Naelly2023 Reasons why... Chapitre 1 ♪ Stella

Chapitre 1 ♪ Stella

Mes chaussures claquent sur les plaques de béton de la maison.


Papa.


Il est assis à la table, deux autres hommes avec lui. Dès qu'il m'aperçois, son sourire s'illumine et je cours dans ces bras. Avec lui, mes journées sont plus simples. Rien que la perspective de le revoir à chaque fois, je souris.


Et depuis une semaine, mes sourires sont devenus de moins en moins fréquents. À cause de David. Mais, au moins, maman essaye de me remonter le moral. Et lui, il n'est plus à la maison.


— Appel au 17. Que puis-je pour vous ?


— Un homme a agressé ma fille de dix-sept ans.


— Je vous localise au 4950 rue Clignancourt, à Paris. Est-ce exact ?


— Oui.


La voix de maman résonne étrangement. La police. Lorsque David est parti, maman n'a pas hésité une seconde avant de prévenir les autorités. Et moi, depuis bientôt dix minutes, je suis penchée au-dessus de la cuvette des toilettes en train de vomir. Je me force. Mais, me vider de l'immondicité de ce qu'il me fait vivre est plus important que la brûlure dans l'estomac que je ressens.


— Connaissez-vous l'homme ? relance l'officier.


— David Bourgin, 48 ans, ancien casque bleu, travaille maintenant dans les bureaux de l'entreprise des casques bleus, répond maman d'une voix tremblante.


— Compris. Savez-vous où il pourrait se trouver ?


— Non. Il vivait chez moi avant, mais lorsque j'ai appris ce qu'il faisait vivre à ma fille, je l'ai dégagé d'ici.


— Nous allons lancer les recherches madame. En attendant, si vous avez d'autres informations supplémentaires, veuillez nous en informer à tout moment.


— D'a... D'accord. Merci.


Maman s'apprêta à raccrocher, mais l'officier reprit.


— Si votre fille a besoin d'un quelconque soutien, il serait bien de l'envoyer voir un médecin.


Maman ne répondit pas et raccrocha.


Maintenant, je ne peux que laisser mes larmes s'échapper. J'ai tellement de choses à lui dire, tellement d'informations à lui conter... Mais j'en suis incapable.


Il doit sentir que je ne vais pas bien, et me sert encore plus fort. Je sais qu'il veut savoir ce qu'il se passe, mais qu'il attendra. C'est papa. Et papa ne me presse jamais, malgré sa curiosité. À côté de lui, ses collègues ont le regard sur lui. Ils sourient. Je n'en prends pas compte. Papa finit par me relâcher, mais garde ma main dans la sienne.


Maman se tient derrière moi. Elle regarde amoureusement papa. Des sentiments, elle en a encore pour mon père. Seulement, elle s'était résolue à passer à autre chose. Seulement, elle n'y arrive pas. Papa l'avait mis en garde contre David.


— Nath, c'est pas un bon gars ce David, avait-il dit.


— Qu'est-ce que t'en sait ? Je passe à autre chose, c'est tout. Je ne peux pas t'attendre éternellement en ayant peur que tu replonges dans l'alcool et ton trafic de drogues. C'est fini. J'ai sans cesse eu peur que la police nous rende visite un de ses quatre pour annoncer ton arrestation devant Lala. Tu sais la peur que je ressens chaque jour ?


— Je suis désolée Nath. J'ai gaffé.


— Je m'en fiche. C'est fini. J'ai rencontré un autre homme qui saura être là pour ma fille. Et cet homme, c'est David.


— Nath, fais pas ça, je t'en prie. Tu ne le connais pas aussi bien que tu devrais.


Une lueur suppliante est dans ses yeux.  Tenant la main à maman, je ne comprends pas la mise en garde de papa. Pourquoi se plaindre de David ? Je ne l'aime pas, seulement car il a pris la place de papa à la maison. Mais il est gentil, drôle et aimant. Mais papa n'a pas l'air de l'apprécier.


— Nath, je t'en supplie, éloigne-toi de David. Ce n'est pas l'homme qu'il te faut. Oublie moi si tu le souhaites, mais ne choisis pas David.


Maman n'attend pas qu'il ait terminé sa phrase et fait demi-tour. Je jette un coup d'œil désespéré à papa, mais suis maman qui m'entraine vers la sortie.


