Fyctia
15 ans
Lilas se tenait devant son miroir, droite. Elle observait sa tignasse de feu indisciplinée qui
semblait mousser autour de son visage. Elle n’était pas présentable. Un mouvement discret
des lèvres mais visible, quand on la connaissait bien, indiqua qu’elle allait agir. Son sourcil droit
s’arc-bouta et, déterminée, elle ouvrit le premier tiroir de sa coiffeuse. D’une main, elle palpa
les différents objets qu’elle y avait rangés ou plutôt entreposés. Sous sa paume, roulèrent
pinceaux, boites, rouges à lèvre quand, soudain, elle se piqua le bout du doigt. Elle venait de
trouver ce qu'elle cherchait ! Rapidement, elle sortit son peigne en nacre, édenté. Il ne lui restait que quatre dents mais elle ne s’était jamais résolue à s’en séparer. C’était un cadeau qu’on lui avait fait, il avait de l’importance pour elle et puis la matière était noble et il démêlait parfaitement sa crinière. Avec application, elle fit courir l’objet dans sa chevelure qui semblait de soie tellement le peigne glissait avec facilité. Il dénoua, comme des doigts de fées, le moindre nœud sans lui tirer les cheveux, aussi doucement qu’une caresse. Comme quoi, il ne fallait pas nécessairement souffrir pour être belle, pensa Lilas.
Au bout de quelques minutes, afin de s’assurer que tout était bien démêlé, Lilas passa une main dans sa chevelure puis vérifia l’heure sur son téléphone portable. La soirée allait bientôt commencer. Elle chercha, dans le même tiroir, son rouge à lèvres préféré, couleur corail, et le trouva avec plus de facilité. D’un geste sûr, elle redessina ses lèvres. Le tableau prenait forme pourtant sa peau était toujours aussi pâle et ses yeux, pas assez valorisés. Il fallait qu’elle remédie à cela ! Elle avisa le pot à crayons posé sur sa coiffeuse et choisit un feutre noir charbon. La noirceur du crayon ourla son regard vert d’eau et l’intensifia immédiatement. Lilas esquissa un sourire, sans doute satisfaite. Elle saisit ensuite sa palette et son pinceau puis se ravisa, le blush n’était pas nécessaire. Dans un claquement, elle ferma le poudrier. Elle resta plusieurs minutes à se regarder, il lui semblait qu’il lui manquait quelque chose pour que ce soit parfait... C’est alors que la porte de sa chambre s’ouvrit et que son père apparut. Il resta un instant dans l’entrebâillement pour la regarder avant de lui dire avec émotion:
— Lilas, tu es magnifique, ma grande fille. J’ai un cadeau pour toi. Joyeux anniversaire.
Comme un magicien, il sortit, de derrière son dos, une boîte, assez grosse car elle faisait la
taille de sa main. Lilas fut d’abord surprise puis un sourire sincère éclaira son visage. Elle saisit
la boite qu’il lui tendait et l’étudia un instant. Deviner ce qu’il y avait dedans faisait partie du
plaisir. Le carton était sombre et rigide, il était plus long qu’épais et était léger dans sa main.
Elle se décida finalement à ôter le couvercle, avec précaution. L’objet qui se trouvait caché à
l’intérieur capta immédiatement la lumière et étincela. Il s’agissait d’une broche en or blanc et
perles de culture. Le cœur de Lilas se serra dans sa poitrine d’émotion et d’émerveillement
car elle connaissait bien ce bijou, il appartenait à sa mère. Elle eut un instant d’hésitation mais
son père intervint :
— Il a toujours été pour toi.
Lilas émue, sourit à son tour. Elle fit courir ses doigts sur les perles lisses et brillantes,
sur le métal froid. Avec lenteur, elle sortit le bijou de sa boîte et fit sauter la sécurité de l’aiguille
puis, en prenant garde de ne pas se piquer le doigt, elle l’épingla sur sa chemise en taffetas. Elle
se regarda de nouveau dans le miroir, son regard étincelant faisait concurrence au bijou
flamboyant. Voilà ce qui lui manquait. Soudain, dans le reflet, un deuxième visage, puis un
troisième apparurent !
— Tu viens, on va être en retard !
Ses sœurs l’encerclaient, à présent. Tandis que Lola vérifiait son trait de khôl dans le miroir,
Léa remarqua la broche, comment ne pas la remarquer ?
— Tu es magnifique, Lilas, et cette broche : ouah !
Ses yeux pétillaient d’envie et de joie tandis qu’elle contemplait le bijou. Lilas était fière de le
porter. Leur père surveillait la scène et, alors que les trois drôles de dames s’apprêtaient à
enfiler leurs manteaux, il leur rappela pour la énième fois :
— Vous devez être prudentes, vous me l’avez promis.
— Oui papa, répondirent les trois sœurs à l’unisson.
Lilas avait le cœur qui battait fort dans sa poitrine, c’était la première fois qu’elle allait sortir le
soir, aussi tard et dans le bar karaoké le plus branché ! Elle avait 15 ans aujourd’hui et ses
deux sœurs s’étaient portées garantes pour elle. Elles étaient plus âgées, Léa avait 20 ans et
son permis en poche ce qui leur permettait de sortir librement, Lola avait tout juste 18 ans et
de folles envies de faire la fête. Lilas ne passait pas beaucoup de temps à sortir, elle ce qu’elle
aimait d’ordinaire c’était chanter, c’est ça qui lui permettait de s’évader vraiment. D’ailleurs,
enfants, les trois sœurs s’étaient promis de monter un groupe et de devenir célèbres. Souvent,
elles faisaient le show. Pour commencer, elles se déguisaient en superposant plusieurs
couches de vêtements et puis elles se maquillaient, beaucoup trop, mais c’était ça le
spectacle et enfin elles entamaient, en cœur, leurs chansons préférées. Lilas sourit en pensant
à ses promesses enfantines mais ce soir c’était en hommage à ces moment-là qu’elle se
préparait à regagner le karaoké le plus coté de la ville : La sirène. Tandis qu’elle finissait
d’enfiler son manteau, Léa passa derrière elle et la poussa jusqu’à l’ascenseur. La roue du fauteuil, accrocha, comme toujours, la marche mais Lilas avait le coup de main maintenant
et elle parvint à le débloquer rapidement. Elle était prête pour sa soirée et rien ne l’empêcherait
d’y aller.
9 commentaires
Sissy Jil Adan'S
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Il y a 5 ans
Selma-Rose
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Il y a 5 ans
May Darmochod
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Little-Lilah
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Il y a 5 ans