Fyctia
Chapitre 7* - SKYE
Les rayons du soleil qui filtrent à travers la fenêtre me tire de mon sommeil. J'ouvre péniblement les yeux, les souvenirs de la veille envahissant peu à peu mon esprit embrumé. Mon bras me fait encore souffrir au moindre mouvement, ce qui suppose une blessure plus grave qu'une simple contusion. Cet accident ne pouvait pas plus mal tomber, juste avant le rush des fêtes.
Je tente d'étirer mes jambes, mais mon geste est entravé par une masse derrière moi. Une masse... qui respire ! Je baisse les yeux sur ce bras enroulé sous ma poitrine qui, de toute évidence, ne m'appartient pas. Mes muscles se crispent en réalisant peu à peu que le corps de Jaden épouse chaque centimètre du mien. C'est pas vrai !
Mon cœur dérape. Son souffle régulier dans ma nuque, la chaleur de son corps, son odeur... je devrais me dégager tout de suite de ce guet-apens, mais je suis incapable de faire le moindre geste, partagée entre l'envie de lui en coller une et celle de le sentir encore plus proche de moi. Je me maudis intérieurement d'être aussi vulnérable.
Je tourne lentement la tête et tombe sur deux yeux noisette qui m'observent.
— Putain, Jay ! m'exclamé-je. Depuis quand t'es réveillé ? Et pourquoi tu es collé à moi comme une putain de sangsue ?
— Ça fait beaucoup de putain pour une heure aussi matinale...
Sa voix encore endormie, plus rauque que d'habitude, me trouble davantage. Je rampe dans mon sac de couchage comme un serpent afin de m'éloigner le plus vite possible.
— Tu comptes aller où comme ça ? s'esclaffe-t-il.
Je roule sur le dos, ignorant la douleur lancinante dans mon bras, puis me redresse tant bien que mal à l'autre bout de la pièce.
— Skye... tu peux t'arrêter une seconde ? C'est toi qui m'as demandé de venir, tu tremblais de froid !
Je me fige un instant. Les souvenirs me reviennent en pleine figure, les uns après les autres, et je me sens tout à coup embarrassée par cette situation.
— Peu importe ! Reste loin de moi, Foster !
Je prends une longue, une profonde inspiration pour calmer la rage qui bouillonne en moi. Ma réaction est injuste, disproportionnée, mais cette proximité, sa voix et son regard remuent des émotions que je refuse de ressentir. Sans attendre, je remballe mes affaires à la hâte avant de quitter cette maudite cabane.
À l'extérieur, le soleil brille de toute sa puissance dans un ciel sans nuage. Une légère brise se faufile entre les branches, décrochant des tombées de neige par moment. Mon esprit s'apaise dans ce silence ambiant. J'avais besoin d'un moment seule pour remettre mes idées en ordre et retrouver un semblant de dignité. Tu as passé la nuit dans ses bras ! Cette pensée me déstabilise, me pique là où ça fait mal. Ce n'était rien d'autre qu'un moyen de survivre au froid, et puis, il y avait au moins six couches de vêtements entre nous, on n'était pas complètement nus... stop !
Le grincement de la porte me fait sursauter.
— Écoute Skye, je suis désolé si...
— Non. Oublie ça, d'accord ? Il faut se mettre en route.
Jaden se contente de hocher la tête sans rien ajouter. Si cela semble facile pour lui, oublier ce rapprochement et notre discussion de la veille sera plus compliqué pour moi. J'ai bien failli flancher lorsqu'il a évoqué les baisers arc-en-ciel. Ma tête refusait d'y repenser, mais mon cœur... il ne rêvait que d'y goûter à nouveau. Ça suffit, oublie tout ça !
Sans attendre, je prends la tête de la marche. Si mes calculs sont bons, nous devrions atteindre l'endroit où nous avons perdu le groupe plus ou moins en même temps qu'eux. Pour autant qu'ils soient partis à l'heure prévue du col d'Aylmer.
— Ça va ton bras ? me demande Jaden au bout d'un moment.
Je m'apprête à l'envoyer sur les roses, mais me ravise au dernier moment.
— Pas vraiment, mais j’espère être vite rétablie. Je ne peux pas me permettre d'être en arrêt.
— Des soucis ?
J'imagine qu'il se sent obligé de faire la conversation. Cela dit, je n'ai aucune envie de lui déballer mes problèmes financiers.
— Tu veux dire à part toi ? Non, aucun.
Le crissement de ses pas dans la neige s'accélère. Il me dépasse, puis se plante devant moi.
— Écoute, je suis désolé d'avoir bousillé ton week-end et…
— Bousillé mon week-end ? Tu penses que c'est ça le pire ? Je risque de tout perdre si je ne peux plus travailler !
La colère a parlé pour moi, une fois de plus, pourtant Jaden ne semble pas surpris par ma réaction excessive.
— Tu n'as jamais envisagé de faire autre chose ? Changer de vie ?
Sa question me prend de court. Il sait que Snowy Paws est bien plus qu'un simple job. C'est toute ma vie, mon foyer, ma passion. Du moins, il le savait à une époque.
— Non. Ma vie me rend heureuse, alors pourquoi je voudrais la changer ?
— Je ne sais pas... pour découvrir le monde, construire une carrière différente.
Ma colère se dissipe, laissant place à une peur qui me glace le sang. Si je n'ai jamais envisagé une autre vie que celle-ci, je n'aurai peut-être bientôt plus le choix. Et cet avenir incertain me terrifie.
— Je ne suis pas comme toi, Jay. Ma vie est ici, dans ces montagnes, avec mes chiens.
Il m'adresse un regard compatissant, comme si tout ceci l'impactait personnellement, alors qu'il n'en est rien. Jaden ne s'est soucié ni de Snowy Paws, ni de moi depuis des années.
— Parfois, le changement a du bon, réplique-t-il.
Je pousse un soupir. Cette conversation ne mène nulle part. Je ne comprends pas pourquoi il s'intéresse à ma vie, si ce n'est pour meubler le silence.
— Tu sais ce qui aurait du bon ? Que mon bras soit rétabli d'ici demain. C'est tout ce que je veux pour l'instant.
J'ai conscience que les chances sont quasiment inexistantes, vu la douleur et mon incapacité à bouger, mais l'espoir m'aide à garder la tête froide.
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petites.plumes
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Scriptosunny
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Ady Regan
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Ava D.SKY
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Mayana Mayana
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