Fyctia
Chapitre 4** - JADEN
— Oh ! Il est déjà presque 18 h, s'exclame ma mère. Tu veux bien accompagner Nana au marché de Noël ? C'est sa petite sortie du vendredi.
— Maman… je suis un peu fatigué du voyage.
— S'il te plaît, insiste-t-elle. J'ai prévu un repas spécial ce soir, pour fêter ton arrivée.
Son ton presque suppliant et son sourire irrésistible suffisent à me convaincre.
— Bon, très bien. On y va, Nana ?
Elle marmonne quelque chose avant de se lever. Je m'apprête à lui venir en aide, mais la vieille chouette me lance un regard qui suspend mon geste.
— Je peux très bien y aller toute seule, le marché est juste à côté ! vocifère-t-elle en se dirigeant vers le hall d'entrée.
J'ai à peine le temps d'enfiler mon manteau que ma grand-mère est déjà sortie. Si elle perd un peu la boule par moment, ses capacités physiques sont toujours intactes.
À l'extérieur, la nuit est déjà tombée. Je trottine pour rattraper Nana, puis attrape délicatement son bras. Jouer les baby-sitters pour la vieille femme ne m'enchante pas, sans compter toute cette effervescence de fêtes. J'ai passé l'âge de m'extasier devant un sapin décoré.
En arrivant au petit marché, les chants de Noël résonnent dans l’air, les guirlandes suspendues illuminent la foule d’une multitude de couleur, tandis que les différentes odeurs d'épices et de biscuits me donnent presque des vertiges.
— Tu veux aller où, Nana ?
— J'aimerais un vin chaud, il y a un stand juste là.
Je m'approche du comptoir pour passer commande quand une voix familière m'interpelle.
— Jaden !
Je me tourne face à l'homme aux longs cheveux attachés en chignon. Cal me tire dans une accolade amicale, me prenant au dépourvu. Je ne m’attendais pas à un tel accueil de la part de mon cousin.
— Quand j’ai appris que tu venais pour les fêtes, j’ai eu du mal à le croire ! Comment tu vas ? Tu pourrais appeler un peu plus souvent, quand même !
Son enthousiasme me balaie comme une rafale. Nous échangeons quelques banalités. Cal m’explique qu’il travaille comme guide à l'office du tourisme et organise des excursions en montagne. J'apprends également que toute la bande se voit encore régulièrement.
— D'ailleurs, ajoute-t-il, on a prévu notre rando annuelle le week-end prochain. Tout le monde a pu se libérer, un exploit ! Tu devrais venir.
— C'est gentil, mais je doute que ma présence soit la bienvenue.
— Ne dis pas de connerie ! Je suis sûr qu'ils seront tous contents de te revoir.
Je sais déjà que Skye ne sera pas ravie, elle a été très claire avec moi. Cela dit, cette sortie pourrait être l’occasion d’apaiser les tensions et avoir une vraie discussion.
— Je vais y réfléchir.
— Super, on se rappelle pour s’organiser. Je dois te laisser.
J'acquiesce d’un hochement de tête, puis Cal disparaît dans la foule.
J’attrape le gobelet de vin de chaud sur le comptoir, mais en me retournant, un frisson me parcourt l’échine. Nana n’est plus là. Et merde !
J’arpente le marché en long et en large à la recherche de la petite fugueuse grisonnante. Elle n’a pas pu se volatiliser. Et si elle avait quitté les lieux ? L’angoisse me tord les tripes tandis que je scrute les allées, fait le tour de l’immense sapin décoré et jette un coup d'œil près de la patinoire. Rien. Je viens à peine d’arriver et cette vieille emmerdeuse me cause déjà du souci.
Je pousse un soupir de soulagement lorsque je la repère devant un stand de bougies.
— Bon sang, Nana ! Tu veux me tuer dès mon premier jour ici ?
Elle interrompt sa discussion avec la vendeuse, puis me lance un regard espiègle.
— En voilà une idée intéressante, ricane-t-elle. Où est mon vin chaud ?
— J’ai cru que je t’avais perdu ! Il est au fond d’une poubelle, ton vin chaud !
Elle me demande de retourner lui en chercher un, dans le plus grand des calmes, puis reprend sa discussion avec son amie. Quelle emmerdeuse !
En balayant les environs du regard pour trouver un stand pas trop éloigné, mes yeux se posent sur le comptoir d’en face. Des petits chiens en bois sont exposés à côté d’une multitude de pâtisseries. Concentré sur les sculptures, je m’approche avant de lever les yeux sur les deux femmes derrière le stand.
— Deux fois en une seule journée, tu me poursuis ou quoi ? lâche Skye.
Stupéfait de la trouver ici, je cherche mes mots quelques secondes.
— Le monde ne tourne pas autour de toi, Skyttles.
Elle croise les bras sur sa poitrine tout en me fusillant du regard. Ce n’est pas de cette façon que je parviendrai à apaiser les tensions. Quel con.
— Tu as l’air en forme, Jaden, me lance Mona. Tu t’es enfin découvert une conscience ?
La jeune métisse est toujours aussi piquante et dévouée à son amie. J'admire leur amitié et une partie de moi est heureuse que Skye soit aussi bien entourée.
— Ravi de te revoir aussi, Mona.
J'attrape un sachet de muffins, puis mon regard passe sur les sculptures en bois. Elles sont magnifiques, bien mieux travaillées que dans mon souvenir. Je me rappelle avoir passé des semaines à tenter d'en créer une pour la surprendre. Son grand-père m'avait même donné un coup de main. Je me demande si elle l'a conservée.
— C'est six dollars pour les muffins et quarante pour le chien en bois, m'informe Mona.
— Quarante dollars ?
Elle croise ses bras en arborant un air tout à fait sérieux, pendant que Skye étouffe un rire dans son gant en laine.
— Je vois, c'est donc à la tête du client, ricané-je en sortant mon portefeuille.
Je dépose un billet de cinquante sur le comptoir sans lâcher Skye des yeux.
— Je suis content de vous avoir vues, ajouté-je, mais je dois retourner auprès de ma grand-mère.
— Tu parles de la femme qui vient de partir ?
Je fais volte-face, scrutant les alentours à la recherche de mon emmerdeuse préférée, quand j'aperçois sa petite touffe de cheveux blancs s'éloigner au milieu de la foule. C’est pas vrai !
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petites.plumes
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Il y a 2 jours
mima77
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Il y a 12 jours
Ady Regan
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Il y a 12 jours
Scriptosunny
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Ady Regan
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Sarael
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Ava D.SKY
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Ady Regan
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Il y a 24 jours
Soäl
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Il y a un mois