Fyctia

Assise sur le rebord de la baignoire, les mains crochetées au bord, la tête basse, je pousse un long hurlement.

Il provient du plus profond de mes entrailles, un son grave qui roule comme un tambour déchainé, animal.

Il emplit la salle de bain, puissant, vibrant.

De la bave coule de la commissure droite de ma bouche entrouverte.

Je suis surprise qu’un tel son puisse sortir de ma bouche, mais je ne peux pas le retenir.

Je ne me contrôle plus.

Je suis une lionne.

Il a touché à ma fille.

Je vais le tuer.

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Une sueur froide coule dans mon dos. Je tremble, l’esprit au ralenti.

Je lutte pour m’extirper de la pièce où plane une odeur de tabac froid et de mauvais alcool.

Mes membres se débattent dans le vide. Je n’arrive pas à saisir les bras qui m’enserrent et tentent de m’étouffer.

Mon ventre se tord et la nausée m’envahit.

Je parviens par miracle à fuir les cris, la haine qui déchaîne nos corps.

Je cours si vite que mon cœur menace de sortir de ma poitrine.

Ma course dure une éternité mais je perçois que ce n’est qu’une seconde.

Là où je suis, le temps n’existe pas. Il se dilate puis se contracte à la vitesse de l’éclair.

Je suis soudain projetée dans un endroit sombre, gris et chaud. Je me détends dans du coton.

Tout est silencieux. La peur n’électrise plus ma nuque.

Je caresse mon visage, mes bras, pour chercher l’empreinte des coups qui pleuvaient sur mon corps, surprise de ne ressentir aucune douleur. J’ouvre les yeux quand j’arrive enfin à m’extirper de mon cauchemar.

La couette est collée à mon corps. J’étouffe et la jette violemment au pied du lit.

Dans la pénombre de l’aurore qui filtre à travers le volet, je réalise que je suis en sécurité, dans mon petit appart.

J’ai refait le vieux cauchemar qui ne m’avait plus hantée depuis quelques temps.

Je soupire, et mon esprit apaisé glisse vers la console dans l’entrée, où sont exposés une dizaine de bouquets.

Le dernier, le seul constitué de fleurs fraîches, embaume.

L’odeur lourde des lys et le parfum délicat des roses pourpres parvient jusqu’à moi.

Ce bouquet contenait une lettre qui va changer ma vie.

J’ai enfin droit au bonheur.