Aline Puricelli Quand les feuilles tomberont Chapitre 20 - Olivia (1/2)

Chapitre 20 - Olivia (1/2)

Je suis toujours dans cette boîte, et je ne parviens pas à m’en sortir. Je hurle, je frappe, je crie, je supplie, mais Raphaël ne me laisse pas sortir. Je vais mourir.

Je vais mourir. Je vais mourir. Je vais. Je. Mourir. Mourir. Je suis morte.


Lorsque je reprends mes esprits, je me rends compte que je suis entravée. Ce n’était donc pas un rêve. Je me débats, je crie, je cherche à mordre, et j’entends la voix de mon agresseur au loin comme un écho. Mais plus je retrouve mes esprits, plus la voix me devient familière. Et je l’entends plus distinctement :


– … Liam ! Olivia, calme-toi, c’est moi, c’est Liam !


Et alors je me calme, comprenant que personne ne m’agresse. Je me détends légèrement pendant qu’il continue d’une voix posée :


– Voilà, c’est bien. C’est moi. C’est Liam. C’est bien, petite perle. Tu ne risques rien. Je suis là, je veille sur toi. D’accord ? Respire, Olivia, je te tiens, je ne te lâche pas.


Et petit à petit, après ce qui me semble durer une éternité, mon corps se calme et mes tremblements s’arrêtent. Je me rends compte que je suis lovée contre le corps de Liam, la tête au creux de son épaule, et qu’une de ses mains me soutient pendant que l’autre me caresse les cheveux. Je me sens en sécurité. Des larmes ont coulé et maculent son torse… nu ? Son torse nu. Je détourne le regard, gênée.

Je m’éloigne légèrement, lissant les plis de mon haut de pyjama, gardant les yeux rivés vers le sol, honteuse de m’être montrée aussi vulnérable face à lui. Il me demande simplement :


– Est-ce que tu veux en parler ?


Je secoue la tête. Je ne suis pas prête à revivre ce moment de mon passé. Mais je sais que je ne parviendrai pas à me rendormir, alors je dis seulement :


– Est-ce que tu veux bien rester un peu près de moi ?


Sans un mot, il prend place à mes côtés, m’attirant contre lui. Et alors que je pense que nous allons rester dans un silence réconfortant, il prend la parole :


– Je faisais souvent des cauchemars, avant.


Il marque une pause, soupire, et continue :


– Je rêvais de mon ex.


Sympa, comme entrée en matière. Mais je ne peux rien dire, car au fond, je cauchemarde aussi à cause de mon ex. Les joies des relations toxiques. J’espère qu’elle ne lui a pas fait subir ce que Raphaël m’a fait subir.


– Elle est morte.


Là, je manque de m’étouffer. Je ne m’attendais pas à une telle révélation. Je relève la tête vers Liam, mais son regard semble figé, comme s’il revivait des moments douloureux de son passé. Un éclair de tristesse passe dans ses prunelles, mais il le chasse assez rapidement. Je n’ose pas parler, rompre l’intensité et l’intimité de ce moment, alors je ne dis rien. Puis, lorsque je pense qu’il n’ajoutera rien, il murmure du bout des lèvres :


– Elle a fait une overdose. Cocaïne.


– Oh mon Dieu, je suis désolée, je souffle.


Inconsciemment, je me suis agrippée à lui davantage, comme pour lui montrer que moi non plus, je ne le lâche pas dans sa peine. Que je suis là pour lui, envers et contre tout. Qu’il peut compter sur moi pour l’aider à combattre ses démons. Ses mains tremblent dans les miennes, et je me rends compte qu’il est plus humain et plus vulnérable que tout ce que j’aurais pu imaginer. Mon cœur se comprime dans ma poitrine.

Il s’est confié et j’aimerais en faire de même, mais les mots restent coincés dans ma gorge.


– Merci pour ta confiance.


C’est la seule phrase que je parviens à articuler. Et alors que je suis toujours contre lui, la tête sur son épaule, sa main traçant de petits cercles sur mon poignet, il me demande :


– Qui est Raphaël ?


Je me crispe. J’ai dû prononcer son prénom dans mon sommeil. Mais qu’ai-je bien pu crier d’autre ? Tout à coup, j’ai peur de m’être dévoilée. Je savais que ce moment arriverait : le moment des cauchemars. Je me renferme. Je ne veux pas lui répondre. Pourtant, il insiste :


– Olivia. Tu peux me parler.


