Fyctia
Prologue ★ Maxym
Oh non ! Que fait-elle ici ?
Je descends l'escalier sans me presser. Maman pense encore que nous sortons ensemble. Dois-je embrasser Esther ? La faire rentrer dans la maison ? Ou qu'on sorte ? Et quel rôle dois-je endosser ? Quel Max est utile dans cette situation ?
Lorsque j'ouvre la porte, une toute autre décision est prise.
— Salut Maxou, me lance-t-elle en battant de ses faux cils.
Comme si ça pouvait encore m'amadouer. Avant, oui. Maintenant, non.
— On sort, m'man ! je lance avant de mettre mes baskets et claquer la porte.
Esther me suit, ses mains liées devant elle, ses chaussures à talon frappant le sol.
— Mon chéri, je... commence-t-elle.
— La ferme, je lui lance sans ralentir l'allure.
Elle est obligée d'accélérer pour ne pas me perdre de vue.
— Maxou, je te pr...
— J't'ai dit quoi ? La ferme ! je la coupe.
— Faut qu'on parle Maxou, dit-elle sèchement.
Le ton de sa voix a changé. Alors qu'il était avant doux et mielleux, comme pour appâter un animal sauvage, elle a maintenant compris que je ne suis plus cet animal. Son ton est dur et froid.
— Y a rien à s'dire Esther.
— Si, faut parler Max, t'es en colère après moi, et je sais pas pourquoi.
Je me retourne et rigole d'un rire froid. Un rire qui n'a rien de drôle.
— Tend-tend ! Tu me dis que tu ne sais pas pourquoi j'suis en colère ?
— Bah oui, je sais pas pourquoi, moi ! réplique-t-elle.
— Tu plaisantes, hein ?
À présent planté au milieu du trottoir, je rigole haut et fort. Les quelques passants me regardent, comme si j'étais un fou échappé de l'hôpital psychiatrique. Mais je ne peux pas me contrôler. La situation n'a rien de drôle et je le sais, pourtant, je ne peux m'empêcher de rire.
— Maxou,...
— Arrête de m'appeler comme ça !
— Maxym, parle moi de ce qui se passe, moi, je n'en ai aucune idée, et fasse à ton mépris, je me sens tellement mal à l'aise. Sans toi, je suis perdue dans ce monde immense. Tu es ma lumière dans l'obscurité.
— Non, arrête. Avoue, ta phrase tu la sort de Pinterest, hein ? Ces mots sont vides de sens, tellement immondes lorsqu'ils sortent de ta bouche.
— Max, je t'en...
— Tu veux savoir ce qu'il se passe ?
Cette fois, je suis en colère pour de bon. Et ça ne m'arrive jamais de sortir de mes gonds aussi fort. Pourtant, là, je ne peux plus tenir. J'ai renfermé trop longtemps dans mon cœur ce que je voulais dire. Il faut que ça sorte. Alors, ça sort. Ça s'échappe aussi violemment qu'une tornade. Les mots fusent comme si la grêle tombait au sol. Ils attaquent Esther et je vois son visage se decomposait au fur et à mesure qu'elle en prend conscience.
— Tu n'es qu'une salope. Tu ne vis que pour les gars. Quand je suis sortie avec toi, je pensais avoir trouvé la fille parfaite, avec qui j'allais bien m'entendre. Tu vois, c'est pas l'cas. Tu vois, toi t'es tout le contraire. Toi, tu provoques n'importe qui, malgré que tu sois en couple. Tu ose coucher avec n'importe qui pourvu qu'il ait des couilles. Et tu te demandes dans tout ça, pourquoi j'suis en colère ? Est-ce que tu comprends le mal que tu m'fais ? Est-ce que tu comprends ce que j'peux vivre ? Bah non, parce que y a que Madame Esther la populaire et son p'tit toutou Maxou Chéri. Avoue c'est comme ça que tu me vois. Avoue que tu m'a jamais considéré comme quelqu'un, mais plus comme un simple passe-temps. Avoue-le une bonne fois pour toutes. T'façon, t'as pas besoin de moi, t'as d'jà Nolan. Bah ouais, entre populaires de l'école vous devez bien vous entendre, hein ?
Ces mots, je les conserve depuis trop de temps. Et ça m'a rongé. Et ça me détruisait. Mais elle, ça l'a fait rire. Oui, elle explose de rire.
— T'es grave drôle Maxou ! T'es trop jaloux, tu sais ? Ouais, j'suis la populaire de l'école, mais au bout d'un moment, habitues-toi. Je t'appartiens pas, je vis ma vie comme j'le veux et c'est pas toi qui va changer ça, tu le sais très bien. Donc, si ça te plaît pas, je m'en fiche, de toute façon y aura toujours quelqu'un pour te remplacer.
Ses mots me giflent. Elle me les crachent au visage, elle rie de ma tirade. Elle n'en a rien à faire de moi.
— Très bien. C'est fini. Dégage. Je veux plus te revoir. Plus jamais. C'est clair ?
— Ouais, ça sera mieux pour toi. Moi j'm'en fous royalement.
Je reprends le chemin de la maison, la haine m'envahissant peu à peu. En passant devant elle, je la bouscule et elle laisse échapper un gémissement pitoyable lorsque mon bras cogne sa boucle d'oreille démesurée. Tant pis pour elle.
Mais au fond de moi, ces paroles, je le sais, je n'aurais pas dû les dire. J'aurais dû les garder en moi, rester avec Esther. Je me retrouve seul. Encore une fois. Avec mes sentiments.
Je suis seul.
Plus aucune chaleur.
Plus rien.
C'est fini.
Pourquoi est-ce que je ne suis pas capable d'exprimer l'amour, la tendresse, la douceur ?
Pourquoi est-ce que c'est la colère qui est sortie ?
Suis-je normal ?
Je me déteste.
Tout ça, c'est ma faute. Ces mots, certes, les méritaient en partie, mais pas tous. Dans cette histoire, moi aussi j'ai fauté. Si je lui avais prouvé mon amour, si j'avais su être là pour elle, être doux avec Esther, elle ne m'aurait jamais lâcher si facilement.
Quel est donc mon problème ? Pourquoi ne puis-je pas agir comme tous ces couples qui se disent des mots doux à longueur de journée, qui s'offrent des petits cadeaux, se bécotent dans les couloirs de l'école, vont boire un verre ensemble ? Pourquoi suis-je obligé de me renfermer dans ma solitude, de mentir lorsqu'elle m'invite chez elle, de prétendre l'aimer alors que je ne sais pas le montrer.
Je t'aime est une phrase si compliquée.
Dure à prononcer.
Et je n'y arrive pas.
Je n'y arriverai probablement jamais.
24 commentaires
Cara Loventi
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Il y a 3 mois
Sabrina PAUGAM
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Il y a 3 mois
Naelly2023
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Il y a 3 mois
Olympiaa
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Il y a 3 mois
Naelly2023
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Il y a 3 mois
Angel Guyot
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Il y a 4 mois