Fyctia
Chapitre 2
Les chose n’allant pas en s’améliorant, l’année dernière fût la pire.
Je vous passe les détails, avant que vous ne jetiez l’éponge et ne m’abandonniez à mon triste sort.
Tout ce que vous devez savoir, c’est qu’encore une fois et comme pour les années précédentes, mes grandes idées me permettant d’échapper ne serait-ce qu’une seule et petite fois à ce rassemblement, ont été anéantis par une seule chose…. Les larmes de crocodile de ma mère.
Elles me rappellent à l’ordre et me forcent à abandonner mes espoirs d’évasion. Elle est douée, très douée… Car malgré toute la bonne volonté que je peux y mettre, elle parvient toujours à ses fins et je me retrouve obligée de les honorer de ma présence à la table du réveillon.
C’est ainsi que moi, Liana Damio, je me retrouve comme une grande partie de la race humaine en ce samedi matin, à patienter derrière une femme et ses quatre braillards à la caisse d’un magasin de jouets.
— C’est à vous.
Énervée d’avoir été ainsi coupée dans mes pensées, je me retourne brusquement vers le fauteur de trouble. Mon regard seul suffirait à lui faire comprendre le fond de ma pensée : j’avancerai uniquement quand cela me chantera. Mais très rapidement, deux yeux verts m’interceptent et annihilent tout projet de rébellion.
— Oui… Je… Oui, je vais avancer. C’est mon tour ! Pas de panique, vous allez les payer vos foutus jouets. Vos enfants seront les plus heureux de l’univers pendant au moins trois heures !
Déjà à bout de nerfs à seulement dix heures du matin, je pivote vers la caissière qui m’attend avec un grand sourire et son stupide chapeau blanc et rouge.
— Bonjour Madame, ravie de vous accueillir dans notre magasin. Vous avez trouvé tout ce qu’il vous fallait ? Me demande-t-elle de sa voix douce et avenante, tout en scannant la dînette premier prix que j’ai trouvé. (Que voulez-vous, je ne suis toujours pas riche, malgré tous les tickets à gratter que j’ai usé jusqu’au bout). Ça vous fera cinquante-sept euros et cinquante centimes s’il vous plait. Par carte ou espèce ?
— Carte.
— Parfait, une très bonne journée à vous et surtout très bonnes fêtes de fin d’année.
Inconsciemment, je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel en entendant cette phrase et de soupirer suffisamment fort pour que tous les clients présents aux caisses puissent m’entendre. Un besoin immense de leur partager mon manque d’entrain se fait ressentir et je m’en donne à cœur joie pour leur transmettre le message.
C’est donc totalement excédée et épuisée par cette jovialité que je récupère tant bien que mal mon achat du tapis roulant et que je me dirige vers les portes automatiques pour m’éloigner de ce maudit magasin de jouet et de la joie qui dégouline de leur tête à tous.
Beurk… Ça me dégoute !
Dans ma précipitation pour quitter ce magasin, un obstacle inattendu se dresse sur mon chemin.
Les portes automatiques refusent de s’ouvrir pour me laisser retrouver l’air libre !
La dînette que j’ai dans les bras m’empêche de me mouvoir comme je le souhaiterai et cela ne fait qu’augmenter mon propre agacement. J’essaie d’avancer et de reculer afin d’être enfin détecter par les portes mais rien n’y fait. Ça ne veut toujours pas s’ouvrir.
C’est quand même fou de penser qu’aucun ingénieur n’ait songé aux personnes de petites tailles lorsqu’ils ont programmé leur détecteur de mouvement !
Mais qu’est-ce que ça m’énerve ! Il fait froid dehors et pourtant je suis en train de suer par tous mes pores ! Je lui en ferai bouffer des bonnes fêtes de fin d’année !
La colère ne cesse de s’agiter dans mon corps, prête à taper un énième scandale, lorsqu’un mouvement se fait ressentir dans mon dos, débloquant enfin le chemin vers la sortie.
Ni une, ni deux, je m’empresse de quitter ce magasin et respire un grand coup lorsque l’air frais vient s’aplatir sur mon visage. Le contraste chaud/froid est saisissant et pourtant, je ne peux m’empêcher de profiter de cet air dont mon corps avait terriblement besoin.
La pression que représente cette période et ces foutus portes automatiques ont eu raison de mon calme en un rien de temps. Ma réactivité et la puissance de mes émotions me surprennent parfois. Mais ne vous inquiétez-pas, la plupart du temps elles m’amusent.
Je dépose mon achat sur le sol et prends encore quelques instants pour respirer correctement et faire redescendre ma température corporelle avant de rejoindre ma voiture. Je tente de retrouver mon calme lorsque j’entends des pas pressés se rapprocher de moi. Rien de très alarmant, jusqu’à ce qu’une main se pose sur mon épaule. Vivement, je me retourne prête à en découdre avec le perturbateur, jusqu’à ce que je me rende compte qu’il s’agit encore de Monsieur Yeux Verts.
— Mais qu’est-ce que vous me voulez ? Non mais ça va de s’attaquer à une personne sans défense comme ça ? Par derrière en plus ?! Je m’écris, irritée d’avoir été approchée par surprise.
La peur me fait avoir des réactions démesurées, c’est terrible. Mais ne vous inquiétez-pas, vous apprendrez à me connaître.
Il aura fallu au moins une bonne minute à Monsieur Yeux Verts Choqués pour se remettre de cette agression verbale et rétorquer, quasiment sur le même ton :
— Et vous, ça ne va pas de hurler sur des gens sans aucune raison ? Gronda-t-il.
Ok. 1 point pour lui.
— J’ai mes raisons et ça ne vous regarde absolument pas ! M’agacé-je.
— Ça me regarde entièrement à partir du moment où vous le faites sur moi ! Argumente-t-il, en se rapprochant davantage.
Ne connaissant pas cet homme imposant et donc ne pouvant pas anticiper une quelconque réaction de sa part, je recule légèrement et tente de calmer le jeu. Une part de moi, allez savoir pourquoi, semble persuadée que cet homme ne me ferait pas le moindre mal. Mais je préfère rester sur mes gardes. Il est trop facile de se laisser berner par l’ennemi sous prétexte que son regard est le plus magnifique que vous ayez jamais vu.
Cependant, je pense qu’il a eu le temps de voir mon mouvement de recul. La confusion passe dans son regard alors qu’il amorce un pas vers l’arrière :
— Avez-vous… peur de moi ? me demande-t-il doucement en plissant les yeux, sa voix teintée d’une inquiétude non feinte.
— Je ne vous connais pas Monsieur. Donc, non je n’ai pas peur de vous. Mais je ne prendrai pas non plus le risque de découvrir jusqu’où peut vous mener votre colère lui dis-je, d’une voix assurée.
Ses épaules s’affaissent légèrement, signe qu’il se décontracte. Plus calmement, il reprend, un doux sourire se dessinant sur ses lèvres :
— Je peux vous assurer que je suis aussi doux qu’un agneau s’amuse-t-il.
— Oui. Enfin un agneau avec une allure de bœuf ce n’est pas forcément plus rassurant. Et je ne vous connais toujours pas, affirmé-je, en lui jetant un coup d’œil appuyé de haut en bas.
Une petite pensée à Monsieur Gordiran qui en cet instant, doit être extrêmement fier de ce regard que je viens de jeter sur lui ! Victoire ! L’élève a dépassé le maître !
4 commentaires
Carazachiel
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Il y a 3 ans
Lexa Reverse
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Il y a 3 ans