Fyctia
Chapitre 5 - Partie 4
Une fois le nettoyage de la salle trois terminée, je me dirige vers la caisse, prête à accueillir les clients. Il est dix-neuf heures et ma journée est presque terminée. Je m’installe à mon poste et entends la porte s’ouvrir, signe que les premiers clients pour la séance de vingt heures arrivent. Sauf que bien entendu, lorsqu’une journée se déroule mal, elle ne s’améliore que très rarement après. Et cette théorie a totalement été confirmée lorsque je vois Madame la Magnifique Mannequin et Monsieur Yeux Verts passer le seuil de la porte.
La poisse… Il ne manquait plus que lui.
Désespérée, je jette un rapide coup d’œil autour de moi dans l’espoir d’apercevoir celle qui pourrait m’extraire de cette situation, ô combien gênante et être ma sauveuse. J’ai nommé : AGATHE. Mais roulement de tambour, visiblement, lorsque l’univers se ligue contre vous, il n’y a aucune échappatoire possible. Agathe est introuvable. Et je ne peux définitivement pas abandonner ces clients devant la caisse. Non, ça ne serait pas professionnel. Très tentant, mais pas digne de moi.
Vaincue, je fais de nouveau face à Monsieur et Madame Beautés Fatales. Je m’adresse à eux le plus poliment possible. Et avec le sourire. Je prie silencieusement l’être supérieur de m’épargner et de faire en sorte que Monsieur Yeux Rieurs soit entre temps devenu amnésique.
— Bonsoir Madame, Monsieur. Je vous souhaite la bienvenue. Que puis-je faire pour vous ce soir ? M’exclamé-je, faussement ravie.
Monsieur Yeux Verts n’arrête pas de me fixer depuis son entrée dans le cinéma et je ne peux contrôler le rougissement qui colore légèrement mes joues… De honte ou de fierté, je ne sais pas. Il a pourtant Madame Mannequin postée à sa droite. Mon esprit considère que s’il me fixe comme ça, c’est soit que j’aie quelque chose entre les dents (et vu l’état de ma gêne, c’est une possibilité fortement envisageable), soit que je ne suis pas repoussante et attire, ne serait-ce qu’un peu le regard d’un homme tel que lui. Mais à côté de ça, ma honte se manifeste aussi. Honteuse de ressentir de la fierté alors que sa femme est magnifique et est juste à côté de lui BORDEL !
Et pour bien enfoncer le couteau dans la plaie et accentuer ma honte, Madame Parfaite m’adresse un sourire des plus doux. Elle prend la parole et comme je m’y attendais, sa voix est bienveillante et aimable :
— Bonsoir Mademoiselle, nous souhaitons deux places pour « Projet Horizon » s’il vous plait.
— Très bon choix, nous avons eu d’excellents retours sur ce film. Ça vous fera dix-neuf euros et cinquante centimes s’il vous plait. Il vous faudra autre chose avec cela ?
Madame Délicatesse et Charme Incarné se tourne vers Monsieur Je Ne Te Lâche Pas Des Yeux, qui daigne enfin abandonner son analyse de ma personne (ou de la feuille de salade entre mes dents) et se concentre sur sa compagne. Il secoue négativement la tête et reporte son attention sur moi. Son regard est intense. Bien trop brûlant. C’est totalement perturbant de se sentir observée, qui plus est quand sa femme se trouve à ses côtés.
Peut-on sentir un regard lorsqu’il parcourt chaque centimètre carré de notre épiderme ?
Calme-toi ma fille ! Tu te fais des idées… !
Je me ressaisis aussi rapidement que le permet mon humble cerveau, en faisant abstraction du mieux que je peux de Monsieur Yeux Verts Intenses et Perçants, encaisse la somme et leur souhaite à la hâte une bonne séance. Je pense que même Usan Bolt n’aurait pas mis un terme aussi rapidement à cette entrevue. Ils me remercient et prennent la direction de la salle que je leur ai indiquée.
4 commentaires
JULIA S. GRANT
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Il y a 2 ans
SOLANE
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Il y a 2 ans
John Doe
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Il y a 2 ans
Lexa Reverse
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Il y a 2 ans