Fyctia
Chapitre 5 - Partie 2
— Coucou Liana ! Oula… Tu en fais une de ces têtes, me dit-elle, les sourcils légèrement froncés. Qu’est-ce qu’il t’arrive ? S’inquiète-t-elle.
— Un idiot. Voilà ce qu’il m’arrive ! UN IDIOT.
Afin de me calmer et de faire retomber mon rythme cardiaque, je me détourne d’Agathe et range mes affaires dans le placard sous la caisse. Je sais que c’est bête de rester bloquée sur cette rencontre, mais depuis hier, j’ai l’impression que cet homme refuse de quitter mes pensées. Au début, c’est parce que j’essayais d’analyser ce que cet événement avait provoqué en moi. Et puis visiblement, mon esprit n’en avait pas fini lorsque je suis allée me coucher puisque j’en ai rêvé dans la nuit. Cette partie vous la connaissez.
En revanche, ce que vous ignorez, c’est qu’après avoir réussi à me satisfaire seule alors que j’avais involontairement été frustrée par Monsieur Je Me Tape L’Incruste, je suis parvenue à retrouver le sommeil. Mais il s’est de nouveau invité dans mon autre rêve !
Je ne vous raconterai pas ce dernier dans les détails. Vous avez eu la version édulcorée pendant mon rêve et certains d’entre vous pourraient être trop jeunes pour le vocabulaire approprié pour ce nouveau rêve. Mais pour les plus aguerris, sachez que si mon rêve était un roman, j’aurais clairement pu être Anastasia Steel et lui Christian Grey.
*Petit clin d’œil à l’attention de ceux qui ont reconnu la référence.
Bon ce n’était qu’un rêve et je ne suis pas vraiment dans le délire de soumission/domination. Mais l’espace d’une nuit, ça passait carrément ! Et puis forcément ce matin au réveil, c’est à propos de l’intégralité que j’ai cogitée. Comment, en quelle année et dans quel univers, un homme avec qui vous avez parlé pendant cinq minutes (et je dis parler pour faire abstraction des deux minutes où on se criait presque dessus), peut vous obséder et vous perturber à ce point ?
Pendant que mon esprit confus poursuit sa route dans un questionnement tortueux, ma formidable responsable en profite pour nous faire couler deux cafés.
Un ange, je vous dis.
Elle me tend ma tasse encore brûlante d’où se dégage cette merveilleuse odeur de caféine industrielle et c’est tout sourire qu’elle relance la conversation :
— Allez, raconte-moi tout. J’ai eu le temps de faire toute la mise en place et on n'ouvre que dans dix minutes. Je suis tout ouïe ! S’amuse-t-elle à mes dépens, sans se défaire de son doux sourire. Histoire d’accentuer sa mise en scène, elle prend un petit calepin et un stylo telle une psychologue prête à écouter pendant une heure son client s’épancher sur ses sentiments enfouis.
Cela a le mérite de me faire rire et je me fais la remarque que je suis bien trop faible pour lui refuser quoi que ce soit et débute alors le monologue sur mes états d’âme :
— Très bien, puisque tu insistes et qu’on a le temps, je vais te raconter ce qu’il m’est arrivé… Mais attention, ça risque d’être pénible à entendre pour toi, tu sais…
Je m’arrête souvent en plein milieu d’une phrase. Suspense oblige !.
— J’étais sagement en train de faire la queue au magasin de jouets pour acheter la dinette qu’Oswald veut impérativement pour Noël quand tout à coup, Monsieur un mètre quatre-vingt-dix et Beaux Yeux Verts a interrompu le cours de mes pensées pour me dire plus ou moins délicatement d’avancer. Et tu le sais : la période me rend nerveuse, mais en plus de ça, l’autre se permet de critiquer la vitesse de mon passage en caisse ! Expliqué-je, en en rajoutant bien évidemment des tonnes.
J’aurai dû être comédienne. J’ai conscience d’exagérer la situation et de faire passer ça pour une déclaration de guerre, mais que voulez-vous, je suis toujours dans l’excès, ça m’amuse. Et tout ce qui peut me divertir est bon à prendre.
— Liana… Souffle Agathe. Déjà, je te connais. Je sais que tu en rajoutes !
— Mais quoi ?! Je t’assure que c’est la stricte vérité ! Me défende-je, faussement outrée. Il voulait que je me dépêche pour acheter les précieux cadeaux de Noël de ses deux têtes blondes qu’il a eu avec Madame la Mannequin !
— Il était blond ? M’interrompt-elle précipitamment, comme si ce détail avait son importance. Et visiblement, ce fut le cas puisque je lui réponds :
— Non, brun. Très bel homme d’ailleurs. Le style bûcheron américain en costard cravate. Mais pas le bûcheron film d’horreur, plus le bûcheron genre Adam Demos dans Falling In love. Mais en brun.
— Il n'est pas du tout bûcheron dans ce film… S’exclame-t-elle sur le pied de guerre, prête à prendre la défense de son acteur chéri contre vents et marées.
— Non, je sais. Mais c’est pour que tu aies le genre. Bon si tu préfères, on est plus sur le style de Can Yaman dans la série turque qu’on a commencé la dernière fois ! Mais avec la longue barbe en moins. On est plus sur une petite repousse. Lui expliqué-je.
Agathe et moi sommes passionnées de cinéma et de séries. Donc, forcément, lorsqu’on doit définir quelqu’un, on cherche constamment avec quelles célébrités on peut le comparer. C’est beaucoup plus parlant.
Et si vous ne voyez pas du tout de qui je parle, allez jeter un coup d’œil sur Internet. Ça vaut le coup !
Agathe secoua la tête d’approbation, un filet de bave pouvant être aperçu dégoulinant de sa lèvre inférieure. Je ris face à sa réaction puis repris :
— Donc, du coup, maintenant que tu vois le style, tu vois à quel homme j’avais à faire. Original mais captivant pour le regard. Et puis des yeux verts et de larges épaules. Non, franchement, on était sur un beau spécimen. Il faisait un peu cliché mais, un cliché très agréable à regarder ! Développé-je, prête à épiloguer pendant des heures sur le physique de Monsieur Envahissant.
A son silence et au sourire de Joker qui a suivi, je réalise que je dérive bien trop loin du sujet principal et que mon analyse est trop détaillée pour quelqu’un que j’ai trouvé « un peu cliché »
— Enfin bref, là n’est pas du tout la question. Non, le problème, c’est qu’après cet affront, Monsieur Bucheron Costard Yeux Verts n’a rien trouvé de mieux que de me suivre pour discuter comme deux bons copains autour d’une bière. J’ai failli lui faire une prise de taekwondo pour avoir osé poser sa grosse main sur mon épaule, mais comme je n’ai jamais appris aucune technique, j’avais peur de me casser quelque chose ! Plaidais-je.
Cette fois, Agathe éclate franchement de rire et me lance son regard « Tu exagères tellement et pourtant, tu sembles convaincue d’avoir raison ». Et oui, avant que vous ne posiez la question, un regard peut vouloir dire tout ça !
1 commentaire
John Doe
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Il y a 2 ans