BettySophie Renaissance ou comment ton amour m'a sauvé Chapitre 18 - JACOB

Chapitre 18 - JACOB

« Voir souffrir quelqu’un qu’on aime est l’une des pires souffrances au monde. » (Jean CHALON)


Je sors du bureau sans me retourner et pousse un hurlement avant de taper dans le mur. Je me fais mal, évidemment, et ce pauvre mur innocent n’a rien. Il faut que je me calme. Où est Mathilde ? Une bonne partie de sexe me soulagerait. Ah oui, elle est partie faire du shopping. Et le mini bar ? Je me précipite vers ma chambre…qui est en train d’être nettoyée. Merde. Et Martin il est où, putain ? Je passe devant la salle de sport. Mais oui, un punchingball, pile ce dont j’ai besoin ! J’entre dans la pièce en priant pour qu’il n’y ait personne. Je ne veux pas qu’on me voit dans cet état. Coup de chance, elle est vide. Personne ne fait du sport à 10h du matin, apparemment. Je cours jusqu’à l’un des sacs suspendus, jette mon t-shirt à terre et frappe de toutes mes forces. Je ne prends même pas la peine de mettre des gants. A chacun de mes coups, le loup sur mon bras droit prend vie et je sens ma colère s’évacuer. Une douleur intense me saisit, au niveau de mon poing gauche qui ne s’est pas remis de sa rencontre avec le mur. Malgré ça, je frappe, je frappe et frappe encore. J’ai l’impression que ce n’est jamais assez. Je pourrais frapper jusqu’à l’épuisement, je sens que ma colère persisterait. Elle est en moi, je m’en rends compte et je me sens impuissant face à elle. Personne ne peut m’aider. Les psys ne comprennent pas, tout comme ma mère qui m’aime pourtant plus que tout. Mathilde en est incapable et Martin ne sait pas tout. En cet instant, je me sens extrêmement seul. Je sens des larmes affluer mais je les retiens. Un homme ne pleure pas, Marc n'a cessé de me le répéter. J’entends à peine la porte s’ouvrir, tellement je frappe dans ce pauvre sac. C’est quand j’entends des pas se rapprocher et un parfum de rose emplir l’air que je m’arrête. Elle est là.

- Ça va, Jacob ?

Je m’arrête de frapper pour la regarder. Elle a l’air inquiète, voire même triste. Dans d’autres circonstances, je trouverais ça touchant qu’elle s’inquiète pour moi. Mais pas aujourd’hui. En cet instant, je me sens incapable de parler, au risque de craquer.

- Tu as l’air vraiment mal. On discute si tu veux.

- Ça va, parviens je à dire d’une voix tremblante. Je m’échauffais.

C’est un énorme mensonge. Je suis en sueur et je dois avoir une mine affreuse. Mes doigts sont dans un sale état, surtout ceux de ma main gauche. Elle se rapproche doucement de moi. Elle est magnifique dans son jean brut et son t-shirt vert, assorti à ses yeux. Elle me prend doucement la main et je sens mes résistances céder.

- Tu as le droit d’aller mal. Tu n’as pas à être tout le temps fort, Jacob.

Il ne m’en faut pas plus pour que je l’attire contre moi et éclate en sanglots. Je n’ai pas pleuré depuis très, très longtemps. Je suis loin d’être le pleurnichard décrit par mon enfoiré de père. Je pensais être quelqu’un d’insensible et aux yeux plus secs que le désert. Mais aujourd’hui, dans les bras d’Ariana, je me libère d’un poids qui devient de moins en moins lourd au fur et à mesure que mes larmes coulent. Elle enlace et caresse mon dos nu.

- Je suis là, me dit-elle.

Elle chantonne une musique douce, comme une berceuse. Sa voix angélique apaise mon âme et mon cœur et je la serre fort contre moi, humant son parfum réconfortant. J’ignore combien de temps je reste dans ses bras, ni si quelqu’un d’autre arrive dans la salle. Là tout de suite, je m’en moque complétement. J’oublie ma fausse relation et mon nouveau boulot. Quand les larmes cessent, Ariana se détache doucement de mon étreinte. Elle me sourit et ce sourire vient soigner mes plaies. En surface, sans doute, mais elles ne me font plus mal en cet instant. Par contre, ma main gauche est vraiment dans un sale état.

- Tu es blessé, ça a l’air profond. Tu devrais voir un médecin.

- Ça va aller. J’ai déjà survécu à pire.

- Les hommes et leur fierté, dit-elle en balayant mes propos d’un geste de la main. Tes parents doivent avoir un médecin de famille à Montpellier, non ?

Je grimace à cette idée.

- Je…je ne veux pas qu’ils sachent.

- Tu es majeur, non ?

- Oui mais je ne veux pas prendre le risque que le médecin en parle à mon père.

- Je vois. Dans ce cas, tu n’as plus qu’à aller aux urgences.

- Ce n’est…

- On ne rigole pas avec ça, Jacob. Ça peut être grave. Tu feras quoi si tu perds l’usage de ta main?

Elle a l’air énervée et ça me touche qu’elle s’inquiète pour moi.

- D’accord, mais tu viens avec moi.

- Jacob ! Encore une fois, tu es majeur, tu n’as pas besoin de moi.

Je me rapproche d’elle et je vois que ses yeux descendent furtivement sur mon torse nu.

- Justement Ariana, il semblerait que j’ai besoin de toi, dis-je en la regardant dans les yeux.

Elle soupire mais je vois que je l’ai convaincue.

- D’accord mais si ça dure trop, je pars. Je dois être prête pour ce soir.

- Marché conclu.

Elle me conduit à l’hôpital à bord de sa Fiat bleu clair. La proximité entre nos deux corps me trouble, malgré la douleur intense à ma main. A notre arrivée aux urgences, on nous indique une salle d’attente qui sent la Javel avec des chaises en plastiques. Nous nous asseyons côte à côte. Une infirmière vient nous voir, me donne un antalgique et nous informe qu’un médecin passera m’examiner. Elle pense qu’il faut suturer la plaie. J’ai mal à la main, nous sommes dans un hôpital avec des soignants en blouse blanche, en perpétuel mouvement mais je me sens bien. Ariana a su m’apaiser. Je sais que ce n’est que temporaire mais je profite. J’ai besoin d’elle. Cette réalité m’étonne car je la connais peu et ça m’effraie car c’est inédit. Je dois lui poser la question qui me brûle les lèvres :

- Pourquoi es-tu venue à mon secours ?



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2 commentaires

Dine79

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Il y a 3 mois

Me voilà à jour. Il manque quelques <3 aussi pour débloquer les chapitres de Souviens-toi des étoiles.

Mély

-

Il y a 3 mois

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