Et il ouvre une minuscule brèche dans les barrières que je me suis érigées. Il vient de se confier à moi… je lui dois au moins un minimum d’explications. Cette pensée me pousse à lui avouer :


– C’est mon ex.


– Il t’a fait du mal ?


Je ne peux pas lui dire. Je n’y parviens pas.


– Il est… était… très toxique.


Je me recroqueville sur moi-même. Comprenant qu’il s’agit d’un sujet sensible que je ne souhaite pas développer davantage, il n’insiste pas et se cale plus confortablement dans le lit, me serrant tendrement contre lui.

Je pense que nous avons atteint notre seuil de confidences pour ce soir, car ni l’un ni l’autre ne brisons le silence, jusqu’à ce que je m’assoupisse, dans les bras de l’homme auquel je vais m’unir dans moins de deux mois.


❃❃❃


Lorsque j’ouvre les paupières, le soleil filtre à travers mes rideaux, m’indiquant qu’il est déjà haut dans le ciel. Je me tourne, troublée par le froid qui me traverse. A mes côtés, la place à laquelle s’est tenu Liam hier soir est vide, l’oreiller encore marqué par la trace de son passage. Je m’étire, soulagée de ne pas me réveiller à ses côtés : je ne suis pas prête à l’affronter après notre conversation de cette nuit.


Aujourd’hui, nous sommes samedi, et je retourne voir la robe que je porterai pour mon mariage. Je l’ai choisie la semaine dernière avec ma mère : pour une fois, j’ai eu le dernier mot, invoquant le fait que puisque j’étais contrainte de me marier, je ne le ferais que dans la tenue de mon choix.

La robe est sublime : elle est tout ce dont j’ai toujours rêvé pour un mariage, même si je ne croyais plus que j’aurais l’occasion de le vivre. Une robe princesse aux manches parsemées de dentelle, avec une traîne merveilleuse, qui brille de mille feux. Intérieurement, et même si mon futur époux n’est pas épris de moi, j’ai hâte de voir la tête qu’il fera lorsque je remonterai jusqu’à l’autel.


Je me lève enfin, enfile mes chaussons ainsi qu’un peignoir en satin et me dirige vers la cuisine, pensant y trouver Liam. Mais c’est un petit mot griffonné rapidement qui m’attend sur l’ilot :


Désolé, petite perle. J’ai dû partir travailler. Je t’ai racheté du sirop de caramel.

Liam


Et c’est lorsque je remarque le sourire qui s’épanouit sur mon visage que je comprends que je suis dans de beaux draps.


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73

73 commentaires

Dine79

-

Il y a un mois

Pluie de <3 pour t'aider à avancer.

mima77

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Il y a 2 mois

Ils sont vraiment adorable tous les deux, j'ai beaucoup ce chapitre rempli de douceur malgré leurs confidences et le cauchemar d'Olivia

Aline Puricelli

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Il y a 2 mois

Merci beaucoup, ça fait partie des chapitres un peu difficiles à écrire <3

Alva

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Il y a 3 mois

J'adore comme ils se livrent petit à petit ❤️ Ton histoire me rend soft, je suis dans le train et je souris seule depuis tout à l'heure

Aline Puricelli

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Il y a 3 mois

Oh j’ai envie de te faire un giga câlin là

ZELI

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Il y a 3 mois

Ok la relation avance à grande vitesse ! Déjà Liv parle enfin de Raphaël et ont a plus de contexte sur la mort de son ex… ils commencent à se faire confiance 🥰

Eli_joy

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Il y a 3 mois

Je crois que c'est mon chapitre préféré jusqu'ici! La douceur de Liam, Olivia qui s'ouvre doucement mais surement...Et le fait qu'ils s'endorment ensemble omg c'est trop pour mon petit coeur🥹. Tu réunis toute mes tropes pref: proximité forcée, fake dating...J'aime trop!! Ton écriture est fluide, c'est agréable à lire, il y a aussi des pointes d'humours tout en restant une histoire très touchante ^^ J'aime vraiment beaucoup! Je reprends ce soir j'ai du travail😭❤️

Aline Puricelli

-

Il y a 3 mois

Ça me fait tellement TELLEMENT plaisir 🩷

Manon Lys

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Il y a 3 mois

Ce chapitre a la fois triste et mignon 🥹

laupetillante

-

Il y a 3 mois

Oh non mais la mignonnerie de ce chapitre 🥰 Trop adorable comment Liam prend soin d’elle !!
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