Fyctia
Chapitre 20 - Olivia (2/2)
Après une douche rapide, me voilà partie en direction de la boutique de robes. Aujourd’hui, j’ai demandé à Diane de venir avec ma mère et moi. J’ai également l’intention de lui proposer d’être ma témoin. J’attends donc devant son immeuble, dans le froid, que mon amie daigne me gratifier de sa présence. Mais Diane n’est pas connue pour sa ponctualité, et je commence doucement à regretter de ne pas avoir pris une écharpe. Soudain, j’entends le déverrouillage typique de sa porte d’entrée et vois une tornade blonde sortir devant moi, essoufflée :
– Je suis là ! s’écrie-t-elle, le timbre de sa voix tirant dans les aigus, signe qu’elle panique. Je suis désolée !
– Ce n’est pas grave, je connais tellement ta ponctualité que je ne suis pas surprise.
Je commence à avancer et elle m’emboîte le pas en marmonnant qu’elle a l’impression d’être une amie en carton. La boutique où nous nous rendons est située à quelques rues seulement de l’appartement de Diane, et le trajet se fait en échangeant des banalités. Puis je lui raconte ma soirée d’hier, en omettant volontairement de mentionner la partie cauchemar. Diane n’est pas au courant que Raphaël continue à me hanter. Pour elle, c’est de l’histoire ancienne.
En pensant à ce-dernier, je me crispe. Au début, ses intimidations étaient concentrées sur ma maladie. Il menaçait de révéler mon état à la presse. Je lui avais confié ce secret sur l’oreiller la nuit où il m’a dit pour la première fois qu’il m’aimait. J’étais euphorique, amoureuse, et la plénitude après l’acte intime a fait céder mes barrières : je me sentais en confiance.
Depuis, il menace de révéler ce secret, et je sais que la presse serait prête à payer cher une information comme celle-ci. Alors au lieu de ça, je cède à son chantage et je paye. Au début, je l’ai fait car je craignais la réaction de mes parents : ils m’avaient fait promettre de ne jamais dévoiler mes problèmes cardiaques à qui que ce soit, et je m’en voulais d’avoir brisé le serment que je leur avais fait.
Mais, l’argent ne lui suffisant plus, il a commencé à me demander des photos de mon corps en échange de mon silence. Toujours sous son emprise, et toujours dans la crainte, j’ai cédé. Et le jour où je n’ai plus voulu le payer ou lui envoyer ce qu’il demandait, il a insisté, prêt à divulguer les photos de moi, sur lesquelles il était très facile de me reconnaître.
Depuis, je vis dans un cercle vicieux dont je ne parviens pas à me sortir. Les photos qu’il me demande sont de plus en plus osées, et les sommes considérables. Et je n’arrive plus à m’arrêter, ni à en parler. J’ai peur, j’ai honte. Lorsque je ne lui réponds pas dans les deux heures suivant son message, il indique être prêt à me retrouver. Et étant donné la violence dont il était capable lorsque nous étions ensemble, je crains que, sous l’effet de la colère, il ne finisse par me tuer. J’ai peur, non, pardon, je suis terrorisée, et mes cauchemars sont de plus en plus fréquents.
– Liv ? Liv !
Ma meilleure amie est postée devant moi, et je me rends compte que je me suis soudain pétrifiée sur le trottoir.
– Tu vas bien ?
– Oui, pardon, j’étais perdue dans mes pensées.
– Je suis sûre que tu pensais au beau brun qui t’a fait une jolie demande en mariage. Bon, j’avoue, il est un peu remonté dans mon estime, malgré tout ce que je peux lire sur lui au quotidien.
– Arrête, Diane, il n’a pas fait la une des journaux depuis presque deux semaines maintenant. Il est irréprochable.
– Tu le défends ? Je vais finir par penser qu’en réalité, c’est un vrai mariage et que tu es amoureuse !
Je lève les yeux au ciel, amusée par ses idées. Moi, amoureuse de Liam ? Impossible. Il est trop… Liam. Attentif, prévenant, et… Non ! Hors de question, je me le suis promis. : mon cœur restera à tout jamais à l’abri. Ne répondant rien, je passe mon bras sous le sien et l’entraîne à ma suite. Pendant le court trajet, je la briefe rapidement :
– Il y aura ma mère, tu le sais. Elle sera fidèle à elle-même. Je t’en supplie, même si les réflexions qu’elle fait sont… dignes de Laura Evans, ne t’offusque pas, respire et laisse la tempête passer.
Elle marmonne et je n’entends pas sa réponse, ce qui me pousse à lui répéter :
– Diane. S’il te plait.
– Oui, oui, pas de vagues, pas d’énervement, je maudirai Laura le gros rat en silence dans mon coin.
– Bien, ça me semble parfait !
Lorsque nous arrivons, ma mère est déjà là. Je n’ai pas le temps de lui dire bonjour qu’elle commence :
– Tu es en retard, Olivia.
– Bonjour à toi aussi, ma très chère maman, lui dis-je, sarcastique.
Elle ne salue pas Diane, se retourne et entre dans la boutique d’une démarche princière. Mon amie et moi échangeons un regard qui en dit long et la suivons à l’intérieur.
La vendeuse me conduit dans une immense cabine et m’aide à enfiler ma robe, que je trouve encore plus belle que la semaine dernière. Aujourd’hui, nous sommes là pour parfaire les détails. Normalement, il faut des mois pour travailler sur une tenue aussi élaborée, mais étant donné le délai très court, la couturière a accepté de ne travailler que sur ma robe le temps qu’il faudrait moyennant une somme confortable. Il faut bien qu’il y ait quelques avantages à faire partie d’une des familles les plus importantes du pays.
Une fois parée, la retoucheuse me laisse seule dans la cabine. Je caresse le tissu du bout des doigts, n’arrivant pas à réaliser que je porte la toilette de mon propre mariage. Soudain, mon téléphone vibre dans mon sac. Je le sors prudemment, inquiète d’y voir s’afficher le nom de Raphaël, mais je suis surprise lorsque c’est celui de Liam qui clignote sur l’écran :
Liam : Bonjour, Olivia. Alors, cette robe. ? Tout se passe bien ?
Moi : Coucou. A merveille. Attends-toi à
t’évanouir lorsque je marcherai jusqu’à l’autel !
Liam : Il me tarde de voir ça !
Mon père organise un repas d’affaires. Es-tu disponible mercredi soir ?
Il serait étonnant de m’y rendre sans ma très chère fiancée.
Moi : Tu peux compter sur moi.
Liam : Merci, petite perle.
Je repose mon téléphone, frissonnant de plaisir à la lecture de ce surnom. Je me prends à espérer que, peut-être, Liam Williams est sur le point de devenir mon ami, et cette pensée me tranquillise quant à l’avenir. Je jette un dernier regard à mon reflet dans le miroir, et avec un sourire, je sors de la cabine, sous les cris émerveillés de ma meilleure amie.
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mima77
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Il y a 2 mois
Aline Puricelli
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Il y a 2 mois
DIANA BOHRHAUER
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Il y a 2 mois
Aline Puricelli
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Il y a 2 mois
Eli_joy
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Il y a 3 mois
Aline Puricelli
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Il y a 3 mois
CécileIsabelleK
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Il y a 3 mois
Aline Puricelli
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Il y a 3 mois
Manon San nicolas
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Il y a 3 mois
Aline Puricelli
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Il y a 3 mois