BettySophie Renaissance ou comment ton amour m'a sauvé Chapitre 10 - JACOB

Chapitre 10 - JACOB

« Les lieux sont aussi des liens. Et ils sont notre mémoire. » (Philippe BESSON)


Ariana a le regard perdu dans le ciel étoilé.

- Quand je venais ici, dit-elle, je regardai les étoiles ou les nuages et j’interprétai les formes que je distinguais. Je tentais d’y lire des présages.

Je me prends au jeu et regarde le ciel.

- Tu vois là ? lui dis-je en montrant un groupe d’étoiles. On dirait un petit chien.

- Ah oui tu as raison. Doit-on en déduire que tu adopteras un chien bientôt ?

- Le pauvre serait malheureux avec moi.

- Je ne pense pas. Je pense que tu as encore en toi le garçon attentionné que j’ai connu.

Je souris, très heureux de ses paroles, d’autant qu’elle se rapproche subtilement jusqu’à ce que nos bras se touchent. Est-ce volontaire ? Je l’ignore mais j’en profite pour passer un bras autour de ses épaules. Elle pose sa tête sur l’une des miennes.

- Regarde là-bas, dit-elle en montrant un autre groupe d’étoiles, on dirait un cœur.

- Qu’est-ce que ça présage d’après toi ?

- Je ne sais pas…peut-être que je vais devoir donner de l’amour à ceux qui écoutent mes chansons.

- Je suis certain que tu peux aider énormément de monde avec tes chansons. Rien que ce soir, tu m’as aidé à me sentir bien, ce qui n’est pas évident en ce moment.

Je réalise la véracité de mes paroles en les prononçant. Ce soir, je me sens étonnamment bien.

- Ça me touche, Jacob, même si sans le groupe, je ne pourrais rien faire.

- Tu as déjà pensé à créer une association ? Pour lutter contre le harcèlement et la grossophobie. Ça existe déjà, mais en créer une serait encore plus fort.

- Ça changerait quoi ? dit-elle en se redressant brutalement. Si j’ai appris quelque chose, c’est que les gens mauvais ne changent pas. Les associations ne servent à rien, Rien ne pourra changer le comportement des gens qui se moquent.

- On ne peut pas changer les harceleurs mais tu peux aider les harcelés à accepter leur corps, à répondre à ces harceleurs qui n’en seront alors plus.

- Pour ça, il faudrait déjà que j’accepte complètement mon corps.

- En aidant les autres, tu pourras également t’aider toi-même. Et personne n’accepte jamais totalement son corps. Il y a toujours quelque chose qui ne va pas.

Elle soupire mais ne répond rien. Je pense avoir de nouveau visé juste.

- Si ça peut t’aider, tu es magnifique telle que tu es.

Elle soupire de nouveau et elle chuchote :

- Mon cœur ne va pas supporter si tu continues à dire ce genre de choses…

Je lui fais de l’effet, j’en étais sûr. Tant mieux parce que moi je suis bêtement déjà conquis.

- Tu ne me connais pas assez pour dire cela. Physiquement, tu me trouves belle mais je suis vraiment une fille compliquée et torturée par ses complexes.

- Je pense que le plus torturé de nous deux, c’est moi.

- Tu pourras me raconter si tu en as besoin. J’ai compris que tu n’aimais pas parler de tes problèmes. Ce n’est pas parce que je t’ai raconté mes traumatismes que tu dois me raconter les tiens.

Cette fille est extraordinaire. Elle est différente de toutes les autres. Je suis un séducteur mais, avec elle, je veux être plus tendre et prendre soin d’elle. Je veux faire les choses bien.

- Ariana, lui dis-je, en me rapprochant de son oreille. J’ai tellement envie de t’embrasser depuis tout à l’heure…

Son corps frissonne et je sens qu’elle hésite. Mais son cerveau semble encore plus fort que son cœur.

- Je ne peux pas Jacob. Pas encore. Je peux juste te donner ceci.

Elle se penche et me donne un baiser sur la joue, juste au coin des lèvres. L’air se charge d’une tension électrique et mon corps en demande plus. Le bruit d’un pétard, suivi d’un autre, vient nous tirer de nos envies.

- Le 14 juillet est passé pourtant, dit-elle en se levant.

- Il doit y avoir une fête foraine pas loin. Tu veux qu’on aille voir ?

- Oui j’adore les fêtes foraines !

Nous remontons sur ma moto et j’ai toujours très envie de l’embrasser. Quelques minutes plus tard, nous arrivons à la fête et Ariana m’entraîne dans plein d’attractions. Elle s’amuse et je suis heureux d’être avec elle en cet instant. Je ne pensais pas pouvoir me sentir aussi léger et heureux en ce moment.

- Regarde, dit-elle en me désignant le stand de carabines, j’ai toujours voulu essayer.

En ce qui me concerne, je la regarde elle plus que les attractions. Elle me fascine et m’attire comme un aimant. Je ne me suis jamais senti comme ça, aussi dépendant d’une présence, avec une fille que je ne connais pourtant pas si bien.

- Tu sais tirer ? je lui demande.

- Pas du tout ! Mais tu vas me montrer, non ? Tu sais faire ?

- Oui. Je vais me placer derrière toi et je vais t’aider pour le premier tir.

C’est une parfaite excuse pour rapprocher mon corps du sien. Je l’aide à lever son coude pour bien l’orienter.

- Maintenant, ferme un œil, je lui chuchote à l’oreille. Quand tu as un ballon dans le viseur, tu tires.

Je sens son corps se raidir et sa respiration devient plus saccadée. Elle tire et ne touche aucun ballon.

- Arrête de me déconcentrer !

- Je ne fais rien de plus que t’aider, dis-je d’un air innocent.

- Sérieux ? dit-elle en haussant les sourcils.

Je ris et la laisse continuer à tirer. Comme elle n’y arrive toujours pas, je prends la relève. Je sens ses yeux fixés sur moi et je lutte pour me concentrer. J’arrive à toucher quelques ballons.

- Yes ! Je te laisse choisir un lot.

- Ça aussi, ça fait cliché de film romantique. Mais j’en profite.

Elle regarde le présentoir et se mordille la lèvre. Ce geste me rend fou et je meurs littéralement d’envie de l’embrasser.

- J’ai choisi, me dit-elle. J’aimerais le loup brun en peluche.

Le forain nous le donne en nous souhaitant une bonne soirée.

- Pourquoi le loup ? J’aurais plutôt pensé que tu aurais pris la licorne ou le panda.

- Ça, c’est ce que les autres filles avec qui tu sors auraient fait. Moi, je préfère les loups. En plus, je trouve qu’il te ressemble.

- Ah bon ? dis-je en riant. Pourquoi ?

- Il est brun, comme toi. Il a les yeux bleus, comme toi. Les loups sont des animaux fiers et mystérieux, comme toi. Je suis certaine qu’ils ont un grand cœur…comme toi. Mais bon, je ne connais pas grand-chose sur cet animal.

Je m’arrête et la regarde, avec son loup contre sa poitrine. Cette fille est en train de me faire perdre tous mes moyens. Et surtout, c’est vraiment l’une des premières fois où je ne ressens aucune colère. J’ai envie de la serrer contre moi et de la couvrir de baisers. Nous avançons au sein de cette ambiance joyeuse et nous arrêtons devant un stand de barbe à papa. Je vois Ariana les regarder avec envie. Je m’avance et en commande une grosse à la fraise.

- Je ne mangerai jamais tout ça.

- Nous allons la partager. Comme ça, tu ne culpabiliseras pas trop.

Elle me sourit et prend un morceau de la friandise. Je me sens tellement bien.


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