Fyctia
Chapitre 1 - ARIANA
« L’école de la vie n’a point de vacances » (Proverbe français)
Plus que six mois et je quitte ce collège de malheur. Je quitte ces élèves de malheur, ces profs de malheur, cette institution de malheur. J’espère au plus profond de mon être qu’au lycée, tout va changer. Je pars dans un autre établissement que la plupart de mes camarades actuels. Ce sera forcément différent. Malgré tout, une petite voix dans ma tête ne cesse de me répéter : et si ça ne l’est pas ? Vais-je devoir encore subir ces regards méprisants et ces moqueries jusqu’à la fin de ma scolarité ? Je prie tous les soirs pour que ce ne soit pas le cas. Je m’appelle Ariana Castus, j’ai quatorze ans, je mesure 1m50 et je pèse 70kg. Selon l’IMC , je suis obèse. Pourquoi je me préoccupe de cet indicateur à mon âge ? Parce que depuis que je suis au collège, on me traite de tous les noms.
- Grosse vache ! disent certains.
- Sac à merde ! disent les autres.
- C’est pour quand l’accouchement ? disent les plus méchants.
Et j’en passe. Oui, je suis grosse, je le sais. Selon mes parents, je suis née avec un poids déjà supérieur à la normal. Ils ont pensé que ça se régulerait, d’autant que l’un comme l’autre n’a pas de problème de poids. Mais durant toute mon enfance, j’ai eu ce poids supérieur. Aujourd’hui, je suis adolescente et à cause des hormones et compagnie, j’ai de nouveau grossi. Depuis le début du collège, j’ai commencé à être suivie par un nutritionniste, à ma demande mais aussi poussée par mes parents. Hélas, ça n’a rien changé. La privation ou la diminution de nourriture n’a jamais fonctionné avec moi car je compense en grignotant le soir dans ma chambre dans le dos de mes parents. La nourriture, ça réconforte. Et pas les brocolis ou les graines. Les gâteaux, les sodas et le chocolat, ça réconforte. Mais le résultat est bien là, je suis grosse et je suis la cible de moqueries presque tous les jours. Avant l’entrée au collège et ses railleries, ça ne m’a jamais dérangé et mes parents non plus. A l’école primaire, les enfants taquinent mais ne sont pas aussi méchants qu’au collège. En plus, je n’ai jamais été très douée pour me faire des amis, exceptée Charline que je connais depuis l’enfance et avec qui je passe la plupart de mon temps libre. Les moqueries ont commencé dès la sixième, surtout de la part des garçons, ce qui fait rire les filles. Ma mère m’a rassurée en me répétant qu’ils grandiraient et que mon régime finirait par porter ses fruits. Mon père a toujours été plus sévère et insistait pour que je continue ma diète. Mes camarades ont grandi mais ça a été de pire en pire. Les garçons sont devenus de plus en plus cons et les filles de plus en plus intéressées par le physique et les fringues chères. Autant dire que je ne suis jamais rentrée dans le moule, avec mes taches de rousseur, mes cheveux roux carotte et mon gras. Mon collège de quartier est malheureusement l’un des plus huppé de la ville et ça ne m’a pas du tout aidé. J’ai supplié mes parents de m’inscrire dans un lycée plus accessible, même si moins bien réputé et ils ont fini par accepter. Dans mon nouveau lycée, je pense que j’aurais plus de chances de rencontrer des gens simples, comme moi. En plus, ils ont une chorale. Chanter, c’est ce qui me permet d’échapper à mon quotidien et à mes soucis. Quand je rentre le soir, je m’enferme dans ma chambre, prend mon micro et je chante, avec des petites gourmandises pour compenser ma tristesse et les moqueries de la journée.
Actuellement, j’ai déjà hâte de rentrer chez moi alors que la journée ne fait que commencer. Mais ce n’est pas pour tout de suite. J’attends devant la salle de classe d’histoire géographie. Je suis toujours en avance, pour profiter du calme avant la tempête. Je gribouille des paroles de chanson sur mon cahier. La première sonnerie retentit et, en général, c’est là que les ennuis commencent.
7 commentaires
Francis Jean
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Il y a 2 mois
Yléam
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Il y a 2 mois
Soäl
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Il y a 3 mois
BettySophie
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Il y a 2 mois
Alexandra ROCH
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Il y a 3 mois
BettySophie
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Il y a 3 mois