Fyctia
Fils de chihuahua sous prozac
Blake
27 Novembre, Denver.
— Fils de chihuahua sous Prozac ! Tu vas voir si je suis hystérique !
D’un geste rageur, je repousse mon clavier, manque de renverser mon café encore tiède. Une goutte éclabousse mon pull crème en laine. Je peste en l’essuyant d’un revers de main. Autour de moi, les guirlandes lumineuses accrochées par Livia clignotent joyeusement, ignorant ma fureur.
Le salon, lui, ne reflète en rien l’ouragan qui gronde à l’intérieur de moi.
C’est un putain de catalogue de Noël Pinterest !
Une énorme couronne rouge et vert trône sur la porte d’entrée. Des chaussettes brodées sont suspendues à la cheminée, et dans un coin de la pièce, un sapin majestueux brille de mille feux. Orné de boules et d’étoiles scintillantes, il est parfait. Trop parfait.
Et l’on n’est qu’en novembre !
C’est une ambiance idyllique. Sauf que moi, je me sens à des années-lumière de cette féerie. Mon sang bout, mes doigts me démangent d’écrire une réponse cinglante, mais je me retiens.
À quoi bon ?
Ce serait exactement ce qu’il attend. Que je me ridiculise, que je lui donne une raison de me traiter d’hystérique, encore une fois.
Mon estomac est noué, mon souffle court. J'aimerais détourner les yeux. Fermer l’onglet. Supprimer mon compte.
Je n'aurais pas dû voir ça.
Je sais que je ne devrais pas espionner ses réseaux, que ça ne m’apportera rien de bon. Mais c’est plus fort que moi. Chaque fois que je pense avoir tourné la page, un détail me ramène en arrière. Et là, ce n’est pas juste un détail, c’est une claque en pleine face !
L’objet de ma colère ? Ronan. Mon ex. L’homme qui m’a brisé, puis piétiné, avant de s’en aller en sifflotant.
Je me mords l’intérieur de la joue, crispe les mâchoires, et force mes yeux à quitter l’écran. Mais c’est trop tard. L'image est déjà gravée dans mon esprit.
L'enfoiré rayonne sur une carte postale romantique.
La photo est parfaite. Un cliché digne d’une publicité pour des vacances de luxe. Ronan, vêtu d’un manteau en cachemire beige, serre tendrement sa fiancée de dos sous une arche illuminée. Tout est calculé. L’angle flatteur. L’éclairage doré qui adoucit leurs silhouettes. L’ambiance est douce et féérique, une fin d’année idéale. Pour eux.
La légende sous le cliché est un coup de poignard.
« Hâte d’épouser la femme de ma vie. »
Mon estomac se noue. Mon souffle se bloque. Je ne devrais pas être surpris, et pourtant, c’est comme une gifle en pleine figure. Le pire, ce ne sont même pas les mots de Ronan. Ce sont ceux de ses abonnés.
« Enfin avec quelqu’un à sa hauteur. L’autre était une plaie. »
« Trop content pour toi, mec. Il te rendait dingue, sérieux ! »
« Tu rayonnes ! Franchement, t’as échappé à l'enfer. »
Mes ongles s’enfoncent dans mes paumes, et un goût amer envahit ma bouche.
Une plaie. Voilà ce que je suis pour eux.
Une blague.
Un souvenir gênant à effacer.
Et Ronan, lui, s’en sort comme le grand romantique incompris qui a enfin trouvé la bonne personne.
Je ferme les yeux, mais la colère pulse en moi, sourde et brûlante.
L’image qu’il a laissée de moi est à vomir.
35 commentaires
Merle Hewitt
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Il y a un jour
Bianka Msria
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Il y a 6 heures
Oswine
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Il y a 16 jours
Bianka Msria
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Nora Rosen
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Il y a 17 jours
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Il y a 6 heures
Lucie Feyre
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Il y a 23 jours
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Gottesmann Pascal
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Il y a 23 jours
Bianka Msria
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Il y a 23 jours