Fyctia
Magie de Noël grand luxe-2
Gabriel
Mon regard se durcit.
— Peu importe le coût, faites-les livrer en express dès qu’ils touchent le sol. Je veux ces flacons en rayon avant la grande affluence du week-end.
Lucie hoche la tête, soulagée d’avoir une directive claire, puis disparaît dans la foule des clients. J’inspire profondément et continue mon tour. Chaque détail compte. Une vendeuse en gants immaculés présente une montre en or blanc à un couple d’une cinquantaine d’années. Plus loin, un pianiste en costume joue maintenant « Silent Night » sur un grand Steinway. La mélodie se fond dans l’ambiance feutrée du magasin.
Tout est parfait.
Enfin… presque.
Aujourd’hui, je dois lâcher prise. Confier la gestion du groupe Beaumont à quelqu’un d’autre. Je n’aime pas ça, mais je n’ai pas le choix. J’ai promis.
Un dernier regard avant le départ
Je monte au dernier étage. Derrière les larges baies vitrées de mon bureau, la vue sur Denver est à couper le souffle. Au loin, les Rocheuses se dessinent sous un ciel d’acier, et la neige commence à tomber en flocons épars. Une fine couche de givre recouvre déjà les vitrines extérieures, donnant au paysage un éclat presque irréel.
Camille m’attend, adossée à mon bureau en acajou, une tasse de café fumante entre les doigts. Ma sœur cadette. Elle a la même chevelure blonde que moi, attachée en une queue de cheval stricte. Son tailleur gris perle est aussi impeccable que l’expression qu’elle arbore.
— Tu es en retard, elle lance en haussant un sourcil.
— Je suis passé vérifier que tout était en ordre en bas.
Elle secoue la tête, amusée.
— Tout est toujours en ordre, Gabriel. Elle marque une pause. C’est Noël. Nos magasins tournent comme des horloges suisses, et tu le sais.
Je m’appuie contre la fenêtre, observe la neige qui s’intensifie.
— C’est bien parce que c’est Noël que rien ne doit clocher.
Camille me fixe un instant, puis pose sa tasse sur mon bureau.
— C’est pour ça que tu refuses de déléguer ?
— Je ne refuse pas.
— Non ? Alors pourquoi es-tu encore là au lieu d’être en route pour retrouver June ?
Je soupire.
— Parce que j’ai du mal à croire que ce mariage soit une bonne idée.
Elle croise les bras.
— Moi pareil.
J’arque un sourcil.
— Alors pourquoi on ne fait rien ?
Elle esquisse un sourire en coin.
— Parce que June est amoureuse, et que l’amour rend sourd aux conseils avisés de ses aînés.
Je me passe une main sur la nuque, agacé.
— Il y a forcément un moyen de lui ouvrir les yeux.
— Et tu comptes le trouver en rencontrant le chef du banquet ? Tu n’as même pas voulu voir la wedding planner, qui est pourtant très compétente, elle ricane.
Je souris.
— J’aurais dû. Après tout, c’est moi qui paye.
Puis je croise les bras.
— À défaut de la dissuader, je désire au moins que le mariage de ma petite sœur soit parfait.
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Merle Hewitt
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Il y a 3 heures
Oswine
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Il y a 14 jours
Ady Regan
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Il y a 22 jours
Bianka Msria
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Il y a 22 jours
Gottesmann Pascal
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Il y a 23 jours
Bianka Msria
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Il y a 22 jours