Bianka Msria Recette pour un Noël ( parfait) désastreux. Aux armes mon général

Aux armes mon général

Gabriel

Décidément, cette journée est plus intéressante que prévu.


Le restaurant du Crawford Grand Hotel est une ode au luxe et à l’excès festif. Lumières dorées, nappes en lin immaculé, bouquets de poinsettias parfaitement arrangés sur chaque table. Un décor pensé pour exsuder la perfection.

Pourtant, je n’y suis pas à mon aise.


Tout est trop lisse, trop éclatant, trop étouffant. Contrairement aux apparences, j’aime la simplicité. Cependant, ce n’est pas ça qui m’oppresse.


C’est lui. Blake Hamilton.


Dès que j’ai croisé son regard, j’ai su que ce type serait intéressant. Il a ce mélange rare de défiance et de maîtrise de soi. 

Déjà dans le parking, il m’a impressionné. 

Il s’est adressé à moi sans filtre et ça m’a fait un bien fou. Un vent de fraîcheur dans mon monde où tout n’est qu’apparence.

Cependant, j’étais à mille lieues de penser le retrouver à ma table.


 J’apprécie la surprise.


Blake est quelqu’un qui a appris à se construire une armure, mais qui sait qu’elle est fissurée. Il se tient droit, le menton levé, comme s’il refusait de se sentir inférieur ici. Pourtant, je me dis que ce genre de décor ne lui est pas inconnu. J’ai testé ses limites, juste pour voir. Et il a répondu, piquant, insolent. Presque joueur. Ça me plaît.


Néanmoins, tout s’est arrêté quand Ronan est entré dans la pièce.


Là, tout a basculé.

La tension est tombée sur notre table comme une chape de plomb. Subtile, mais indéniable. Avant, Blake me répondait du tac au tac. Maintenant, il est figé. Son regard s’est posé sur Ronan et ne l’a plus lâché.


Sauf que Ronan, lui, n’a même pas réagi.


Il s’est installé en souriant, à l’aise comme à son habitude, et a serré la main de Blake avec une chaleur feinte. Un acteur de premier ordre. Mais moi, je l’ai vu.

Le léger plissement de ses yeux.

Le contrôle calculé de sa respiration.

La fraction de seconde où son sourire a vacillé.

Il sait qui est Blake.

Il fait juste semblant de ne pas le reconnaître.

Et ça, c’est encore plus intéressant.


June reprend la parole. Ravie, elle demande :


— Alors, où en étions-nous ? Ah oui ! Le menu !


Elle se tourne vers Blake avec un sourire éclatant, ignorant tout du sous-texte glacial qui plane autour de nous.


— Blake, on aimerait que vous veniez plus tôt à Aspen, avant le mariage.


Blake cligne des yeux, avec un temps de retard. Je me redresse. Il a décroché.


— À Aspen ? il répète, comme s’il n’avait pas entendu.


June hoche la tête, enthousiaste.


— Oui, on arrive trois semaines avant le mariage, et les invités au fur et à mesure. 


On aimerait organiser des repas pour eux. Rien de trop formel, mais tu vois, des dîners réconfortants avant le grand jour, pour que tout le monde profite de l’ambiance.

Elle joint les mains, excitée à l’idée.


— J’imagine un moment convivial, avec des plats de saison. Un grand dîner de bienvenue le premier soir, des petits-déjeuners gourmands chaque matin… Et puis, bien sûr, la répétition du banquet, où vous pourriez tester certains plats du menu avant le mariage.


Blake acquiesce. Mais ses yeux ne quittent pas Ronan. Ce n’est pas juste de la tension.

C’est du rejet viscéral, du genre qu’on ne peut pas feindre.


Et l'interressé  ?


Lui, il est parfait. Détendu. Un sourire charmant plaqué sur les lèvres. Il joue son rôle à la perfection.


— C’est une excellente idée, je dis en m’adossant à ma chaise, les bras croisés.


J’observe Blake avec attention. Il est ailleurs.

Ses doigts pianotent nerveusement sur la nappe. Sa mâchoire est crispée. Il ne s’adapte pas à la conversation, comme il le faisait avant. Il ne fait même pas attention à Napoléon qui mâchouille son écharpe sous la table. Le chien de ma sœur a disparu dès l’arrivée de Ronan, et à besoin d’évacuer son anxiété.

Blake lui, est en train de se battre contre un ennemi invisible. Puis, sans prévenir, il se lève.


