Fyctia
Fils de Chihuahua- Partie 2
Blake
Je secoue la tête, ma gorge est serrée. Ce n’est pas moi. Ce n’est pas la vérité.
Je n’ai jamais été toxique. J’ai été dupé. Humilié. Ronan s’est servi de moi pendant des années, et quand il a eu mieux, il est parti sans le moindre remords. Mais au lieu d’assumer son rôle de connard, il a retourné l’histoire à son avantage. Il m’a trompé. Il m’a quitté. Et pourtant, je suis devenu le taré dans son récit.
Lui, c’est la victime courageuse qui a osé reconstruire sa vie après moi. Mes propres parents n’y ont vu que du feu.
J’ai envie de hurler.
Le sapin scintille dans mon champ de vision, et une boule rouge bascule doucement sur sa branche. Elle me nargue. Autour de moi, tout respire la joie et la magie des fêtes. Mais à l’intérieur, je suis en plein blizzard.
Je grince des dents. Mes doigts crispés s’accrochent au plaid en laine sur mes genoux. Ma gorge se serre à m’en donner la nausée, et pourtant, mes yeux restent fixés à cette putain de photo.
Mon cœur cogne contre mes côtes. L’écran de mon ordinateur devient flou. Pas à cause des larmes, je refuse de pleurer, mais parce que la rage me brouille la vue. Un grondement monte dans ma poitrine, une tempête prête à éclater. Mes poings se serrent, mes ongles s’enfoncent dans ma paume. Un désir puissant m'envahit. Celui de hurler, de frapper n’importe quoi, briser cette façade lisse et parfaite qu’il affiche au monde. Une envie de balancer mon ordi par la fenêtre, me traverse. Une envie de le voir exploser en mille morceaux, comme moi quand il m’a quitté.
Mais je ne fais rien.
Je me contente de rester là, à suffoquer sous le poids invisible de l’injustice.
Mes doigts lâchent enfin ma souris. Je l’éloigne du bout des ongles comme si elle me brûlait. Le café tiédi dans ma tasse m’écœure. Il a un goût amer sur ma langue. Comme tout en ce moment.
— Putain de fils de…
— Fils de chihuahua sous Prozac, on a compris.
La voix posée de ma colocataire me fait sursauter. Assise sur l’accoudoir du canapé, une mug de thé entre les mains, Livia me fixe d’un air mi-amusé, mi-exaspéré. Contrairement à moi qui suis impulsif, elle est la sérénité. Ses longs cheveux bruns sont ramenés en un chignon flou, et son regard noisette brille d’une patience que je ne mérite pas. Avec son pull vert sapin orné d’un renne ridicule et ses chaussettes à motifs de cannes en sucre, elle est l’incarnation vivante de l’esprit de Noël.
Bien sûr, le rôle du Grinch me revient.
— T’étais encore en train de stal… euh, de vérifier son profil ?
Je souffle et passe une main dans ma tignasse.
— Non.
Elle hausse un sourcil sceptique.
— Blake.
Je serre les dents et me laisse tomber dans le canapé.
— Peut-être.
Livia pousse un soupir exagéré et repose sa tasse avant de croiser les bras.
— Tu sais que c’est une mauvaise idée.
— Oui.
— Tu sais que ça va te faire du mal.
— Ouais.
Elle lève les yeux au ciel.
— Alors pourquoi tu continues ?
Je me renfrogne.
— Parce que j’aime souffrir, visiblement.
Elle secoue la tête, attrape un coussin et me le balance en pleine figure.
— T’es un abruti.
— Un abruti en colère.
— Un abruti qui va se bouger et arrêter de ruminer sur ce connard.
Je la fixe.
Elle me fixe.
Puis elle sourit.
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Oswine
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Bianka Msria
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Anna C
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