May Darmochod Queue de poisson La rencontre

La rencontre

Lilas regardait secrètement, le marin. Elle l’avait surnommé ainsi à cause de sa marinière. Elle

ne comprenait pas comment il faisait pour ne pas avoir froid avec ce simple t-shirt. Son visage

était sombre, il fixait le sol, absent. Ses cheveux bougeaient légèrement dans le vent. Soudain,

il se décolla du mur comme un chewing-gum trop mou et avança en titubant. Il n’était pas

précis dans ses mouvements, comme si, happé dans un autre monde, il voyait le sol se

dérober sous ses pieds. Ensuite, tout alla vite. Elle le vit se rapprocher dangereusement de la

route et les phares, au loin, devenir soudainement près. Elle n’avait pas réfléchi et elle avait

agit. C’était sans doute le mieux à faire dans ces circonstances. Le marin allait traverser, le

marin allait se faire percuter alors elle l’avait attrapé et tiré vers elle. Vacillant, il était finalement tombé sur ses genoux. L’œil hagard, il avait plongé dans son regard envoûtant, un regard pâle, aux couleurs de la mer des caraïbes. Lilas était médusée aussi par ses yeux bleus profonds bien que légèrement vitreux et puis, rapidement, trop rapidement, les autres intervinrent.


— Comment ose-t-il s’asseoir sur ma sœur ! S’insurgea Lola.


Mais Lilas s’en moquait, elle souriait. Il s’agissait de son premier contact avec lui.


— Eric, lève-toi abruti ! S’exclama l’un des amis du garçon en marinière. Il l’empoigna par

le bras sans ménagement.


— Il ne t’a pas fait mal j’espère ? Il a trop bu, s’excusa pour lui une jeune femme que Lilas

découvrit. Elle avait de longs cheveux bruns qui lui descendaient jusqu’aux fesses et

des yeux pâles elle aussi. Elle portait un blouson court, ouvert faussement avec

négligence, pour laisser apparaître un décolleté plongeant.


— Je vais les garder sous haute surveillance, ajouta t’elle en faisant un clin d’œil. Elle se

voulait complice mais Lilas le perçu différemment.


— Il vaudrait mieux, répliqua Rebecca, avec froideur.


Et comme on attraperait son amie par le bras, cette dernière prit les poignées du fauteuil de

Lilas.


— On y va, on ne va pas se laisser gâcher la soirée.


Lilas ne protesta pas. Elle sentait encore l’odeur du jeune homme sur elle, un mélange de

musc et d’effluves d’alcool et puis elle sentait encore le poids de son corps, elle l’avait pris

dans ses bras ! Pour elle, la soirée était une réussite. Léa apparût sans se douter de ce qui

venait de se passer. Les autres lui expliquèrent sur le chemin qui les ramena à la voiture. Lilas

était aux anges, d’entendre qu’Eric était littéralement tombé dans ses bras mais Léa avait une

moue contrariée :


— Je suis désolée, ma chérie.


— Je crois que Lilas non, à en voir son sourire béat, lâche brusquement Rebecca.


Tous les regards convergèrent, une fois de plus vers la star de la soirée, ce qui la mis mal à

l’aise. Les amies se dirent au revoir avec chaleur, elles étaient un peu comme des sœurs. Et

le trio remonta en voiture. Lola ne faisait que parler de la soirée tandis que Lilas restait

silencieuse : il s’appelait Eric. Elle répéta plusieurs fois son prénom silencieusement. Eric, ça

s’approchait d’Eros, non ? Elle trouva à ce prénom toute la beauté et la poésie du monde.

Dehors, à travers la vitre, les lumières avaient changées ce n’était plus les habitations qu’elle

voyait briller mais les étoiles. Et avec la niaiserie touchante de l’amour, elle s’imagina que lui

aussi les regardait.


— Nous sommes pile poil à l’heure ! S’exclama Léa, en garant la voiture.


— La princesse rentre à temps, lâcha Lola, en souriant. Elles avaient toutes été bercées

par les contes de fées.


Quand elles passèrent la porte de l’appartement, elles découvrirent leur père installé à la table

de la cuisine. Il les attendait en compagnie d’une part de reste du gâteau d’anniversaire.


— T’es trop gourmand ! Plaisanta Anaïs, en le voyant.


— Le sucre me déstresse, répondit-il pour sa défense. Alors comment ça s’est passé ?


— Très bien, comme on te l’avait promis, assura Lola, et Lilas chante toujours aussi bien.


— Oui, c’était super ! Confirma Lilas.


Un poids sembla s'ôter des épaules du père tandis que les trois filles regagnaient leurs

chambres. Lilas enleva sa broche avec délicatesse, la remis dans sa boite et la déposa dans

le tiroir à côté du peigne. Elle passa, ensuite, un pyjama et se glissa sous la couette, sans se

démaquiller. Elle était trop fatiguée et puis elle espérait que ces vestiges de la soirée

empêcheraient que sa rencontre ne s’efface pendant la nuit. Il ne faudrait pas que tout ça ne

soit qu’un songe fugace.


Tu as aimé ce chapitre ?

10

10 commentaires

Sissy Jil Adan'S

-

Il y a 5 ans

Oh non, je voulais avoir la suite ^^

May Darmochod

-

Il y a 5 ans

Elle arrive ! :p

Little-Lilah

-

Il y a 5 ans

"Le sucre me destresse" : le même genre de phrase que ma mère disait quand je sortais moi-même le soir ou que je l'inquiétait, et qu'elle m'attendais avec un pot de glace ou des carrés de chocolat à la main 🤣 J'ai beaucoup aimé ce chapitre, comme tous les autres d'ailleurs. Je me demande ce qui lui est arrivé à ce pauvre Eric ! Comment se fait-il qu'il lui soit tombé dessus (littéralement) d'un coup. De la drogue ? Une parade un peu bancale mais quelque peu inédite pour pouvoir l'approcher ? La suite au prochain épisode, j'imagine ! 😇

May Darmochod

-

Il y a 5 ans

Merci à toi 🙏 Le sucre c'est mal mais ça fait du bien 😋 D'ailleurs, il y a souvent une tablette de chocolat pas loin quand j'écris. Pour le reste, je ne dirai rien ici. La suite au prochain épisode qu'il faut que je me dépêche de poster d'ailleurs ! 😅

Maidavale

-

Il y a 5 ans

J’ai relu la fin du premier épisode pour vérifier si je n’avais pas rêvé le fauteuil..... c’est très discret. J’attends la suite !

May Darmochod

-

Il y a 5 ans

Merci beaucoup pour votre commentaire !
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