Un mouvement sec, tranchant.

Sa chaise crisse contre le sol, attirant tous les regards.

June cligne des yeux, interloquée.


— Blake ?


Il passe une main dans ses cheveux, l’air au bord du gouffre.


— Je… Je dois y réfléchir.


Et il tourne les talons.


Juste comme ça.


Il disparaît entre les rangées, sort du restaurant d’un pas rapide, presque précipité.

Le silence s’abat sur notre table.

Napoléon grogne, vexé qu’on lui ait repris son jouet.

Ronan rit doucement, l’air amusé.


— Il n’a pas l’air d’être un grand fan des séjours en montagne, il plaisante.


Fais le malin. Je sais que c’est toi qui l’as fait fuir !

June se mord la lèvre, soucieuse.


— Il était pourtant si enthousiaste au téléphone…


Elle ne comprend pas.

Elle ne voit rien.

Moi, je vois tout au contraire.


Je fixe Ronan. Il feint l’innocence, parfaitement à son aise, mais je le connais trop bien. Je l’ai vu mentir en pleine négociation, charmer des investisseurs, retourner des situations à son avantage en quelques secondes. Je sais quand il joue un rôle. Et là, il joue.


Blake n’est pas parti par hasard.


Quelque chose s’est brisé en lui en voyant Ronan. Quelque chose d’assez puissant pour lui faire perdre son contrôle.

Et je vais découvrir quoi.


Je me lève à mon tour, prends tout mon temps. J’époussette nonchalamment mon costume, ajuste ma montre, puis adresse un sourire à Ronan.


— Dommage, je dis d’un ton léger. Je l’aimais bien, moi.


Ronan hausse un sourcil, faussement innocent.


— Tu t’attaches vite, Gabriel.

— Je sais reconnaître un talent quand j’en vois un.


J’attrape mon café, l’amène à mes lèvres et ajoute avec désinvolture.


— Tu devrais te méfier, Ronan. Les bons acteurs, je les repère aussi.


 Ma tasse reposée, je me tourne vers Napoléon, lové sur sa chaise, et murmure doucement.


— Attaque.


Le chihuahua dresse les oreilles. Une étincelle malicieuse jaillit dans ses petits yeux noirs. Il saute sur les genoux de Ronan et commence à lui mordiller la manche avec l’enthousiasme d’un chiot enragé.


Ronan sursaute.


— Bordel, June ! Fais-le lâcher !


Un rire franc m’échappe en sortant du restaurant. Je laisse Napoléon mener son combat personnel contre la veste hors de prix de Ronan. 


Je sais d’avance qu’il va gagner.


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6

6 commentaires

Oswine

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Il y a 14 jours

J'aime bien ce chapitre, les petits regards de Gabriel, ça me fait bien rire parce qu'il a très vite compris qu'il y avait quelques chose qui n'allait pas avec Blake ! C'est un petit futé quand même et je pense qu'en effet il va un peu chercher a savoir la vérité sur tout ça. Il devrait déjà avoir eu la puce a l'oreille, sur le parking, Blake lui a dit qu'il s'était fait larguer et que son ex allait se marier, mais je pense que c'est pas encore monter a son cerveau et c'est pas plus mal, sinon ça ferait trop rapide, donc t'as bien gérer pour le coup ! Mais je n'en doutait pas, t'es trop forte ! haha. Et petit Blake, qu'est-ce qu'il va faire ? Est-ce qu'il va aller a la montagne avec eux ? Je pense qu'il va peut-être en parler avec Livia et qu'elle va lui dire d'y aller avec un bon argument !

Laetitia B

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Il y a 20 jours

C'est marrant mon fils s'appelle Gabriel et ma perso June 🤪

Gottesmann Pascal

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Il y a 20 jours

Oh c'est vicieux de la part de Gabriel l'attaque du Chihuahua. Petite taille mais capable de faire de gros dégâts. En tout cas, une chose est sûre, il n'est pas dupe de Ronan et devine presque ce qui s'est passé.

Bianka Msria

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Il y a 20 jours

À la guerre tous les coups sont permis ^^

Ady Regan

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Il y a 20 jours

Pauvre Blake! En découvrant Ronan on comprend mieux sa haine envers lui. Heureusement que Gabriel a compris, la suite promet d'être intéressante 😬

Bianka Msria

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Il y a 20 jours

Surtout qu'on a peine effleuré la surface de Ronan.
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