Fyctia
15-Détermination
Voilà un moment que Maeva a immobilisé sa voiture et qu’elle ignore les coups de klaxon de plus en plus longs qui l’informent de l’impatience du conducteur derrière elle. Ce dernier, excédé, débarque bientôt de sa voiture et rejoint d’un pas lourd le véhicule qui lui bloque la route. Se succèdent alors plusieurs coups contre la fenêtre qui se dresse entre sa colère et la femme qui est au volant.
— Tu vas descendre ta fenêtre espèce d’idiote ! s’exclame l’enragé qui s’abandonne à sa colère.
Dans le bolide, la jeune femme sent à son tour la flamme naître en elle et son regard change au noir avant-même qu’elle n’actionne la commande pour abaisser la vitre.
Elle sent la noirceur de l’âme de cet homme qui vient de se condamner lui-même en cette nuit de décembre.
Tout sera terminé dans un instant.
Le son strident de pneus qui crissent contre l’asphalte froide provoque une brève hésitation à la fois chez l’homme colérique et chez sa victime présumée qui allait saisir le poing qu’il s’apprêtait à lancer dans sa direction. Un cri interpelle ensuite le boxeur improvisé.
— Vous, éloignez-vous de ce véhicule et laissez cette femme tranquille ! hurle une voix que Maeva pourrait reconnaître entre mille.
Avec une vitesse impressionnante, Adrian descende de la Spider et rejoint l’homme qui est resté figé suite à son interpellation. Il le tire ensuite brusquement en arrière et le pousse avec force en direction de sa voiture.
— Pour qui tu te prends espèce de brute !? s’insurge l’homme, le visage déformé par la colère et les yeux qui trahissent une certaine intoxication. Cette femme est complètement folle et elle bloque la route !
— Justement, nous sommes plusieurs ici à ne pas être dans notre meilleure forme. Je te conseille de retourner lentement chez toi et de profitez de cette période des fêtes pour retrouver les personnes qui te sont chères.
— Mêle-toi de tes affaires, connard ! Cette femme mérite une bonne correction et...
Excédé, l’assassin sort le pistolet avec silencieux qu’il a caché sous son veston un peu plus tôt et le pointe en direction de l’homme, un regard malveillant posé sur lui.
— Si tu ne veux pas quitter ce monde dans la seconde qui suit, fiche le camp ! lance avec véhémence Adrian en faisant signe à l’homme de rejoindre son véhicule.
Incertain des agissements de l’enragé, l’assassin le maintient en joue alors que ce dernier démarre en trombe et le contourne pour poursuivre son chemin. Satisfait, l’assassin range son arme et pose son regard vers Maeva qui est restée immobile tout le long de la brève altercation. Dans son regard, l’homme perçoit une totale incompréhension.
— Au moins, ses yeux ne sont pas noirs, pense-t-il en silence.
Les mains levées et en évidence pour indiquer ses intentions pacifiques, Adrian s’approche lentement de la fenêtre sans quitter la jeune femme des yeux.
— Je sais que tu veux me tenir à l’écart, commence-t-il d’une voix calme, mais tu as besoins de soin suite à cette blessure que je t’ai infligée. Permets-moi seulement de t’aider et ensuite je disparais, je te le promets.
La surprise est évidente sur les traits de la conductrice, mais celle-ci ne semble aucunement aux prises avec la moindre souffrance à la grande surprise d’Adrian. Néanmoins, il est certain qu’elle ne survivra pas s’il ne fait rien pour elle.
— Je t’en supplie, laisse-moi t’aider. Je suis sincèrement désolé pour tout ce que j’ai pu te faire, mais je ne veux pas que tu meures par ma faute !
Sans lui fournir la moindre réponse, Maeva se contente de faire signe à l’assassin de monter dans la voiture. Ce n’est qu’une fois qu’il est à l’intérieur qu’elle se décide à parler.
— Je ne sais pas comment tu as pu me retrouver aussi rapidement après que je t’aie renvoyé chez toi, mais on peut dire que tu es animé d’une détermination qui dépasse l’entendement. Je suppose que tu es conscient que tu t’apprêtes à assister à des choses que tu ne comprendras pas et que tu peineras à accepter ?
— J’avoue que certains événements des dernières heures me laissent perplexes, mais j’ose croire que tu as des explications à me fournir.
— Tout dépend ce que tu attends comme explications.
Un silence lourd s’installe entre eux alors que la voiture poursuit sa route jusqu’à la sortie de la ville. Après quelques minutes, ils rejoignent la grille d’accès au terrain d’un somptueux manoir situé à l’écart des autres habitations.
— Plus j’en découvre sur toi et moi j’arrive à comprendre qui tu es, se contente de dire Adrian en analysant l’immense demeure. Ce qui est certain, c’est que l’argent n’est pas ce qui t’a motivée à t’en prendre à Salazar et à son cartel.
— L’argent n’est qu’une autre de ces lubies que nous avons inventées pour nous détruire, répond Maeva avec un air triste. Disons que je sais trouver ce dont j’ai besoin et que je me contente de prendre ce qui me passe sous le nez. L’homme à qui appartient cette demeure n’est plus de ce monde et il ne peut donc pas s’objecter à ce que je l’occupe.
— Je suppose que tu as quelque chose à voir avec son départ, je me trompe ?
— Non.
Dès que la voiture s’immobilise, Maeva ouvre la portière et descend sous le regard inquiet de son compagnon qui l’observe avec un air ahuri.
— Comment peux-tu te lever avec autant de facilité alors que je t’ai tiré une balle dans le ventre !?
— Arrête de dire que c’est toi qui as tiré ! C’est un de ces crétins d’homme de main de Salazar qui l’a fait. Tes souvenirs ne sont pas totalement clairs visiblement.
— Pourquoi avoir cherché à me faire oublier ?
La question directe surprend Maeva, tout comme le serrement dans sa poitrine à l’idée d’avoir voulu contrôler l’esprit de l’assassin. Gênée, elle évite de le regarder dans les yeux.
— J’ai fait cela pour t’éviter d’avoir des problèmes par ma faute. Je te prie de croire que je n’ai pas voulu te nuire.
Percevant la détresse dans la voix de la femme, Adrian abandonne toute rancœur à son égard. Soulagé de savoir qu’il n’est pas responsable de sa blessure, il reprend néanmoins conscience de l’importance de la soigner.
— Peu importe qui t’a tiré dessus, nous devons absolument retirer la balle et refermer la plaie. Laisse-moi t’aider et puis je disparais si c’est vraiment ce que tu veux.
— Suis-moi.
Étonné de la facilité avec laquelle elle se déplace, Adrian suit néanmoins la jeune femme à l’intérieur, les yeux rivés sur l’abondante quantité de sang qui imbibe sa robe. Après son entrée, l’homme se retourne pour fermer la porte derrière lui.
En se retournant, son cœur se fige dans sa poitrine lorsque ses yeux se posent sur la femme qui est tout bonnement en train de retirer sa robe. En quelques secondes, seul le fin voile de sa culotte protège une infime partie de son intimité et le reste de son corps est livré au regard de l’homme qui se tient devant elle.
— Tu crois encore que je risque de mourir de cette blessure ? se contente de demander cette dernière en pointant son ventre parfaitement indemne malgré le sang qui tache sa peau lisse.
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