Fyctia

Pour une fois, Esther tient ses promesses. Mais je ne m'attendais pas à ce que Stella ait son téléphone et puisse voir les commentaires !

Nous discutons jusqu'à 21 heures. Jusqu'à ce qu'elle s'endorme, car, elle me laisse en remis. Et moi, aussi, je me couche. Je pense à demain. Je pense à après-demain. J'essaie de voir ce que l'avenir me réserve avec Stella, mais je n'en ai aucune idée. Mes rêves sont peuplés de Stella et moi. Moi, le vrai Maxym. Celui qui est capable d'être lui-même, sans avoir à se faire passer pour un mec fort et sans sentiments. Le vrai, il a des sentiments. Le vrai, il les exprime sans honte, sans gêne, sans peine. Le vrai, il est véritable, sans artifices, sans arrières pensées de mensonges pour se faire bien voir et être admiré. Et c'est Stella qui l'a libéré. Elle l'a fait sortir de ce cœur qui s'était érigé une barrière impénétrable. Elle l'a fait tout en douceur, en seulement quelques paroles. Et sa carapace s'est brisée. Maxym Castez, le garçon qui a perdu son grand-père, celui qui a pleuré tant de nuits après son départ, celui qui aime cette fille. Cette fille qui l'a fait changer. Cette fille qui lui a montré que rien n'est tout rose ni tout beau. Cette fille qui lui a montré que tout le monde n'est pas aussi parfait qu'il le prétend. Que chacun a ses défauts et ses failles. Et c'est bien normal. Et c'est humain. Et maintenant, je l'ai compris.

Le lendemain, je ne cherche plus à me cacher quand j'arrive à l'école. Je retrouve Stella directement et la prends par la main. Non, plus personne ne verra le Max extraverti qui boit cul sec à chaque soirée, qui est indépendant, qui n'aime les filles que le temps d'une soirée. Fini. Terminé. Passé. Maintenant, Max se concentre sur le présent. Sur la fille avec qui il est. Et c'est lui que je veux être.

Lexia, Enzo et Loïc ne disent rien. Mais je vois le sourire triomphant de la première. Mais je vois les sourcils haussés du second. Mais je vois le regard du dernier. Mais je ne vois pas Esther arriver.

— J'peux te parler Max ? me dit-elle rapidement en regardant ma main liée à celle de Stella.

— Quoi ?

— Seul à seule.

— Non. Soit c'est là, soit c'est jamais.

Je ne me laisserai plus marcher dessus par cette fille. Je ne suis pas décidé à avoir des secrets pour ma copine.

Ce mot me fait tout drôle dans mon esprit.

Copine.

Petite amie

Amoureuse

Femme.

Mariée

Non non Maxym, on n'en est pas rendu là !!

— Bon... Je voulais m'excuser. Pour tout. Tout ce que je t'ai fait. À toi, à Stella, à ta famille, à tes amis. À tout le monde. Je... J'ai gâfé. Et pas qu'un peu. Mais si tu savais à quel point j'ai regretté, à chacune de mes actions. Je sais pas pourquoi je continuais. Je pense que j'avais plus que tout besoin de montrer que j'étais là, que j'appartiens à personne. Alors pardonne-moi pour quand on était ensemble. Pardonne moi pour toutes mes tromperies. Et pour lorsque je te provoquais aussi. Ça se faisait pas. Pareil pour hier. Je suis désolée, Stella. J'étais... Jalouse. En colère. Peinée. Il avait réussi à trouver une fille pour me remplacer. Mais surtout, elle n'a pas une poitrine volumineuse, ni des fesses bombées, et encore moins l'allure d'une bad Girl. Elle est juste une personne qui t'aime. Elle est juste une fille qui sait voir la valeur d'une personne, qui sait en prendre soin. T'as réussi à trouver une fille belle, intelligente, qui te mérite. Pas comme moi. C'est à cause de ça que j'ai publié tous ces commentaires, que j'ai voulu gâcher ta réputation. J'arrivais pas à me faire à l'idée que Maxym avait trouvé une autre fille qu'il aimait plus que moi. Mais je sais que c'était mal. Et je m'en veux terriblement. Je vous en prie, pardonnez-moi.

Elle débite son texte, comme apprit par cœur. Et pourtant je sais que ce n'est pas le cas. Elle le pense vraiment. Elle n'est pas capable de soutenir mon regard. Je la crois.

— Je ne te pardonne pas, dis-je après un instant de silence. Et je pense que tu t'attendais à cette réponse. Esther, je n'appartiens à personne et encore moins à toi. Tu as essayé de détruire ma vie – notre vie.

Elle hoche la tête et je crois voir une larme couler le long de sa joue. Une larme remplie de maquillage.

— Esther, tu n'es pas mauvaise. Tes actions sont mauvaises. Au fond, tu es une personne de bien, capable de belles choses. Mais il y a toujours des parts d'ombres, de remords, de jalousie qui veulent prendre possession de nous. Tu les a suivies. Mais je sais que t'es capable de t'en détacher, de laisser de côté la Esther qui veut du mal, qui se comporte comme une princesse. Tu peux être la vraie Esther, celle qui habite dans ton cœur. Change et construis toi à ton image, comme tu veux l'être, d'accord ?

Les paroles de Stella me bouleversent. Je ne pense pas qu'elles soient adressées juste à Esther, mais à moi aussi. Inconsciemment peut-être, mais aussi consciemment.

— Comment as-tu su pour mon beau-père ? lui demande-t-elle d'un ton poli mais froid.

Elle est capable de changer du tout au tout en l'espace de quelques instants. Bipolère ?

— Je... Je vous ai entendu discuter avec Maxym, dehors après le cours d'art plastique. Je suis désolée. Je suppose que toi aussi tu ne peux pas me pardonner.

— Non Esther, je peux pas. Mais tu peux te pardonner à toi-même. Change et fais le bien. Change pour le meilleur.

Elle hoche la tête et avec un petit signe de main, elle disparaît dans la masse des élèves regroupés.