Fyctia

Je sursaute et hurle.

- NE ME TOUCHE PAS !

Je bondis du lit et entends des bruits de pas dans l'escalier.

- Lala ! crie maman.

Je me précipite dans ses bras, en pleurs. Il n'y a plus un bruit dans la pièce. Quand je relève la tête, je vois papa assis sur mon lit. Quant il voit que je le regarde, il esquisse un petit sourire et lève les mains en l'air, l'air de dire je ne te veux aucun mal. Je suis mortifiée. Je n'ose plus croiser son regard. Papa. C'était papa. J'ai fui papa. Alors que je voulais le revoir. C'était papa. Pas David. Pitié, pourquoi j'ai fait ça ? Pourquoi je n'ai pas regardé avant de réagir ? Pourquoi me hante-t-il tant ?

— Stella, ce... Ce n'est pas grave, d'accord ? murmure-t-il, brisant le silence qui s'était installé.

Si, c'est grave. Si. Il ne peut pas comprendre à quel point je m'en veux. C'est papa. C'est pas David. Et j'ai réagi comme avec David.

— Stella, regarde moi.

Je tourne mes yeux remplis de larmes vers lui. Il m'observe, peiné, mais un fin sourire sur les lèvres.

— Je comprends. C'est dur. C'est pas grave. Tu n'as pas à t'en faire, d'accord ?

Je hoche la tête, peu convaincue, mais essayant de me rattraper.

— Allez, fais tes devoirs, on mange dans une heure, et tu pourras nous raconter ta journée ! intervient maman en me lâchant.

Ils me laissent seule dans ma chambre, et je m'allonge sur mon lit, la tête entre les mains. J'ai honte de moi. J'ai honte d'avoir réagi comme ça. Je suis grande, j'ai 17 ans bon sang ! Je n'aurais pas dû réagir comme une fillette de cinq ans !

Les devoirs m'importent peu, alors je les bâcle. Tant pis, je me rattraperai une prochaine fois. Je descends l'escalier et entends maman et papa parler. Le même endroit où j'ai entendu maman et David parler. Et ça ne s'est pas bien fini. Maman et papa ne se sont jamais très bien entendus après qu'il ait fait de la prison. . Ai-je raison d'avoir peur ?

- Nath, je vais le retrouver et l'égorger de mes propres mains. Il payera pour le crime qu'il a commis. Il payera pour ce qu'il a fait à ma fille et à ma femme. Il ne s'en sortira pas comme ça.

- Raphaël, Lala ne pourra pas se permettre de te revoir partir en prison. Elle t'en voudrait à mort.

- Et moi, je m'en voudrais si je ne fais rien pour vous venger. Je le connais, David. Je sais qui il est. Mieux que toi, même si tu as vécu avec lui. Je connais son passé, ses défauts, ses planques, sa vie entière.

- Il va falloir que tu m'en parles un jour. Comment le connais-tu ? Qui est-il pour toi ?

- Tu me haira. Tu me detestera. Tu me jettera dehors. Tu me bannira. Et je comprendrai.

La voix de papa se fait plus douce, ce n'est qu'un chuchotement. Je descends plusieurs autres marches. Je ne devrais pas écouter, mais c'est plus fort que moi. Je ne devrais pas être là, mais je veux entendre. Qui est réellement David ?

- Raphaël, si je dois cohabiter avec toi, si je dois te faire confiance avec Lala, si je dois t'accueillir chez moi, tu as le devoir de m'informer du danger que je cours avec cet homme dans les parages !

Le silence devient pesant, lourd. Lorsque papa reprends la parole, il se tourne vers l'escalier.

- Lala, tu peux descendre, je sais que tu es là.

Mortifiée, je descends les dernières marches et me tiens devant maman choquée et papa qui sourit.

- Stella Bella ! Puis-je savoir pourquoi tu nous écoutais ? s'écrie maman.

- Hum... je ne voulais pas vous déranger, mais j'ai envie de savoir qui est David.

Papa nous fait signe de nous asseoir et, après une dizaine d'inspirations et d'expirations, de bouche ouverte sans qu'un mot n'en sorte, il crache le morceau.

- C'est mon frère