— Lala, fais attention à cet homme. Il n'est pas celui qu'il veut faire croire. Fais attention je t'en supplie.


Ces derniers mots me reviennent en mémoire et je ne peux m'empêcher d'en vouloir à maman. Si elle avait écouté papa, rien de tout ça ne serait arrivé.


— T'avais raison papa, je murmure. Pour David.


Je vois son visage se décomposer. Je sens sa main me serrer davantage.


— David ? Qu'a-t-il fait ?


Je ne réponds pas. Je ne suis pas capable de dire cette vérité tout haut. Je ne peux pas l'accepter. Alors je me tourne vers maman. Elle comprend mon incapacité à parler et c'est elle qui explique à papa. Elle lui raconte ce qu'il s'est passé. Et il blanchit. À la fin du récit de maman, il soupire de frustration et frappe la table avec son poing.


— Bordel de merde ! hurle-t-il.


Ses collègues nous laissent seuls, me jettant un regard désolé.

Je sais que papa s'en veut.


— Si j'avais pas fait de la foutue prison, j'aurais pu être là. Il t'aurait rien fait. Putain, j'm'en veux !


La tête entre les mains, il répète ses paroles.


— C'est ma faute, Lucas. C'est la mienne. Je ne t'ai pas écouté. J'aurais dû. Tu m'avais mise en garde contre lui, murmure maman.


Le silence se fait dans la pièce, je regarde mes pieds, mais je sens le poids des regards que me jettent mes parents. Ils sont inquiets. Et je ne peux que les comprendre.


— Bon, sinon Stella change de lycée pour faire sa terminale ! relance maman.


— Ah oui ? C'est lequel ? demande papa.


— Le lycée Condorcet Paris, je réponds.


— Tu as hâte d'y aller ?


Est-ce que je veux y aller ? Non.

Pourquoi est-ce que j'y vais ? Je veux m'éloigner de chez moi. Recommencer un semblant de vie. Le problème, c'est David. Mais partout où j'irai, je sais que je le verrai. Il aura beau un jour où l'autre être enfermé en prison, il me hantera toujours.


Ça ne s'oublie pas du jour au lendemain.


Un homme vient chercher papa. La visite est terminée. Et je me sens vide. Comme à chaque fois que je repars. Ces moments durent peu de temps.


— Oh ! D'ailleurs.... commence mon père.


Maman et moi nous retournons en même temps. Papa nous regarde, un sourire illuminant son visage.


— D'ailleurs,... Je sors lundi. Je pense que je vais louer un petit appartement en centre-ville.


Lundi... On est vendredi ! Je bondis dans les bras de papa et éclate en sanglots. J'ai attendu ce moment pendant tellement de temps. J'ai espéré tellement de fois qu'il revienne avec nous. Que je puisse me confier dès que j'en ai besoin. Que je puisse le voir chaque jour. J'ai rêvé tant de fois qu'il revienne à la maison.


— Viens à la maison, s'il te plait ! parviens-je à articuler entre deux hoquets.


Papa me lâche et regarde maman, une question dans les yeux: je peux ? Au moins pour notre fille.


Elle sourit.

Et hoche la tête.

Et je pleure encore.

De joie. Plus de peur, ni de détresse. Pour la première fois depuis plusieurs jours, la joie me rend visite et chasse l'ombre qui avait pris la place dans mon cœur et mes pensées. Pour la première fois depuis plusieurs années, j'ose imaginer que mes parents puissent de nouveau sortir ensemble et être heureux.



Tu as aimé ce chapitre ?

6

6 commentaires

Cara Loventi

-

Il y a 3 mois

C’est dur ce que vit Stella, j’espère qu’elle aura gain de cause, c’est un parcours du combattant qu’il l’attend (enfin si tu choisis d’aborder ca dans ton roman) Voici une suggestion à prendre vraiment entre parenthèses : la voix des persos me donne plus l’impression qu’ils ont 13 14 ans que 17, surtout pour Stella. Du coup dans ton flash Back de ce chapitre il me paraît plus cohérent que dans les précédents. Je ne sais pas si je suis claire ?

Naelly2023

-

Il y a 3 mois

Je t'avoue ne pas avoir tout compris ^^" ?

Angel Guyot

-

Il y a 4 mois

Chapitre vraiment prenant et émouvant, bien écrit
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.