Fyctia
Chapitre 15 - ARIANA
« La frustration d’hier doit déjà être la motivation d’aujourd’hui. » (Léonce KOUGBLENOU)
Bruno parvient à dormir mais pas moi. Je suis autant excitée par le succès de cette soirée que perturbée par la présence de Jacob. Foutu destin ! J’ai demandé à David à l’entracte et j’ai appris que Jacob est le fils de Marc, le directeur de l’hôtel et son adjoint pour l’été. J’ai senti son regard sur moi sans vouloir le croiser, à part pour la dernière chanson qui lui était adressée. Quand il viendra -parce que je sais qu’il viendra- je resterai sur ma version : on a vécu une super soirée mais ça doit en rester là. Mon rêve est en train de se réaliser. Jacob provoque trop de choses en moi et me fait perdre tous mes moyens. Je ne peux pas me le permettre. En plus, si j’en crois sa danse torride avec la blondasse, il s’est consolé. Je tente de me rendormir quand on frappe à ma porte. Je vérifie que Bruno n’est pas réveillé et hésite à aller ouvrir. Ça ne peut être que lui. Mais si c’était David ? Ou Justine qui a besoin de discuter ? J’ai l’impression qu’elle et Christophe se rapprochent de plus en plus. Je prends une profonde inspiration et me lève pour entrouvrir la porte. Je sens son odeur ambrée avant de le voir.
- Bonsoir Jacob, lui dis-je doucement.
Je fais tout pour ne pas le fixer dans les yeux, car ils peuvent causer ma perte. Je remarque sa chemise bleue qui épouse parfaitement son torse et sa cravate en vrac autour du cou. Je dévie vers son pantalon qui moule ses cuisses et…
- Tu n’as pas l’air étonnée de me voir, me dit-il, coupant court à mes pensées osées.
- Dès que je t’ai vu, j’ai su que tu viendrais.
- Quelle coïncidence de se retrouver ici, n’est-ce pas ?
- Tu peux le dire.
Un silence gêné s’installe et je sens que Jacob me dévisage. Je me rappelle soudain que je suis en débardeur et short de nuit turquoise avec des petites coccinelles comme motif. Je croise les bras pour cacher ma poitrine.
- Je t’ai déjà vu moins vêtu, me dit-il.
- Contente de t’avoir vu, dis-je en rougissant. Bonne nuit Jac…
- Je peux rentrer cinq minutes ? dit-il en retenant a porte. Je veux simplement discuter.
Je soupire et le fais entrer en lui intimant de ne pas faire de bruit. J’ouvre délicatement la porte fenêtre qui mène au balcon. David et Marc ont été généreux. Nous avons tous une suite avec un grand balcon et une vue imprenable sur la ville. L’air est doux ce soir et nous retrouver ici, sous ce ciel étoilé rappelle bien des souvenirs. Je me dirige vers la balustrade et regarde au loin, décidé à fuir son regard tant que je le peux.
- C’est le rottweiler dans ton lit ?
- Ça ne te regarde pas.
Je l’entends faire les cents pas derrière moi.
- Si tu n’as pas le courage de me regarder dans les yeux, d’accord. Je voulais juste te poser une question : pourquoi ?
- Tu sais très bien pourquoi.
Cette conversation n’est pas très productive mais c’est le seul moyen que je trouve pour me protéger.
- Tu vas faire comme si de rien n’était, c’est ça le plan ? Parfait ! Dans ce cas, pourquoi tu m’as adressé cette chanson ? Je ne t’ai rien demandé.
Il hausse le ton et je peux sentir sa colère. J’essaie de contenir la mienne ainsi que mes émotions.
- Tu crois que je n’ai pas senti ton regard sur moi pendant le concert ? Tout le monde a dû voir que tu me fixai. A part ta copine blondasse apparemment, vu comme elle se frottait à toi.
Je ne voulais pas en dire autant mais les mots sont sortis tout seuls. Il va croire que…
- Tu es jalouse de Mathilde maintenant ?
Je sens qu’il se rapproche de moi et je redouble d’efforts pour ne pas me retourner. C’est lâche, je sais.
- Je ne suis pas jalouse…
Il avance et me prend par les épaules pour me forcer à lui faire face. Ce contact m’électrise et je le regarde enfin dans les yeux. Erreur. Je pourrai me perdre dans ses yeux bleu gris dont j’ai rêvé un nombre incalculable de fois. Je lis dans ce regard de l’incompréhension, de la colère et une pointe de…tristesse ? Je me demande ce qu’il lit dans les miens.
- Pourquoi tu n’as pas attendu ? Pourquoi m’avoir laissé ce mot ?
- Je te l’avais dit, Jacob. Ça ne pouvait être qu’une seule soirée.
- Je m’attendais à cette réponse, dit-il et je sens qu’il contient sa colère. Mais tu aurais pu agir avec courage et rester pour qu’on s’explique le lendemain.
- Sur quoi Jacob ?
- Mais enfin Ariana ! explose-t-il. Ne me dis pas que tu n’as pas aimé cette soirée ? Et cette nuit ?
Je sens les larmes monter mais je les retiens. Je vais rester forte. Il soulève mon menton avec son doigt.
- Ariana, les instants que nous avons passé ensemble m’ont hanté toute l’année. J’ai tout fait pour t’oublier. Mais je n’y arrive pas. Je rêvais de te revoir…pour que tu m’expliques…et juste pour te revoir.
Jacob a le don de mettre à mal toutes mes certitudes.
- Tu as ressorti le manuel des répliques à l’eau de rose, lui dis-je en souriant.
Il me sourit et la même chaleur que l’été dernier m’enveloppe.
- J’aimerais te répondre du nôtre, mais ça ferait encore un peu cul-cul.
Je souris à mon tour et je me détends.
- Explique moi, Ariana. Si tu m’expliques, je te laisse tranquille, même si ça ne sera pas facile en te sachant ici.
- Notre soirée et notre nuit étaient parfaites. Moi aussi j’ai pensé à toi…tous les jours de cette putain d’année.
Il pose une main sur ma joue mais je la retire.
- Laisse-moi finir. C’était parfait mais ça ne pouvait être qu’une soirée. J’ai été lâche de partir comme ça, mais je n’avais pas la force de t’affronter. J’en suis désolée. Si je t’ai fait souffrir, je suis sincèrement désolée.
Apparemment, je n’ai pas été qu’une aventure pour lui.
- Je n’arrive même plus à t’en vouloir, dit-il. Je sais que tu ne m’as pas oublié, c’est déjà ça.
Il prend ma main dans la sienne et je retrouve la chaleur de sa peau, je respire son parfum masculin et je sais qu’il serait très facile de me laisser aller contre son torse. Mais si je cède, ça ira plus loin et je ne peux pas.
- Si j’étais restée, je t’aurais expliqué la même chose que maintenant. Je ne peux pas me lancer dans une histoire avec toi. Ma carrière est plus importante que tout. Surtout qu’aujourd’hui, je touche mon rêve du bout des doigts. Je ne peux pas prendre le risque de me laisser distraire par toi…
Il semble de nouveau en colère mais je sens qu’il essaie de la contenir.
- Tu n’es pas restée parce que tu craignais que je ne te fasse changer d’avis.
Je ne réponds par car il a raison et il le sait.
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Chav Chlo
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BettySophie
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Il y a 3 mois
Salma Rose
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Il y a 3 mois
Marion Mannoni
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BettySophie
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Vana Aim
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Il y a 3 mois