que tu t’écartes, dis-je même si je n’en ai pas du tout envie.

- Danse avec moi.