Fyctia

Ravi de voir enfin un sourire sur le visage de sa compagne, Adrian hésite à poursuivre la discussion. La menace d’ennemis dangereux est présente, mais il ne veut pas que cela inquiète la jeune femme.

Il en va de la sauvegarde de son âme.

Malaisé, il se questionne intérieurement sur le chemin à suivre.

« Doit-on fuir ou profiter de l’effet de surprise pour éliminer la menace ? »

Le retour d’un regard triste et de traits étirés indiquent à l’assassin son erreur. Il devrait le savoir, il est impossible de cacher quoique ce soit à une télépathe !

— Il est hors de question de fuir mes problèmes ! lance-t-elle avec colère. Je n’ai jamais craint un affrontement et je ne commencerai pas maintenant. En plus, tu sais que nos ennemis ne peuvent rien contre nous. Faisons-leur regretter leurs actes !

Conscient de la rage présente chez sa compagne, Adrian ressent une immense tristesse grandir en lui. Ne voulant surtout pas trahir sa promesse auprès de Lui, il chasse cette émotion pour la remplacer par une autre qu’il connait bien.

La colère.

Il est hors de question que ses ennemis compromettent sa mission.

Ces ordures doivent disparaître pour leur permettre de partager de beaux moments d’ici Noël.

En plus, il sait exactement où les trouver. Ce sera une mission suicide, mais cela ne posera pas problème dans le contexte actuel.

Confiant, il ne perd pas une seconde de plus.

— Tu as parfaitement raison, commence-t-il, nous pouvons mettre un terme à la menace. Profitons du fait qu’ils ne représentent plus un danger pour aucun de nous deux et faisons-les disparaître !

— Comment comptes-tu procéder ? se contente de répondre la jeune femme, une étincelle dans les yeux.

Un instant, Adrian s’apprête à lui présenter un plan explosif qui laisserait bon nombre de cadavres derrière eux, mais une idée lumineuse surgit soudainement dans son esprit.

« Puisque ces brutes ne peuvent rien contre nous, pourquoi ne pas en tirer avantage ? », raisonne-t-il en silence.

Encore une fois, Maeva arrête la voiture en bord de route, troublée par la pensée de son ami. Ce dernier, débordant de joie d’avance à l’idée de ne pas utiliser la violence pour régler ses problèmes pour une fois, la regarde avec un regard pétillant.

— Je viens d’avoir une idée folle pour faire tomber ces imbéciles sans devoir semer la mort autour de nous. Tu crois que tu peux me faire confiance ?

Surprise par ce soudain changement dans la moralité de l’assassin, Maeva n’en demeure pas moins attentive. Après tout, la violence ne lui a jamais permis d’oublier son lourd passé.

— Je veux bien essayer si tu crois que cela peut fonctionner.

— Alors voilà. Ces criminels ont besoin de l’anonymat pour commettre leurs crimes. Personne n’a jamais pu mettre à jour leurs secrets, car ils tuent quiconque s’approche d’eux dans l’espoir de les trahir. De plus, ils n’utilisent aucune technologie de pointe pour ne pas être tracés et je ne doute pas une seconde que leurs repères contiennent des brouilleurs d’ondes pour éviter toute fuite extérieure d’information. Pour les coincer, il faut donc passer par l’intérieur du groupe. Tu me suis ?

— Plus ou moins, mais je t’écoute. Quelle est le cœur de ton plan ?

— Imagine que j’intègre leur groupe avec quelques dispositifs espions dissimulé sur moi. Je pourrais accumule des preuves de leurs agissements et même prendre des photos des visages clefs de l’organisation. Tout serait stocké sur une mémoire permanente que je pourrai ramener avec moi en fuyant le groupe une fois qu’ils me pensent mort. Tu as bien dit qu’ils ne peuvent rien faire pour que ma mort soit permanente, n’est-ce pas ?

Troublée par le plan audacieux de son compagnon, la jeune femme doit néanmoins avouer qu’il est génial. Il y aura toujours de nouvelles brutes pour remplacer les moribonds. Par contre, si l’organisation est révélée au grand jour, cela rendra leur tâche tellement ardue que cela pourrait très bine venir à bout de leurs manigances. Ravie, elle est néanmoins inquiète pour son amoureux.

— Ils ne peuvent pas te tuer, mais tu vas ressentir de terribles souffrances et je t’assure que le traumatisme de voir ton corps déchiré ne te quittera jamais par la suite. Tu es certain de vouloir faire cela ? Je pourrais prendre ta place et...

— Non ! Je refuse de devoir endurer l’idée de t’envoyer à l’abattoir pour souffrir une fois de plus une mort que tu n’as jamais méritée. J’irai là-bas, seul. Prends ça pour une expiation de tout le mal que j’ai commis dans ma triste carrière d’assassin.

— Et moi, que suis-je sensée faire pendant que tu plonges au cœur de cette bande de sauvages ?

Pendant un instant, Adrian reste sans voix. En aucun cas il ne souhaite impliquer la jeune femme dans son projet audacieux. Tout ce qu’il désire, c’est de la savoir en sécurité. Une idée germe alors dans son esprit.

— Tu te rappelles la promesse que j’ai faite aux enfants de l’orphelinat ?

— Évidemment.

— J’aimerais que tu ailles voir une de mes rares connaissances pour lui proposer d’accueillir les enfants pour un concert de Noël.

— Pourquoi accepterait-il ? Il en me connait pas et n’a jamais entendu leur chorale.

— Justement. Il faudra que tu ailles à l’orphelinat les enregistrer et qu’ensuite tu lui montres la vidéo. Il me doit un service et il ne pourra pas refuser.

— D’accord. Je le ferai pour les enfants. Par contre, je te surveillerai de loin dès que ma mission sera complétée. Il est hors de question que ces monstres t’emmènent loin de moi ! Je veux connaître tous les détails de ton plan et de tes déplacements.

— Je ne comptais pas moins venant de toi ! J’ai d’ailleurs besoin de tes étonnantes connaissances en informatique pour trouver les informations qui me manquent et pour me procurer quelques dispositifs assez particuliers. Ces idiots ne doivent pas me reconnaître si je dois les infiltrer.

— Tu sais que tu es complètement cinglé ?

— Évidemment, mais cela n’a pas changé. La seule différence aujourd’hui, c’est que je suis totalement fou de toi !

Dans un élan de bonheur, Adrian s’élance en direction de Maeva qui choisit précisément cet instant pour entreprendre le même geste. Leurs têtes entrent donc violemment en contact avec un « toc » sonore qui déclenche immédiatement un fou rire partagé. Sonné, l’homme étend le bras et pose tendrement la main derrière la tête de sa compagne afin de l’attirer vers lui. Les deux tourtereaux échangent ensuite un langoureux baiser qui rallume la douce flamme dans leurs poitrines.

— Tu veux bien nous conduire chez moi ? demande Adrian avoir une voix vibrante du désir qui s’est réveillé en lui.

— Devrais-je m’inquiéter de recevoir l’invitation d’un assassin ? répond Maeva d’un ton amusé.

— Tout dépend de vos intentions ma chère. Comptez-vous lui transpercer le cœur ?

— Absolument pas. Je préfère plutôt le retirer de sa poitrine pour le conserver précieusement près du mien !

— Il me fera plaisir de vous fournir les outils nécessaires à cette délicate opération dans ce cas !