Fyctia

Le trajet passa rapidement. Il faut dire que Lola avait mis la radio à fond et que les trois sœurs

chantaient à tue-tête, s’échauffant la voix. L’odeur de parfum de ses sœurs, la broche contre

son cœur, toutes ces petites lumières dehors rendaient l’instant magique. Bientôt, Léa trouva

une place, la soirée allait pouvoir vraiment commencer.

— Prête à voir le vrai monde ! Lança Lola tandis que le café apparaissait au bout de la

rue.

La musique s’entendait de l’extérieur et les battements du cœur de Lilas se calquèrent sur la

mélodie. La nuit était fraiche et le vent soufflait dans ses cheveux, elle se sentait libre. Arrivées

à la hauteur du café, Léa leur demanda de patienter avant d’entrer, trois de leurs amies

devaient les rejoindre pour le karaoké.

— Je suis sûre qu’elles ne sont pas loin. Lâcha Lola en se mordant la lèvre, impatiente.

— Elles arrivent, confirma Lilas tout en rangeant son portable.

Elle avait reçu un SMS indiquant qu’elles venaient de se garer. Elle avait hâte d’entrer, elle

aussi, et son regard fut rapidement happé par ce qui se passait de l’autre côté de la vitre.

— Alors tu fais du lèche vitrine ! S’exclama Rebecca en arrivant à sa hauteur.

La belle blonde était connue pour ses aventures sulfureuses. Ces histoires faisaient souvent

sourire Léa, rêver Lola et lever les yeux au ciel de Lilas.

— En même temps je te comprends, poursuivit Rebecca en jetant un coup d’œil à son

tour.

Plusieurs jeunes hommes étaient assis au bar mais celui qui se tenait assis au milieu, en

marinière, avait quelque chose de plus qui fit rosir Lilas. Heureusement, Daphnée et Dori,

arrivées bras dessus bras dessous, firent diversion.

— Allez, c’est parti, lança Léa en franchissant le seuil.

La petite troupe pénétra dans le café. La lumière était chaude tout comme l’ambiance. Et

l’odeur de la bière et des tapas les accueillirent en même temps qu’un serveur, charmant,

selon Rebecca. Léa avait réservé et était une habituée, si bien que le jeune homme, Sébastien,

les conduisit tout de suite jusqu’à leur salle de Karaoké. En longeant le bar, Lilas croisa le

regard de l’inconnu qu’elle observait derrière la fenêtre quelques minutes auparavant. Ce

simple échange suffit à la troubler. Elle se sentit stupide et elle avait brusquement chaud, trop

chaud. Elle et se dépêcha de quitter son manteau. Ses amies remarquèrent immédiatement

sa nouvelle broche. Lilas rayonnait.

— Nous aussi on a des cadeaux pour toi ! S’exclama Daphnée.

— Pas tout de suite, la réprimanda Dori et les jeunes filles éclatèrent de rire.

La salle de Karaoké était petite mais cosy. Léa et Lola glissèrent sur la banquette tandis que

Lilas pris place à côté d’elles et les conversations allèrent bon train. Toutes parlaient fort pour

couvrir la musique. Le Karaoké allait commencer et Lilas devait ouvrir le bal. Elle était

concentrée quand la porte s’ouvrit sur le serveur et son plateau bien rempli. Derrière, l’inconnu

apparut, au loin, au bar. Il semblait d’ailleurs être au centre de l’attention de tous ses

compagnons. Se pourrait-il que lui aussi fête son anniversaire ce jour-là ? Se demanda Lilas

mais elle n’eut pas le loisir de réfléchir d’avantage, les premières paroles apparurent sur le

mur numérique et le son devint plus fort. Elle tenait fermement en main son micro, ses amies

leurs verres de Mojito. Sa voix, pure comme du cristal, raisonna dans toute la salle et ses amies

en eurent des frissons. Toutes se turent devant la beauté de sa prestation, ce qui voulait dire

beaucoup. Lilas ne pensait plus, elle vivait la chanson, les notes dansaient en elle, elle vibrait.

Quand la musique se termina, il lui sembla sortir d’un rêve.

— Tu as vraiment une voix magnifique ! Lâcha Rebecca.

— Tu devrais être chanteuse ! Renchérit Dori.

Lilas rosit à nouveau, il ne faudrait pas que ça devienne une habitude. Léa et Lola se lancèrent

à leur tour. Elles chantaient bien, elles aussi, mais la plus belle voix, c’était celle de Lilas, et elles s’accordèrent toute à le dire. Les musiques s’enchainèrent les fous rire aussi. Le groupe de

jeunes femmes passait une excellente soirée, si bien que les 3h de réservation défilèrent

en un éclair. Lilas fut pourtant satisfaite de quitter la fête car elle espérait recroiser le bel

inconnu. Elle enfila son manteau et observa par l’entrebâillement de la porte mais elle ne le vit

pas. Déçue, elle longea le bar, le groupe de jeunes hommes semblait avoir quitté le café.

— Je vais régler, j’arrive, dit Léa en rejoignant la file d’attente de la caisse.

— On va l’attendre dehors, il fait trop chaud proposa Daphnée.

Et les cinq filles sortirent. La différence de température était assez brutale et Lilas serra un peu

plus son manteau contre elle.

— Eh bien, ils n’ont pas l’air très frais, fit remarquer Rebecca.

Juste à côté d’elle, le groupe de garçons attendait également et le beau brun qu’avait repéré

Lilas se tenait accoudé au mur. Elle ne parvenait pas à le quitter des yeux, et ce, heureusement

pour lui...