Fyctia
Chapitre 1
3 semaines avant Noël
Cela fait maintenant plusieurs années que je n’apprécie plus les fêtes de Noël comme le voudrait la tradition dans le monde entier. Cette fête qui bien souvent, résonne dans le cœur de nombreuses personnes comme heureuse, conviviale et magique, s’apparente plus pour moi à de la déception, de la colère et de l’exaspération.
Tout le monde en fait toute une histoire alors que finalement qu’est-ce que c’est ? Un repas avec des personnes qu’on est censé apprécier sous prétexte qu’un gène commun coule dans nos veines ? Un jour où l’on s’autorise tous les excès au point d’en avoir mal au ventre ? Dépenser l’argent que l’on ne possède pas dans des cadeaux hors de prix ? Et parlons-en aussi de ce sentiment intense de désarroi et d’injustice lorsque les cadeaux reçus ne nous apporteront rien, si ce n’est de l’encombrement dans un appartement bien trop petit ?
Malheureusement, il est très difficile d’échapper à ce moment comme j’en ai eu la confirmation au cours de ces trois dernières années. Et pourtant, laissez-moi vous dire que je n’ai pas chômé et que mon cerveau a tourné à plein régime pour élaborer différents stratagèmes dans l’unique but d’éviter de participer à ses retrouvailles.
La première année, je me suis gentiment dévouée pour garder Crépis, le bichon maltais de mon vieux voisin, Monsieur Gordiran, qui part à Paris tous les ans à cette période et qui ne peut malheureusement pas emporter son pauvre petit ami à quatre pattes. Il avait accroché une annonce dans le hall de notre immeuble et en bonne voisine qui se respecte, je m’étais précipitée devant son antre pour lui proposer mes services. La tête qu’il a fait, au moment même où sa porte s’est entrouverte, vaut tous les cadeaux du monde. Un mélange de sincère mépris et d’un manque de confiance évident. Il m’a détaillé de haut en bas pendant de longues minutes, si bien que la gêne s’est immiscée dans chacune de mes terminaisons nerveuses et à refermer la porte sur mon nez.
Sans un mot.
Son fou rire qui a traversé la porte et les parois des murs à la suite de ça, n’a fait que d’augmenter ma perplexité.
Il m’aura fallu cinq bonnes minutes avant de reprendre mes esprits et de tourner les talons. À cette époque, j’avais vingt-trois ans et je n’avais emménagé dans l’immeuble que depuis quelques mois. Donc bien que sa réaction fût exagérée, je me rappelle avoir pensé à l’époque qu’il avait parfaitement raison de ne pas faire confiance à une inconnue pour la protection de son chien. Aujourd’hui et avec le recul, je sais pertinemment que sa réaction n’avait rien de logique et qu’elle était totalement démesurée face à la situation. Et maintenant que je connais mieux mon cher voisin, je peux vous assurer qu’il n’a pas changé d’un pouce. C’est le roi de la mise en scène silencieuse. Il maîtrise à la perfection l’art de mettre mal à l’aise son interlocuteur. Et le pire dans tout ça ? C’est qu’il y prend un malin plaisir car c’est probablement la seule chose qui anime son triste quotidien solitaire. Le jour où j’ai réalisé ça, mon point de vue sur Monsieur Gordiran a changé. Il est passé de l’être abject et inhumain qui habite en face de chez moi, à mon idole sur terre en un rien de temps.
Enfin bref. Forcément, à la suite de son refus, c’est à contre cœur que j’ai passé ce réveillon à répondre aux questions de toute ma famille concernant l’absence de Jérémy, mon petit ami de l’époque avec qui j’étais depuis quatre mois. Il avait jugé bon de me quitter la veille du réveillon, sous prétexte qu’il sentait que nos astres n’étaient plus alignés et qu’il valait mieux qu’on arrête tout avant que les forces de la nature se déchaînent sur nos karmas.
Avant que vous ne me jugiez, je n’ai pas dit que c’était le plus malin. Et moi non plus, je n’ai pas vraiment compris ce qu’il voulait dire par là. Alors certes, il n’avait pas la lumière à tous les étages mais visiblement moi non plus, vu que j’ai trouvé judicieux d’entamer une relation avec lui.
Ah, la fougue et l’innocence de la jeunesse ! On ne m’y reprendra plus, croyez-moi !
Alors même si je n’étais pas amoureuse de lui et que notre relation était basée sur l’absence de sentiment entre nous, c’est toujours un peu violent de rompre la veille de Noël. Surtout quand ça ne vient pas de vous.
La vie a donc suivi son cours et l’année suivante, rebelote.
Sauf qu’il s’agissait du beau et intelligent Simon.
Intelligent… Ce n’est pas le mot que j’emploierai pour le qualifier. J’ai plus en tête quelque chose commençant par CONNA… ou ENFOIR… au choix.
Notre relation était toute fraîche et à part quelques bisous furtifs, elle était basée sur beaucoup de discussions, de films et de musées. Nous nous entendions tellement bien que la partie sexuelle pouvait être reléguée au second plan, tant la partie émotionnelle était forte.
Du moins c’est ce que je pensais et malheureusement, la fin a été beaucoup plus dur à encaisser qu’avec Jérémy.
Étant donné tout le temps que nous passions ensemble, j’avais trouvé que ce serait une bonne idée de partager les fêtes de fin d’année avec sa famille. J’étais tellement heureuse à l’idée d’officialiser notre toute jeune relation avec ses proches, qu’à aucun moment, j’ai pensé que les choses pouvaient mal tourner.
Alors, au début du mois de décembre je lui ai proposé que nous fassions Noël ensemble.
Je vous laisse imaginer ma surprise lorsqu’il m’a annoncé qu’on ne pouvait pas, car SA COPINE serait présente lors du dîner.
Surprise d’autant plus grande que SA COPINE, je pensais que c’était moi.
Voilà.
Donc apprendre que malgré tout le temps passé ensemble, il n’avait pas été honnête avec moi était déjà très dur à encaisser. Vraiment très dur. Mais comme ce n’était pas suffisant, Simon a enfoncé un poignard bien plus profondément dans mon cœur, lorsqu’entre deux cris et deux pleurs, je lui ai demandé ce que ça faisait de moi et qu’il a eu le culot de me dire que je n’avais pas de statut car nous n’en avions pas parlé.
Mon respect pour moi a pris un sacré coup lorsque j’ai réalisé qu’en plus de ne pas être sa copine, il n’avait même pas daigné m’accorder le statut de maîtresse ou celui d’amis. Honnêtement, au stade où j’en été, j’aurai même accepté d’être la connaissance d’une de ses connaissances. Mais non, il m’avait relégué à la femme sans statut.
Cette découverte a été dure mentalement et pour éviter de passer les fêtes dans ma famille, j’ai proposé de travailler de nuit au cinéma de quartier dans lequel je venais d’être employée.
Mais une fois n’est pas coutume, ce fut encore un échec et je me suis de nouveau retrouvée serrée entre deux membres de ma famille, autour d’une table chargée de nourriture, dont une dinde un peu trop cuite et de l’alcool premier prix à profusion.
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EnolaPritchard
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A.Eli
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A.Eli
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