Fyctia

Mon téléphone ne fait que vibrer, l'écran s'allume et s'éteint sans arrêt. Des notifications encore et encore. Et des messages honteux. Des messages qui me font rager. Des messages qui me font jeter mon téléphone contre le mur. Mes parents accourent dans la chambre. Ce n'est pas mon genre de fracasser tout sur mon passage. Ce n'est pas mon genre d'être empli d'autant de haine. Ils ne comprennent pas. Je ne comprends pas non plus.

Je récupère mon téléphone et sors dans l'air froid de la nuit de Paris.

Les étoiles brillent dans le ciel noir. La lune s'élève haut. Elle est presque pleine. La noirceur m'enveloppe. L'air me rafréchit. Mais je ne m'arrête pas. Je ne m'arrête pas jusqu'à atteindre la Tour Eiffel. Et seulement là, je m'adosse à un pilier et lève la tête vers ce ciel si froid et pourtant si chaud.

Les étoiles ont bercé mon enfance. Je passais mon temps à apprendre les constellations, à imaginer des histoires sur les étoiles. Je passais tout ce temps avec mon grand-père. Jusqu'au jour tragique. Jusqu'au jour où il m'a abandonné dans ce monde effrayant. Seul. Je me sentais comme un point minuscule perdu dans l'immensité de la Terre. Je me sentais si vide. Ce vide, il s'est creusé au fur et à mesure que j'ai compris, avec mon petit cœur d'enfant, que Grand-Papa ne reviendrait pas. Ne reviendrait plus. Qu'il était parti. À tout jamais. Je me souviens n'avoir lâché aucune larme, parce que mon frère n'en lâchait aucune. Et qu'il était mon modèle. Alors, j'ai résisté, j'ai affiché un visage de marbre. Et je me suis renfermé. Renfermé sur moi-même. Je me suis laissé disparaître dans l'image qu'on attend d'un homme: fort, qui ne montre pas ses émotions. Je me suis cloîtré dedans à sa mort. Je ne regardais plus les étoiles. Je ne pleurais plus pour un rien. Je ne pleurais plus du tout.

Le Maxym d'avant avait disparu. Il a été remplacé par un sosie. Un qui est un homme. L'autre est resté enfermé dans mon cœur. Jusqu'à la rentrée. Jusqu'à ce que je la vois. Jusqu'à ce qu'elle entre dans ma vie. Il est sorti de sa cachette. Il est sorti et j'ai du mal à le faire rentrer. Et maintenant, je lâche toutes les larmes qui ont voulu couler tant de fois. Je lâche ses larmes qui me brûlent comme un feu, qui me rendent faible. Parce que je suis faible. Ils s'emprènent à ma vie. À la fille que j'aime. À celle qui hante mes pensées. Qui hante ma vie. Qui est dans mon cœur. Elle a fait sortir l'ancien Maxym. Et il est énervé. En colère. Haineux. Comme jamais.

Mes pas me conduisent vers chez Esther sans que je ne m'en aperçoive.

Hé Max, t'as vu ce qu'il se passe ?

Max ! Sérieux, c'est quoi ses rumeurs ?

D'où ça sort ça sur Stella ?

Attends... C'est vrai tout ça ?

Wow ! Y a un gros paquet qui vient de sortir sur Insta !

Maaax ! Go sur Insta ! Dépêche !

T'étais au courant ? Pour Stella ?

Hé ! Tu sors avec la nouvelle ?

Eh ben ! Tu nous en avait pas parlé.

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Stella Bella, pas si belle que ça, pas si étoile que ça. Juste une petite nouvelle qui sait pas se défendre. Juste une fillette qui s'est fait violer par son beau-père.