Fyctia

*Souvenirs de scène de viol. Si besoin demandez-moi un résumé du chapitre.*

Des protestations fusent dans la classe à la suite de ses paroles.

Et je les comprends. Je pensais remplir ce questionnaire pour le professeur ! Pas pour que mon camarade sache qui je suis. Maxym. C'est lui qui m'a bousculé. Mon ventre se tord. Mes relations avec les garçons ne démarrent jamais bien. Et il me fait peur. Il me rappelle trop David. Tous les hommes me rappellent David. Mais je ne veux pas paraître pour une froussarde devant les amis de Maxym, qui, en plus, le regardent.

Je me tourne vers lui, et le trouve en train de fixer le vide, comme perdu dans ses pensées. Pendant ce temps, tous les autres groupes ont l'air de s'être mis au travail.

- Hé ! T'écoutes vraiment rien en cours toi ! je l'interpelle.

- Hein ? grogne-t-il en se tournant vers moi.

Agacée, je lève les yeux au ciel. Est-ce qu'il écoute parfois ou est-il toujours en train de rêvasser ? Ça ne m'étonne pas alors qu'il ait redoublé.

- Le prof a dit qu'on devait se présenter à notre camarade. Tu commences ou je commence ?

- Vas-y toi d'abord.

Je prends une profonde inspiration et me lance. Parler de moi, à découvert, devant un inconnu, je n'aime pas ça. Je me sens mise à nue. Il pourrait tout retourner contre moi un jour où l'autre. Alors je mesure mes mots, je fais en sorte qu'il me connaisse mieux, mais que tout ce qu'il sache de moi soit vague. Ne pas trop m'enfoncer dans les détails. Dans les éléments du passé. Rester centrée sur l'essentiel. Et parler. J'évite son regard, je me concentre sur ma feuille, faisant semblant de lire la feuille, alors que les mots sont flous devant mes yeux. Mes joues rougissent. Je déteste les regards des gens sur moi. En particulier le sien.

Je ne sais pas ce qui m'a pris, tout à l'heure, de rigoler lorsqu'il est tombé de sa chaise. Je ne veux pas qu'il croie que je m'intéresse à lui. Ni même que je l'aime. Ou que je me moque. Peu importe. Je ne veux pas avoir de lien avec lui. Ni de proche, ni de loin. Il me fait peur, sans que je ne puisse l'expliquer.

- Je m'appelle Stella Bella, mon nom de famille vient de mon père. Jolie étoile, ça veut dire. Je suis nouvelle dans cette école, mais c'est moi qui aie décidé de venir ici. Je voulais du changement. Heu... Je suis passionnée par tout ce qui est philosophie, astronomie. En sortant d'ici avec mon bac, je veux être éditrice. Et écrivaine.

Mon discours est nul, mais je ne dirai rien de plus. Pas un mot. Il ne doit pas savoir qui je suis réellement. De toute façon, il n'a pas l'air de m'avoir écouté. Je me tourne vers lui, la tête penchée sur le côté, et lui dit:

- À toi.

Il m'observe avec des yeux ronds, une légère peur dans ses pupilles.

Le professeur arrive devant nous, écoutant Maxym.

- Heu... Je m'appelle Maxym Castez, je redouble ma terminale parce que je n'ai pas pris cette année avec sérieux l'année dernière. Hum. J'aime... Heu... Je veux devenir avocat dans le milieu juridique parce que ça me tient à cœur d'aider les victimes de violence conjugales, de vol de propriété, de viol,...

Je décroche. À ce dernier mot, les souvenirs remontent à la mémoire et je revis la première fois où il est venu.

Mon sommeil est agité. Je viens juste de m'endormir. Enfin, je crois. Mon cerveau s'agite. Un cauchemar. Enfin, je pense. Il y a un grincement de porte, puis un léger claquement. J'ai froid.

Je me tourne et retourne dans mon lit, mais j'ai l'air d'être prisonnière. Mes mouvements sont entravés par une chose lourde au-dessus de moi. Qu'est-ce que c'est que ce cauchemar ? J'ai tellement l'impression que c'est réel.

Lorsqu'une main se glisse sur mon ventre, je sursaute et ouvre les yeux. Sur le moment, je ne peux pas dire si je rêve encore ou si je suis réellement réveillée. Après coup, je sais que j'étais réveillée, que ce n'était pas un rêve.

Assis sur moi, le visage de David traverse l'obscurité. Que fait-il ici ? Y a-t-il un problème ? Je n'ai aucune réponse. Je sens seulement sa main remonter vers ma poitrine. Je n'ai pas de brassière. Je retiens mon souffle. Ses yeux brillent dans la noirceur de ma chambre, sa langue passe sur ses lèvres. On dirait un prédateur affamé. Il voit que je suis réveillée. Et me sourit. Il ne retire pas sa main. Il continue, monte plus haut. Je peux la sentir s'approcher de mon sein gauche. Mon souffle se bloque. Quoi ? Pourquoi? Il n'a pas le droit, si ? Il avance de plus en plus, ne remarque pas ma mine effrayée. Il fixe mon tee-shirt. Comme si, rien qu'avec un regard, il pouvait voir au travers. Je suis persuadée qu'il pouvait voir au travers.

- David ? je chuchote dans un souffle, trouvant enfin le courage de parler.

Son regard se reporte sur moi, il me sourit et s'allonge sur moi. Puis, il me murmure dans l'oreille, une phrase que je retiendrai toute ma vie.

- Ne t'en fais pas Lala, tout va bien.

- Tu fais quoi ?

Cette fois, j'ai monté le ton de ma voix. Il regarde la porte et pose son autre main sur ma bouche.

- Chut Lala, ta maman dort, il ne faut pas la réveiller.

- Mais tu fais quoi ?

- Je m'occupe de toi. Je dois juste vérifier quelque chose, me dit-il.

Sa main me caresse la courbe de mon sein. La panique prend possession de moi, et je tente de me débattre. Il n'a pas le droit. Je connais assez les agressions sexuelles pour savoir que c'est de l'attouchement et de l'inceste.

- T'as pas le droit, David. Tu dois vérifier quoi ?

- Lala, ne me fais-tu pas confiance ?

Je meurs d'envie de lui répondre non.

- Je dois vérifier une petite chose, c'est tout, laisse-toi faire, continue-t-il. Et bien sûr, tout cela restera entre nous. Tu ne diras pas un mot à ta mère, d'accord ?

Je ne réponds pas.

Il me touche.

Je serre les dents. Maman doit être au courant.

Il s'amuse sur moi. Je sens un truc dur contre mon bassin au fur et à mesure qu'il joue.

Je veux pleurer. Lui dire d'arrêter. Qu'il n'a pas le droit. Mais il sait qu'il a gagné. Que je ne dirai rien. Mais il attend ma réponse. Une réponse que je ne peux pas lui donner. J'aimerai le sortir de sur mon lit, crier, hurler, appeler au secours. Je ne fais rien. Et alors qu'il relève mon tee-shirt, je murmure la réponse qu'il veut.

- Ok.

Il arrête. Il s'en va. Il me laisse tremblante sur mon lit. Je ne veux pas y croire. Je ne peux pas. Et pourtant, lorsque je me relèverai le matin, que je me déshabillerai devant le miroir, je verrai sa trace de main. Sur moi. Sur mon corps. Sur mon esprit. Et je sais qu'il reviendra.